Narbonne 2017 : l’être humain est biologiquement social
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Stage de Narbonne : impressions et ressentis par Elody
J'ai participé à deux stages de deux semaines à Dinard plus celui-ci d'une semaine à Narbonne. Tous furent différents. Notre vision change au fur et à mesure des stages que l'on vit. Celui-ci a été encore plus enrichissant.
Nous avons assimilé beaucoup de choses, " ingurgité " de nombreuses notions.
Nous avons étudié la place, la posture dans un groupe, savoir prendre du recul. Comment est constitué un groupe ? Comment fonctionne un groupe? comment avance-ton avec chaque personnalité ? la distinction des autres, savoir se situer, par rapport à son statut dans le groupe, son rôle...
Le groupe permet également de s'affirmer !
Pour ma part, le thème abordé qui était " comment observer le nageur ? " m'a beaucoup aidé. J'ai pu me rendre compte qu'il y avait différentes observations. Cette semaine m'a copieusement apporté sur l'observation organisée, qui est constructive et non pas simplement " regarder dans le vide ", sans savoir ce que l'on observe.
Il n'y a pas d'observation sans choix, il faut savoir sélectionner. Il est donc nécessaire de ne pas ignorer ce que l'on observe et comment on le fait ? Cet indice doit toujours être mesurable.
De plus ce qui peut-être difficile, c'est de ne pas interpréter avec nos sentiments ou d'autres intentions au moment où l'on observe.
Ce stage 2017 à Narbonne a été pour moi une réelle transformation, il m'a permit d'être plus sûre de moi, et de plus en plus chaque jour.
Je n'y allais pas avec une attente particulière, si ce n'est d'apprendre en permanence, et toujours progresser, de mieux connaître notre outil de travail qui est le nageur.
J'ai alors été très satisfaite de ce stage et de l'impact qu'il a eu sur ma personnalité et sur ma réflexion personnelle. Ma vison a changé, et par la suite je vais pareillement améliorer ma manière de fonctionner.
Merci à toute l'équipe, de m'avoir fait évoluer, ET SURTOUT MERCI A MAURO ANTONINI & A RAYMOND CATTEAU de m'aider à me construire et à me transformer.
Enfin, je souhaite aussi rendre grâce à l'équipe de Dinard (DAVID THIMEUR, DANIEL BOUCHET, MARINE BENOIT, LAURENCE LEMOAL et MARIE-FRANCOISE NOILHAN), qui m'ont formée, et qui me forment toujours. Sans eux, je n'aurais peut-être même pas connu Narbonne. Ils me font grandir, ils me permettent de développer mes connaissances, mes capacités, la confiance en soi, et m'apportent énormément, que ce soit sur le plan théorique, pratique, expériences...
Elody
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A propos du stage de Narbonne :
un mouvement en spirale de l’action à la réflexion
Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son cœur. (1)
Ces vers d’Aragon traduisent mon trouble à l’issue de la première journée de stage. Je pensais la démarche instruite par Raymond CATTEAU comme installée, ordonnée dans ma propre démarche comme le sont les passages obligés dans le traitement didactique ; il en fut tout autrement. Que ce soit le thème portant sur l’analyse fonctionnelle du nageur ou celui de l’opportunité des passages obligés, j’étais en défaut de connaissances alors que je pensais en être prémuni ; d’autant que Mauro déclarait : « je n’ai pas de passages obligés » (2), achevant de me déstabiliser. N’avais-je rien compris, ni assimilé les écrits de Raymond CATTEAU ? Ma pratique s’en écartait-elle au point de trahir, de travestir sa pensée ?
Les allers-retours de l’action (pratique pédagogique) à la réflexion ont sans doute, pour la suite du stage, étaient déterminants dans le fait d’agir plus efficacement et de comprendre. Mauro n’a eu de cesse de solliciter les entraineurs afin d’exprimer leurs besoins : exigence indispensable pour qui veut progresser. Les informations et les apports théoriques ou pratiques qui nous étaient distillées par Raymond et Mauro avaient pour visées de nous aider à trouver des propositions et des solutions par nous-mêmes. Cette volonté fut une constante de la part de nos deux formateurs. L’on peut dire qu’elle s’est traduite jusqu’à la réflexion et à un positionnement philosophiques supplantant, englobant la démarche pédagogique : partir de l’individu et aboutir à la personnalité autonome. Le maître y a son importance mais sa place n’est pas première. Il ne transmet pas, il aide l’élève à se transformer. Les savoirs, les savoir-faire, les connaissances ne sont pas la finalité, ils sont le support nécessaire et indispensable pour la transformation de l’individu socialisé.
La démarche d’auto-socio-construction s’inscrit dans cette perspective. Elle est doublement exigeante. D’une part, nous ne prévoyons pas à l’avance les séances comme une liste d’exercices préétablie puisqu’elle part des besoins des nageurs ; d’autre part, elle postule une réussite en action des apprenants. Elle ne diffère pas les possibles progrès ultérieurement ; elle doit satisfaire et permettre leur accomplissement à chacune des séances. Faut-il pour autant croire que l’oracle pédagogue suffit à surgir en nous pour réussir, comme par magie ?
