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PENSEE SPECULATIVE. PENSEE RATIONNELLE.

C’EST QUOI ? COMMENT ÇA FONCTIONNE ?

La réponse d’Aurélien FABRE

 

 

Il nous arrive souvent d’emprunter à Aurélien FABRE des citations ou des notions qui nous semblent incontournables pour orienter la pédagogie vers les principes, les préceptes et les règles des méthodes actives, tant notre discipline aurait à y gagner.

Le chapitre « L’expérimentation pédagogique : Empirisme – Expérience – Expérimentation » retrace toute l’histoire de la pédagogie et en indique les perspectives possibles et souhaitables. 

Le passage qui suit, extrait de ce chapitre de "L'école active expérimentale" d'Aurélien Fabre, devrait inciter nos lecteurs à le lire attentivement l’ensemble de l’ouvrage.

 

Entre la pensée spéculative et la pensée rationnelle, c’est le combat sans merci et l’issue de la lutte ne peut être obtenue que par l’élimination de l’un des deux adversaires.


Des deux adversaires qui s'affrontent, l’un, la pensée rationnelle, est bien connu ; mais l'autre, l'irrationnel, ne l’est pas.

II est généralement admis, sous la foi de l'idée vague de progrès, que l'esprit de l'homme contemporain est un esprit rationnel. Rien n'est moins exact pour la grande majorité des hommes.

Les différences essentielles entre la pensée conceptuelle rationnelle et la pensée conceptuelle spéculative peuvent être posées d'emblée.

La première (la pensée rationnelle) est faite de l'observation de trois conditions :

a) une définition exacte des concepts qui représentent l'objet dans les opérations de l'esprit

b) une correction rigoureuse dans l'énoncé du jugement et dans la conduite du raisonnement,

c) l'administration de la preuve par l'expérimentation qui confronte la conclusion avec l'objet.

La pensée spéculative ne satisfait à aucune de ces conditions.

Elle se dispense d'abord de former des concepts justes par une analyse du réel et ne se soucie pas de la preuve. L'esprit délesté du réel, malgré qu'il prétende observer les règles formelles du jugement et du raisonnement, n'étreint jamais que lui-même.

Le jugement et le raisonnement, au lieu de tenir de leur contenu la nécessité de leur mouvement, résultent de courts-circuits permanents qui s'instituent entre les instincts, les besoins, les états affectifs, les intérêts ou les désirs, et les actes qu'ils sollicitent. De là cette facilité de jeu de la pensée spéculative. De la aussi cette prétention du sujet à régler ses rapports avec l'objet sans se croire obligé de rendre compte de ses décisions et en se mettant à l'abri de toute exigence de justification et hors de portée de la pensée rationnelle.

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Pardon, vous n'avez pas le droit pour l'instant.