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Ce que Marine a vécu à Narbonne

 

Stage Narbonne 2017

Ma principale attente du stage de Narbonne était de saisir les clefs qui me permettraient de résoudre des problèmes rencontrés avec des nageurs de club. Cette attente a été largement satisfaite, car j’ai pu lire que les blocages venaient en majorité de l’oubli d’un passage obligé du corps flottant. Ce point a demandé une accommodation de mes tâches déjà existantes. J’ai dû mettre en place des situations adaptées au niveau d’un nageur de club. Cette transposition de mon répertoire de tâches utilisées principalement lors de la transformation du terrien au nageur a élargi mon modèle de fonctionnement. Cette expérience m’a permis de réaliser l’importance de l’acquisition du corps flottant pour la construction du nageur. En effet, j’ai observé des adolescents passés d’une posture crispée lors des entrées dans l’eau à une posture relâchée au niveau des bras en seulement 5 jours. Un relâchement également traducteur d’un lâcher prise sur le plan psychologique.

Ce stage a donc répondu à mon attente et au-delà de ça, il a su éclaircir mes questionnements sur le plan de la construction de la personnalité. Lors des situations mises en place en salle et des retours théoriques appuyés par un cadre de référence solide, les questionnements sur la place de la part affective dans la dimension sociale m’ont permis de comprendre pourquoi l’être humain avait si peur du jugement. J’ai réalisé que sans base solide, l’être humain était dépendant de l’image qu’il s’est lui-même construit au travers du regard des autres. En effet, s’il n’a pas su définir ce qu’il est, si on ne lui a pas permis de mesurer par lui-même ce qu’il est capable de faire, il ne peut pas construire sa propre image. Il est du coup dépendant du regard des autres et de ce qui est véhiculé autour de lui. Il a donc une perception de lui-même construite au travers de l’autre. Si cette image qu’il a de lui est remise en cause et que derrière cela, il n’a pas un ancrage solide définit par lui-même, alors il est détruit. Cette notion m’a permis de comprendre pourquoi les personnes résistent autant au changement, pourquoi ils se sentent attaquer lorsque l’on leur porte une remarque éloignée du jugement.

Cette lecture a été confortée par le retour d’un de mes nageurs. En fin de semaine, je lui ai demandé ce qu’il avait préféré sur ce stage. Après m’avoir répondu tout, il a dégagé le fait que ce qui lui avait plu c’était de réagir plus vite que les filles. Il était le seul garçon et le plus jeune du groupe. Il a noté qu’il réagissait tout de suite à la consigne alors que les filles mettaient plus de temps à entrer dans l’action. Il a donc repéré par la mesure du temps qu’il était capable d’investir plus rapidement ce qu’on lui demandait. C’est cette notion de lui-même qu’il a préféré. C’est pour cela qu’il a aimé ce stage. On peut donc déduire que c’est au travers de l’activité au sein d’un groupe qu’il a vécu l’identification d’un statut particulier. Celui-ci permettait de faire fonctionner le groupe plus rapidement grâce à la capacité qu’il avait et c’est cela qu’il a aimé lors du stage.

Son retour m’a permis de réaliser à quel point il était important de permettre à l’élève d’identifier par lui-même où et comment il se situait par rapport au groupe. Cette nouvelle notion vécue et comprise lors de ce stage va me permettre d’investir de nouveaux paramètres dans ma pédagogie. Ces nouveaux éléments s’appuyant sur des faits mesurables lui permettront de se détacher de l’image construite au travers du regard de l’autre et le rendront autonome.

Cela fait maintenant 5 ans que j’ai découvert la démarche de la pédagogie de l’action. Une découverte qui a su bouleverser mon modèle de fonctionnement professionnel et personnel. En effet, l’apprentissage de la natation au travers de la démarche de la pédagogie de l’action m’a en premier lieu permis de saisir la nécessité de toucher le fond, de construire sa représentation mentale du fond du bassin pour comprendre qu’il y a une fin et que si l’on est capable d’y rester sans rien faire, on remonte. Cette clef a pris sens à la suite des transformations radicales du terrien en nageur lors des apprentissages et elle a été une analogie dans la construction de ma personnalité. Aujourd’hui grâce à Mauro Antonini, Raymond Catteau, les organisateurs du stage ainsi que tous les participants, j’ai pu vivre comment cette personnalité prenait place au sein d’un groupe, comment elle pouvait être déstabilisée, les causes de ces tourments et grâce à cela j’ai compris la nécessité de détruire l’image que l’on a de soi construite à partir du regard des autres pour bâtir celle qui vient de nous-même. Une image établie à travers ce que l’on est capable de faire au sein d’un groupe afin d’identifier notre rôle et notre statut au sein de celui-ci.

Je remercie donc Raymond, Mauro, Louis, Dominique, Emilie, Nathalie, Pierre, Adrien, Serena, Mickaël, Vincent, Magalie, Florian, Daniel, Elodie, Charlène, Sandy, Marc, Serge, Rachid, Manuel, Marco, Miumiu, Fabien, Christophe, Enzo, Leïla, Eloïse et Lola. Vous aviez tous un statut et un rôle au sein de notre groupe et vous m’avez permis de grandir.

Merci

Marine

 

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