L’incorporation de connaissances diverses sont des outils de compréhension du réel. C’est pourquoi nous avons été confrontés à l’épreuve et à l’étude de textes : nécessité pour qui veut s’émanciper de la gangue intuitive, de l’idéologie. Mais plus encore les données extraites devaient devenir une aide pour la construction et l’analyse de notre pratique pédagogique. Ce fut par exemple le cas, après un exposé par Marine, d’un texte de WALLON sur l’observation.
Cependant la tâche est ardue car elle n’est pas une simple application dans notre pratique pédagogique. Elle nécessite une transposition nouvelle dans le dispositif pédagogique. C’est là, tout l’intérêt de la pédagogie de l’action qui incite à traduire ces données en réalisations originales. La pédagogie devient alors un art du possible qui consiste à se demander ce qui peut être introduit à la vie de l’élève et l’aider à progresser. (3). Les stratégies éducatives sont donc œuvre de l’entraineur.
Enfin, Maurice GODELIER, anthropologue, affirme que l’originalité des humains n’est pas de vivre seulement en société, elle est le fait d’autres sociétés animales. Ce qui les caractérise, c’est qu’ils produisent de la société. Ils sont les seuls à modifier leurs façons de vivre en société, à transformer leurs rapports sociaux. (4) Ce stage en est un exemple majeur et doit être un encouragement pour ceux qui désirent participer à l’aventure de l’enseignement de la natation.
Salut fraternel à tous mes collègues de stage. Merci à Louis, organisateur du stage et qui m’a permis de participer. Merci à Mauro et Raymond pour leur dévouement, leur disponibilité et leurs compétences.
Serge
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ARAGON, Il n’y a pas d’amour heureux.
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A la fin du stage Mauro reconsidérait ses propos. Il affirmait que les passages obligés étaient nécessaires mais qu’il n’y avait pas d’ordre obligé des passages obligés.
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Interview donnée par Georges SNYDERS pour la sortie de son livre « Ecole, classe et lutte des classes », PUF
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Maurice GODELIER « Au fondement des sociétés humaines », Albin Michel.
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Ce que Marine a vécu à Narbonne
Stage Narbonne 2017
Ma principale attente du stage de Narbonne était de saisir les clefs qui me permettraient de résoudre des problèmes rencontrés avec des nageurs de club. Cette attente a été largement satisfaite, car j’ai pu lire que les blocages venaient en majorité de l’oubli d’un passage obligé du corps flottant. Ce point a demandé une accommodation de mes tâches déjà existantes. J’ai dû mettre en place des situations adaptées au niveau d’un nageur de club. Cette transposition de mon répertoire de tâches utilisées principalement lors de la transformation du terrien au nageur a élargi mon modèle de fonctionnement. Cette expérience m’a permis de réaliser l’importance de l’acquisition du corps flottant pour la construction du nageur. En effet, j’ai observé des adolescents passés d’une posture crispée lors des entrées dans l’eau à une posture relâchée au niveau des bras en seulement 5 jours. Un relâchement également traducteur d’un lâcher prise sur le plan psychologique.
Ce stage a donc répondu à mon attente et au-delà de ça, il a su éclaircir mes questionnements sur le plan de la construction de la personnalité. Lors des situations mises en place en salle et des retours théoriques appuyés par un cadre de référence solide, les questionnements sur la place de la part affective dans la dimension sociale m’ont permis de comprendre pourquoi l’être humain avait si peur du jugement. J’ai réalisé que sans base solide, l’être humain était dépendant de l’image qu’il s’est lui-même construit au travers du regard des autres. En effet, s’il n’a pas su définir ce qu’il est, si on ne lui a pas permis de mesurer par lui-même ce qu’il est capable de faire, il ne peut pas construire sa propre image. Il est du coup dépendant du regard des autres et de ce qui est véhiculé autour de lui. Il a donc une perception de lui-même construite au travers de l’autre. Si cette image qu’il a de lui est remise en cause et que derrière cela, il n’a pas un ancrage solide définit par lui-même, alors il est détruit. Cette notion m’a permis de comprendre pourquoi les personnes résistent autant au changement, pourquoi ils se sentent attaquer lorsque l’on leur porte une remarque éloignée du jugement.
