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TEXTE INTERMEDIAIRE

"d'après H. Wallon"

 

Il n'y a pas d'observation qui soit un décalque exact et complet de la réalité.

Concrètement cela signifie qu’il est impossible de percevoir toute la réalité mais simplement des bribes et que ce que l’on voit ne l’est qu’imparfaitement, partiellement. L’image du réel perçue est qualitativement et quantitativement pauvre.

 

L’enregistrement cinématographique d'une scène répond à un choix souvent très poussé : choix de la scène elle-même, du moment, du point de vue, etc.

Le choix d’une scène ne représente qu’une petite part de ce qui s’est passé et limitée à partir de l’endroit où se trouvait l’observateur.

 

C’est seulement sur le film dont le mérite est de rendre permanente une suite de détails qui auraient échappé au spectateur le plus attentif et sur lesquels il lui devient loisible de revenir à volonté que va pouvoir commencer le travail direct d'observation.

La fugacité de la scène et la complexité de ce qu’elle contenait se trouvent « enregistrées » et donc accessibles, reproductibles, éventuellement ralenties voire immobilisées. Chaque vision permet de percevoir autrement la même chose ou des éléments qui auraient échappé initialement à l’attention.

 

Il n'y a pas d'observation sans choix ni sans une relation, implicite ou non Ses raisons peuvent être conscientes ou intentionnelles, mais elles peuvent aussi nous échapper, car elles se confondent avant toutes choses avec notre pouvoir de formulation mentale.

Des observateurs différents de la même scène ne choisissent pas les mêmes faits.

 

Ne peuvent être choisies que les circonstances à soi-même exprimables. “Et, pour les exprimer, il nous faut les ramener à quelque chose qui nous soit familier ou intelligible, à la table de références dont nous nous servons soit à dessein, soit sans le savoir.

Chacun mettra l’accent sur ce qui lui permet de repérer et caractériser le fait, de pouvoir le raconter ou en comprendre la raison.

 

La grande difficulté de l'observation pure comme instrument de connaissance, c'est que nous usons d'une table de référence sans le plus souvent le savoir, tant son emploi est irraisonné, instinctif, indispensable.

Que nous apprend l’action d’observer un fait ? Qu’est-ce qui fait que nous n’avons perçu que tel élément, tel aspect ? C’est qu’il ne prend du sens que par rapport à ce qui nous semble logique ou nécessaire.

 

La formule que nous donnons aux faits répond souvent à nos rapports les plus subjectifs avec la réalité, aux notions pratiques dont nous usons pour nous mêmes dans notre vie courante.

Notre première interprétation contient beaucoup d’implicite,  de choses projetées, non exprimées ou exprimables.

 

Tout effort de connaissance et d'interprétation scientifique a toujours consisté à remplacer ce qui est référence instinctive ou égocentrique par une autre table dont les termes soient objectivement définis.

Condition essentielle de l’objectivité : une « table de référence » partagée. Ce à partir de quoi nous formulons une opinion ou un point de vue.

 

Il n'y a pas de fait en soi, un fait est toujours plus ou moins façonné par celui qui le constate.

Il arrive très fréquemment qu’un fait soit « fait » soit « vu » par un spectateur alors qu’en réalité il n’existe pas ou qu’il soit déformé.

 

Des collections indéfinies de faits peuvent ne pas valoir un fait unique mais significatif.

Dans l’activité humaine particulièrement, une fonction subordonnante n’est pas immédiatement repérée. Le point essentiel avant les points secondaires.

 

Un fait n'a d'intérêt que dans la mesure où il est déterminé, et il ne peut l'être que par ses rapports avec quelque chose qui le dépasse.

De l’effet repéré, l’observateur ne remonte pas à la cause qui le produit.

Mettre en évidence le fonctionnement nous aide !

 

Traiter un fait selon sa nature, c'est le confronter avec tous les systèmes auxquels il peut être rapporté.

Il arrive souvent que l’observation privilégie ce qui se produit dans l’espace en négligeant la dimension temporelle ; considère le moteur en oubliant le postural ; ne situe pas le fait dans son évolution ou n’en cherche pas l’origine.

 

Le meilleur observateur est celui qui saura utiliser le plus de systèmes, tour à tour pour l'individualiser et pour l'expliquer.

Chaque observation se devrait d’être organisée à partir d’une grille spécifique.

 

 

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Commentaires   

#1 GéraRd GOSSET 12-04-2013 16:22
À la lecture de la publication •
«TEXTE INTERMÉDIAIRE » «d'après H. Wallon».

Ce texte, pour un observateur averti, définit clairement les contraintes liées à l’observation et cela, de mon point de vue, dans tous les domaines de la vie, ce qui me permet d’écrire que c’est « l’humain » que nous transformons par l’intermédiaire de la natation. En cela je suis reconnaissant à Raymond Catteau, parce que dans mon parcours « d’homme » , pour moi, son aide a été transformatrice.

Nous avons l’occasion, vu la durée du parcours de R.C, de bénéficier de son expérience liée à une longue recherche, cependant un jeune chercheur, Dr. en SATPS, avec qui je conversais en avril, et dont l’épouse œuvre dans la natation sportive, qualifiait cette démarche de non scientifique, « parce que cela n’a pas été publié » disait-il.

Nous pouvons nous demander « Comment passons-nous de l’ignorance à la connaissance ? »

Ce texte intermédiaire d’après H. Wallon m’apparaît plus clair parce que à 70 ans, l’expérience de mon parcours de vie confirme la description qu’il en fait dans les premiers paragraphes du « TEXTE INTERMÉDIAIRE ». J’entrevois que nos « experts » doivent s’interroger sur la manière de transformer nos structures pour accéder en natation, à une compréhension et à une compétence toujours meilleures.

Le réel est un concept premier de l’univers, et dans notre sujet : la natation.
Ce réel est-il extérieur au mental ou est-ce lui qui construit un réel « irréel » ? Parce que ce qui est perçu par les sens externes ou internes est de natures différentes (chimiques, mécaniques, ondes...). De ces stimuli naissent des influx nerveux transitant par différents éléments nerveux (et peut-être hormonaux, mais que la science ne peut traiter parce que trop complexes, donc se limitant au système nerveux). Au final si tous les éléments intermédiaires fonctionnent « bien », c’est finalement une « entité psychique » qui discrimine et qui confirme la réalité de ce qui est perçu et provoquer une réaction ou une action.

Comment nos connaissances sont-elles représentées dans notre esprit ? C’est aujourd’hui une des questions fondamentales des sciences cognitives.

Nos structures sont-elles opérationnelles pour appréhender la réalité ?

Nous devons faire avec celles du moment.

Contrairement à H. Laborit , docteur, neurobiologiste « spécialiste du comportement humain » qui par un raccourci devant la complexité énonce : « courage ! fuyons ».
Je proposerais un autre aspect de la motivation « courage ! persévérons », mais dans la bonne direction.

Biblio. Éloge de la fuite, Éditions Robert Laffont, coll. « La vie selon … », 1976 (ISBN 2-221-00278-1). Ses travaux sur le conditionnement sont à la base du film Mon oncle d'Amérique d'Alain Resnais en 1980. Il y expose les expériences scientifiques conduites sur des rats et qui l'ont amené à développer le concept d'inhibition de l'action et qui explique dans quelles conditions de stress des rats isolés somatisent (apparition d'ulcères).

GG

Pardon, vous n'avez pas le droit pour l'instant.