Cologne 2012 : un explorateur en terre inconnue
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VOYAGE D’UN EXPLORATEUR SANS CARTE NI BOUSSOLE EN TERRE INCONNUE
Invité à produire un bref compte rendu de ma courte intervention dans le cadre d’une rencontre organisée par le responsable d’éducation des jeunes de la « DSV Jugend », c’est l’image de ce titre qui me vient spontanément à l’esprit.
L’événement programmé du 5 au 7 octobre 2012 à Cologne en Allemagne se réduit en réalité à 10 heures d’interventions des personnes invitées. Il se déroule dans les locaux et installations du site de l’Université allemande des Sports de Cologne disposant d’un bassin de 50 m. à 8 couloirs auquel s’ajoutent les installations de plongeon dont le bassin à très grande profondeur est de 20 x 20 m. Dans ce cadre il m’est attribué 1 heure 15 en piscine suivie d’ 1 h. 15 en salle pour présenter les fondements de la pratique. Les participants se répartissent à chaque séquence en 2 ou 3 ateliers. Une petite quinzaine pourra vivre mes interventions en piscine et en salle.
Le thème du rassemblement est « Apprendre à nager » mais dans son introduction (à laquelle je n’ai pas insisté) le Dr. Gunther Volck évoque la construction de la nage ou du nageur. « Pädagogische und fachliche Kompetenzen in der Schwimmausbildung » !
Quelle stratégie adopter et quel(s) contenu(s) apporter ? Cela suppose de connaître avec précision le contexte de la pratique locale et éventuellement nationale. Des échanges avec les intéressés, j’apprends que l’autonomie des Régions fait qu’il n’existe pas de « directives » nationales ou fédérales.
Deux dominantes : initiation par des jeux en petite profondeur et, pour la majorité, apprentissage des mouvements de la brasse attribuant, à qui parcourt 25 m. départ sauté, un brevet de « savoir nager »
Mes propositions vont ressembler à une « révolution Copernicienne » et mon projet à une « mission impossible ». Ni Copernic, ni plus tard Galilée n’ont réussi à convaincre le monde des savants de l’époque rapidement et massivement et après des siècles, plus de 28% des Européens en sont encore au géocentrisme : ils affirment que le soleil tourne autour de la terre.
Par analogie : apprendre à nager comme on a appris à marcher, à partir de l’activité possible de chacun dans l’eau, en adaptant son comportement locomoteur aux contraintes des forces externes spécifiques à chaque substrat, devient une révolution pédagogique et suppose une formation des enseignants qui ne peut se faire ponctuellement en changeant quelques éléments des pratiques habituelles fondées sur la reproduction de mouvements.
L’expérience de plus d’un demi siècle de formation de maitres-nageurs, d’initiateurs et d’entraîneurs en natation, m’amène à la conviction qu’une formation à l’acquisition de compétences authentiques, indispensables à la construction des nageurs, implique un programme dont l’assimilation nécessite plusieurs semaines. (80 heures de cours au minimum).
L’option pédagogique s’inspire des méthodes actives et suppose parallèlement l’élaboration d’une didactique de la discipline. La didactique consiste à envisager le fonctionnement des meilleurs nageurs (les champions) ce que nous appellerions le « savoir-faire » savant pour envisager les transformations nécessaires et les passages obligés (étapes) du terrien (non nageur) le savoir-faire de l’élève. Il n’y a pas de niveau zéro.
L’autre point à envisager concerne la stratégie de formation : appliquer une théorie ou théoriser une pratique ? Théoriser, c’est transformer la pratique en connaissances ! Il n’est pas possible d’échanger des pratiques.
Vouloir transmettre la compétence de l’expert par des discours (théoriques) relève de l’aberration ! (F. Tochon).
Parmi les problèmes soulevés, il ne faut pas oublier celui de la « prise de conscience » et donc des relations entre la réussite et la compréhension.
Deux positions contradictoires : COMPRENDRE POUR RÉUSSIR OU RÉUSSIR POUR COMPRENDRE ? Avec J. Piaget nous optons résolument pour la seconde proposition. Ce qui implique de passer de la pratique à la théorie et non l’inverse comme cela est massivement l’usage.
Une interrogation demeure par rapport à la pratique en piscine. Les participants ont été sollicités pour vivre des progrès dans leur façon de nager. Il ne pouvait être question de leur proposer des exercices de débutants mais ceux correspondant à leur niveau. Il eut peut-être été plus judicieux de faire évoluer une classe d’enfants âgés de 7 à12 ans ou plus jeunes, pour nous rapprocher des pratiques habituelles.
Mes remerciements aux organisateurs de ce rassemblement particulièrement cordial : M. Axel DIETRICH et à l’aimable traductrice Mélanie RAGOT.
raymond