Cette lecture a été confortée par le retour d’un de mes nageurs. En fin de semaine, je lui ai demandé ce qu’il avait préféré sur ce stage. Après m’avoir répondu tout, il a dégagé le fait que ce qui lui avait plu c’était de réagir plus vite que les filles. Il était le seul garçon et le plus jeune du groupe. Il a noté qu’il réagissait tout de suite à la consigne alors que les filles mettaient plus de temps à entrer dans l’action. Il a donc repéré par la mesure du temps qu’il était capable d’investir plus rapidement ce qu’on lui demandait. C’est cette notion de lui-même qu’il a préféré. C’est pour cela qu’il a aimé ce stage. On peut donc déduire que c’est au travers de l’activité au sein d’un groupe qu’il a vécu l’identification d’un statut particulier. Celui-ci permettait de faire fonctionner le groupe plus rapidement grâce à la capacité qu’il avait et c’est cela qu’il a aimé lors du stage.
Son retour m’a permis de réaliser à quel point il était important de permettre à l’élève d’identifier par lui-même où et comment il se situait par rapport au groupe. Cette nouvelle notion vécue et comprise lors de ce stage va me permettre d’investir de nouveaux paramètres dans ma pédagogie. Ces nouveaux éléments s’appuyant sur des faits mesurables lui permettront de se détacher de l’image construite au travers du regard de l’autre et le rendront autonome.
Cela fait maintenant 5 ans que j’ai découvert la démarche de la pédagogie de l’action. Une découverte qui a su bouleverser mon modèle de fonctionnement professionnel et personnel. En effet, l’apprentissage de la natation au travers de la démarche de la pédagogie de l’action m’a en premier lieu permis de saisir la nécessité de toucher le fond, de construire sa représentation mentale du fond du bassin pour comprendre qu’il y a une fin et que si l’on est capable d’y rester sans rien faire, on remonte. Cette clef a pris sens à la suite des transformations radicales du terrien en nageur lors des apprentissages et elle a été une analogie dans la construction de ma personnalité. Aujourd’hui grâce à Mauro Antonini, Raymond Catteau, les organisateurs du stage ainsi que tous les participants, j’ai pu vivre comment cette personnalité prenait place au sein d’un groupe, comment elle pouvait être déstabilisée, les causes de ces tourments et grâce à cela j’ai compris la nécessité de détruire l’image que l’on a de soi construite à partir du regard des autres pour bâtir celle qui vient de nous-même. Une image établie à travers ce que l’on est capable de faire au sein d’un groupe afin d’identifier notre rôle et notre statut au sein de celui-ci.
Je remercie donc Raymond, Mauro, Louis, Dominique, Emilie, Nathalie, Pierre, Adrien, Serena, Mickaël, Vincent, Magalie, Florian, Daniel, Elodie, Charlène, Sandy, Marc, Serge, Rachid, Manuel, Marco, Miumiu, Fabien, Christophe, Enzo, Leïla, Eloïse et Lola. Vous aviez tous un statut et un rôle au sein de notre groupe et vous m’avez permis de grandir.
Merci
Marine
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Narbonne 2017 : le regard de Raymond
Implicitement le stage de Narbonne de cette année, organisé par la FNMNS et le Club des Nageurs Narbonnais, a vu la thèse d’Henri WALLON selon laquelle l’être humain est biologiquement social, s’inscrire en toile de fond.
Si dès la naissance le petit de l’homme ne peut survivre qu’en dépendant de ses liens avec les adultes, avec le temps il devra, à travers son activité s’approprier la culture de la société dans laquelle il pourra s’épanouir.
La « technique » lui permettra d’entrer de plain pied dans ce qu’il y a de plus évolué dans tous les domaines dont celui des pratiques sportives.
C’est encore H. Wallon qui dans un texte sur « le groupe » nous éclaire sur le processus de développement de la personnalité dans la dialectique d’identification aux autres et de la distinction des autres à travers le rôle et le statut de chacun dans le groupe.
Le groupe se constitue à partir du but commun que se donnent ses membres.
Transposant ces principes dans l’animation des séances par les stagiaires, Mauro a dynamisé les échanges nécessaires entre les animateurs à qui on avait confié les nageurs dans chaque ligne de nage, pour qu’ils se construisent et ou s’entrainent. La visée de l’ « auto-socio-construction » des formateurs devenait centrale.
Il ne faut pas se cacher que des « difficultés » sont apparues en raison des connaissances et des représentations non partagées dans les petits groupes d’entraineurs ou MNS. Elles semblent en majorité relatives aux contenus, à la méconnaissance des « passages obligés » et des niveaux de l’action ou à l’interprétation des indices, voire à la carence d’ « informations signifiantes » dans l’observation des nageurs.
Le recours à l’analyse d’images vidéo sous la surface de nageurs évoluant devant une caméra fixe devrait affiner le regard des entraineurs et MNS. Il convient alors d’utiliser un cadre de références explicite pour caractériser les actions à travers la lecture des postures et mouvements.
Le gros avantage du dispositif des stages de Narbonne tient à leur pérennité et au fait que pour la majorité des participants ils constituent une formation permanente, capitalisée au travers du nombre de participations.
L’optimisme des organisateurs se traduit par la volonté de programmer une suite en 2018.
raymond
Novembre 2017