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Piaget, à propos des méthodes actives.

Qu’il découvre notre site ou qu’il le consulte régulièrement, l’enseignant ou l’entraîneur n’en tirera un réel profit que s’il en rejoint l’ensemble des rubriques pour en trouver les fondements et à travers eux la cohérence d’une conception de la natation et de son apprentissage.

Il n’est pas aisé de rendre compte du complexe en changement permanent à l’image du vivant.

C’est pourtant à cette gymnastique mentale que chacun est convié.

Notre débat, à son stade actuel me semble pouvoir être éclairé par deux extraits de Jean Piaget, à propos des méthodes actives dont nous nous réclamons.

Eduquer, c'est adapter l'individu au milieu social ambiant. Mais les méthodes nouvelles cherchent à favoriser cette adaptation en utilisant les tendances propres à l'enfance ainsi que l'activité spontanée inhérente au développement mental, et cela, dans l'idée que la société elle-même en sera enrichie. L'éducation nouvelle ne saurait donc être comprise dans ses procédés et ses applications que si l'on prend soin d'analyser en détail ses principes et d'en contrôler la valeur psychologique sur quatre points au moins :

- la signification de l'enfance,

- |la structure de la pensée de l'enfant,

- les lois de développement et

- le mécanisme de la vie sociale enfantine.

« Psychologie et Pédagogie, p. 221 »

Le second nous met en garde contre une vision superficielle ou trop simplifiée des méthodes.

Mais, si l'on accepte aujourd'hui ces vues bien plus qu'auparavant, leur mise en pratique n'a pas fait de grands progrès parce que les méthodes actives sont d'un emploi beaucoup plus difficile que les méthodes réceptives courantes.

D'une part, elles demandent au maître un travail bien plus différencié et bien plus attentif, tandis que donner des leçons est moins fatigant et correspond à une tendance beaucoup plus naturelle à l'adulte en général et à l'adulte pédagogue en particulier.

D'autre part et surtout, une pédagogie active suppose une formation beaucoup plus poussée et, sans une connaissance suffisante de la psychologie de l'enfant (et, pour les branches mathématiques et physiques, sans une connaissance assez forte des tendances contemporaines de ces disciplines), le maître comprend mal les démarches spontanées des élèves et ne parvient donc pas à mettre à profit ce qu'il considère comme insignifiant et comme une simple perte de temps.

Le drame de la pédagogie, comme d'ailleurs de la médecine et de bien d'autres branches tenant à la fois de l'art et de la science, est, en effet, que les meilleures méthodes sont les plus difficiles : on ne saurait utiliser une méthode socratique sans avoir acquis au préalable certaines des qualités de Socrate à commencer par un certain respect de l'intelligence en formation.

« Psychologie et Pédagogie p 103 »

On mesure ce qu’il conviendrait, dans notre débat, mais avant tout dans nos pratiques, d’inscrire au cœur des formations lors des stages, au plan des connaissances et au plan des interventions en situation, qui offrent la possibilité d’échanges nombreux à propos du vécu.

Que doit-on entendre par « connaissance forte de notre discipline » et comment apprécier son niveau d’incorporation par les formés ?

Vos avis sont précieux.

raymond