Nous avons donné à Florent l’opportunité de revoir son travail en utilisant les nombreuses données du thème « Indices concordants » publié sur le Site.
Ses sollicitations d’aide des collègues n’ont pas eu l’écho attendu mais nos lecteurs sont majoritairement des « consommateurs ».
La description constitue un "point de départ des connaissances", elle doit être mise en relations avec la fonction.
Les phrases en bleu sont les commentaires de Raymond et de Marc. Le texte de Florent est en noir.
Problématique : Analyser le lien entre intensification des battements de jambes et accélération des masses d’eau.
Comment problématiser ?
Peut-on affirmer qu’il existe un lien fort (toujours vrai ?) entre la fréquence des propulsions et l’accélération des membres inférieurs ?
En augmentant l’intensité avec lesquelles les masses d’eau sont accélérées vers l’arrière les bras s’écartent de l’axe du corps (le grand pectoral est moins puissant que le grand dorsal) ce qui implique pour préserver l’alignement de l’axe du corps sur l’axe de déplacement, une accélération de plus grande intensité des masses d’eau avec les jambes vers le bas (augmentation de l’amplitude et durée plus courte).
L’intensification (s’agit-il de l’amplitude, de la durée ou de la fréquence ?) des membres inférieurs est-elle la cause ou la conséquence du fonctionnement du nageur ?
Pour nager plus vite soit le nageur pulse plus intensément les masses d’eau (on constate que le nombre de coups de bras diminue pour nager une même distance) soit il pulse plus souvent les masses d’eau par unité de temps (dans ce cas sa fréquence augmente). Le battement est toujours et seulement constitué de 2 temps forts que la fréquence soit 2,4 ou 6 battements par cycle de bras.
Pour tenter de répondre à ces questions, je m’appuie sur une expérience remarquable. Celle du 400 nl de la finale des JO de Syndey et plus particulièrement à la performance de Ian Thorpe le vainqueur et recordman du monde à ce moment là. Lien vidéo ci-dessous.
Ci-dessous, l’analyse de cette course. Les données sont calculées au plus juste en fonction de la distance réelle nagée.
Pour répondre aux problématiques je me suis rattaché à des données qui me semblent judicieuses. La fréquence, l’amplitude, le tempo, les coups de bras et le temps .
On peut constater que la fréquence augmente constamment durant la course.
Oui, d’ailleurs ce constat et ceux qui suivent avait déjà été fait par Alain CATTEAU et Yves RENOUX lors d’une étude conduite aux J .O de Mexico, Montreal et Munick qui a fait l’objet d’un document remarquable intitulé « Comment les hommes construisent la natation » édité en 1976 par la FSGT.
Alors que la puissance dont dispose le nageur diminue avec la fatigue pour tenter de continuer à nager à la même allure le nageur accélère plus fréquemment des masses d’eau moins importantes.
L’amplitude, elle, tend à décroitre plus le nageur accumule les longueurs.
Oui , les masses d’eau accélérées étant moins importantes , l’amplitude décroit.
Le tempo quant à lui, augmente. C’est-à-dire que pour réaliser un cycle complet Ian Thorpe met de moins en moins de temps. Il y a corrélation avec la fréquence.
« Le tempo » c’est une durée d’un cycle de bras, la fréquence c’est un nombre de fois par unité de temps (nombre de cycles à la minute). L’unité change (durée, nombre de fois) mais tempo et fréquence sont corrélés. Quand le tempo diminue la fréquence augmente.
Enfin, les coups de bras tendent à augmenter pendant la course. Il y a corrélation avec l’amplitude décroissante.
La puissance pour accélérer les masses d’eau diminue et l’amplitude décroit donc le nombre d’accélérations nécessaires pour couvrir la même distance augmente.
Ian Thorpe cherche, sur la dernière partie de course à pulser des masses d’eau toujours plus grandes malgré le fait que la distance nagée par cycle décroit progressivement (son efficacité reste tout de même excellente).
Nous pensons que c’est le but à atteindre, augmenter sa vitesse de nage dans le dernier 100m, qui « organise » ce qui est observé.
Pour contrer cette amplitude motrice déficiente, la solution adoptée est l’augmentation de son rythme (sa fréquence). C’est-à-dire l’intermittence entre chaque accélération, entre chaque réaccélération. On l’observe sur le graphique avec une fréquence qui s’élève.
Définition du rythme = succession de temps forts et de temps faibles dont les valeurs de durée et d’intensité sont données.
Pour conclure :
Il existe une corrélation entre l’augmentation de la fréquence/tempo et l’intensification des membres inférieurs.
Quels sont les critères qui permettent d’affirmer une intensification ?
Revoir à ce sujet l’article de J. Lecomte Science & Vie 894 de mars 1992 :
Informations exactes, Conclusions absurdes.
L’augmentation de la fréquence/tempo est la cause de cette intensification des membres inférieurs. Les battements plus forts sont la conséquence.
Qu’est-ce qui est « plus fort » dans le battement ?
Comment cela a-t-il été vérifié ?
Quels ont été les indicateurs ?
Attention ! il ne peut pas y avoir à la fois augmentation de la fréquence et augmentation du « tempo ». Si la fréquence (nombre de fois par unité de temps) augmente « le tempo » (durée d’un cycle de bras) diminue.
Florent
Ce qui ne semble pas très clair dans l’esprit de Florent, c’est la notion de subordination d’un sous-système à un autre dans un système les intégrant.
Travaille-t-il encore en trains séparés dans ses entrainements ?
raymond / marc
Commentaires
je pense que la fréquence qui augmente/tempo qui diminue sois plutôt la conséquence d'un plus grand travail musculaire produit par les membres supérieurs à chaque action propulsive. Cet engagement musculaire pourrait être à la base de l'intensification des actions motrices des membres inférieurs (indicateur de cette intensification serait l'écume au niveau de la surface) dans le sens qu'il induit un engagement musculaire majeure au niveau du tronc et des membres inférieurs. C'est une hypothèse. Je retiens fausse l'affirmation selon laquelle les bras s'écarteraient de l'axe du corps sur une augmentation d'intensité de l'action propulsive. Les muscles travaillent de concert, ne se "disputent" pas le déplacement d'un membre. Sauf dans le cas d'une pathologie. S'il y a des images frontales qui vont à l'encontre de ce que j'affirme, j'aimerais bien pouvoir les voir et commenter.
Grand plaisir d'avoir repris ce débat
Giuseppe
Alors que les propulseurs bras sont situés de part et d’autre du plan horizontal sagittal, la rotation du corps sur l’axe de déplacement mais aussi le grand pectoral vont permettre dans les nages alternées d’accélérer les masses d’eau dans le plan sagittal, mais plus ou moins en fonction de l’intensité avec laquelle la masse d’eau est pulsée .
Le « moteur » grand dorsal à pleine puissance écarte le « propulseur » bras du plan sagittal (voir image de la devinette), la puissance du grand pectoral ne va plus permettre de « contenir » le mouvement du bras dans le plan sagittal afin de préserver l’alignement du grand axe du corps sur son axe de déplacement, c’est alors que le temps fort du battement se produit (accélération de la masse d’eau vers le bas) afin de préserver cet alignement.
Nous sommes face à des systèmes de mouvements coordonnés en fonction d’un résultat.
Les critères qui permettent d’affirmer une intensification :
- + la course avance + la durée (s) des 6 battements/cycle de bras diminue (indicateur chronométrique)
- Les remous de + en + présents des membres inférieurs (indicateurs visuel)
- L’amplitude des battements reste inchangée.
Pour réaliser une même distance (amplitude du battement), la durée est plus faible (de 1’’75 à 1’60). Proche des valeurs du tempo.
Donc la force appliquée est plus importante sur chaque battement.
Cette intensification de force des masses d’eau pulser par les membres inférieurs est une réponse à la l’intensification des masses d’eau des membres supérieurs. Une subordination des MI aux MS, le tout englober par la structure crawl.
je vous conseille de laisser tomber l'image de la devinette car 1) elle n'est pas prise d'un angle qui nous permet d'évaluer ce que nous recherchons , 2) il s'agit d'une image fixe, donc elle présente des limites pour évaluer un mouvement (qui est composé dans un espace-temps). Puis, je pense que nous pouvons jeter un oeil aux athlètes qui sont actuellement en activité. Je ne suis pas contraire à prendre en exemple Laure Manaudou, mais nous ne pouvons pas dire qu'il s'agit d'actualité ou que sa motricité puisse constituer la seule référence. Marc je te propose cette vidéo de l'australien Cameron McEvoy : https://www.youtube.com/watch?v=jvsInk_04Fs
Je te laisse la commenter, meme si je pense que nous n'allons pas voir la meme chose (et heureusement, sinon il n'y aurait pas de débat :) ).
S’abonner au flux RSS pour les commentaires de cet article.