INDICES CONCORDANTS Troisième Partie
la vision fonctionnelle de la locomotion du nageur
Dans la PREMIERE PARTIE nous avons vu l’inestimable intérêt d’une observation gestuelle d’une séquence filmée, abordée image par image, nous livrant des détails qui auraient échappé à l’observateur attentif ne disposant pas de cette fonctionnalité.
Des repères d’espace, temps et de coordination nous ont ouvert la voie à la fonction des phases étudiées elle-même ne prenant du sens que dans le fonctionnement de l’ensemble : une totalité agissante !
Nous aurions pu également attirer l’attention sur un détail significatif ou indicateur de ce qui caractérise le retour aérien de Matthès : la flexion de la main sur l’avant-bras, témoignant du « relâchement » en apparente contradiction avec le membre supérieur en extension de l’avant-bras sur le bras. Ajoutons que ce M.S. rejoindra la surface et la traversera, paume de la main toujours orientée vers le haut.
Dans la DEUXIEME PARTIE, nous avons attiré l’attention du lecteur sur la nécessité de considérer le référentiel de tout « mouvement » et sans laquelle tout ce que l’on peut en dire ne peut être exploité. La superposition des images d’un même mouvement selon les référentiels ego et exo centrés impose une « explication » du changement radical des apparences.
C’est en quelque sorte un passage du mouvement (cinématique) du nageur (référentiel égocentré) à l’action (mécanique), c'est-à-dire l’interaction mouvements-substrat (référentiel exocentré).
Ce qui se passe à l’intérieur de la boucle, objet d’une étude plus fine, s’imposera au formateur et à l’entraineur qui recherchent l’efficience (La natation de demain pp. 50 et 51).
Pour retirer rapidement les informations les plus utiles on choisira la caméra fixe filmant le nageur de profil.
TROISIEME PARTIE
L’activité perceptive procède par centrations, centrations successives qui nous font passer des membres supérieurs aux membres inférieurs ou inversement. Leur mise en relation permet de faire apparaitre leur coordination et dans un second temps la subordination (dépendance) de l’un par rapport à l’autre. Connaître « ce qui est subordonnant » est une information précieuse pour l’enseignant entraîneur.
Le point avant objectif P.A. (dans le référentiel exocentré) marque la transition entre la fin aquatique du retour et le début de la fonction propulsive. Le changement de sens d’AR-AV à AV-AR implique une vitesse nulle par rapport au nageur mais conserve celle du déplacement du nageur dans l’eau à cet instant. La première condition pour que la masse d’eau devienne « masse d’appui » c’est quelle soit pulsée à une vitesse supérieure à la vitesse de déplacement du nageur et en sens inverse au déplacement.
L’ESPACE
Centration su les M. (Ce point ne caractérise pas une fonction)
P.A. dans un référentiel exocentré le retour de bras (AR à AV) est terminé, le bout des doigts change de sens (AV à AR). La pale du nageur (main + avant-bras) s’est orientée pour pulser une grande masse d’eau (la pâle est construite à partir du coude et non pas à partir du poignet. Le coude est situé au dessus du bout des doigts). Par rapport au référentiel exocentré sa vitesse vers l’arrière est devenue égale à celle du nageur vers l’avant. Pour accélérer le nageur, elle devra aller plus vite vers l’arrière que le nageur vers l’avant.
Là va pouvoir commencer l’action propulsive.
On remarquera que le coude est venu se placer au niveau du front, ce qui permettra à la pale de parcourir un trajet important. Le point (PA) est dit « remarquable », il caractérise le début d’une fonction.
Le nageur vient de déclencher l’action propulsive avec intensité. La pale remarquablement orientée se dirige en accélérant la masse d’appui en sens opposé au déplacement du nageur.
La poussée se termine avec le coude près des hanches, pale toujours orientée, pour amorcer son retour.
Centration sur les M.I.
Les deux premières images consacrées à l’organisation de la pale montrent curieusement (curieusement pour qui pense que la fonction du battement est propulsive en dehors des phases propulsives des bras) une relative immobilisation d’une jambe en position haute se prolongeant par une rotation externe du pied.
Sur la dernière image, le pied en rotation externe est venu exercer une poussée sur des masses d’eau pour compenser la déviation du corps, conséquence de la poussée des bras à l’extérieur du plan sagittal vertical contenant à la fois, le grand axe du corps et l’axe de direction du déplacement du nageur. En accélérant intensément la masse d’appui le bras s’écarte de l’axe du corps (« le moteur » grand dorsal et plus puissant que le grand pectoral).
Cette coordination déclenchée par le cervelet n’est pas consciente (les coordinations s’opèrent par réajustement). C’est le degré d’intensité avec laquelle la masse d’appui est accélérée (provocant plus ou moins l’écartement du bras du plan sagittal) qui inconsciemment (cervelet) « ajuste » le battement (raison pour laquelle on dit que le battement est subordonné à l’action de bras).
LE TEMPS
Fréquence des prises de vues : 30 images par seconde
Durée d’un cycle : 1. 75 sec
Durée de la phase propulsive : 0.3 sec pour chaque M.S..
Organisation en corps projectile 1.75 sec
Organisation en corps propulseur 0.6 sec
LES COORDINATIONS
L’image 3 montre la fin de poussée d’un membre supérieur et l’extension complète de son opposé en référentiel égocentré. Nombreux sont les entraineurs qui évoqueraient un « rattrapé ».
Les membres inférieurs s’organisent en permanence pour assurer l’alignement du corps sur l’axe de déplacement. Leur activité n’a rien de continu mais dépend de leur fonction.
Elle dépend à chaque instant de ce que font les membres supérieurs auxquels ils sont donc subordonnés. Le terme d’équilibration n’est pas le plus pertinent bien qu’évoqué souvent. (Alignement conviendrait probablement mieux !
LES FONCTIONS
C’est leur coordination qui assurera la réussite de l’action
Le nageur doit à la fois orienter sa trajectoire et orienter son corps sur cette trajectoire. Cela suppose une représentation fine de son corps et de son espace d’action. (Dimension informationnelle)
Il doit à tout instant rechercher l’efficience de son activité en conservant la plus grande amplitude associée à la puissance. Le meilleur rendement (rapport de l’énergie transformée à l’énergie dépensée) est en permanence recherché. (dimension énergétique).
LE FONCTIONNEMENT
Le nageur s’organise pour passer efficacement à travers les masses d’eau en étant inévitablement freiné et périodiquement doit par accélérations retrouver la meilleure vitesse moyenne de déplacement. Il doit gérer la puissance disponible.
Périodiquement aussi il doit s’informer des caractéristiques de son espace d’action en relation avec celui de ses adversaires. Il en est de même de sa situation dans l’épreuve : meneur ou mené. Il « pilote » l’épreuve.
Il doit encore coordonner la recherche d’une plus grande immersion et sa ventilation.
Il est intéressant d’observer le nageur qui est à l’arrière plan, lui aussi sur la première image et au point avant réf. égocentré et de le comparer avec Thorpe.
CONCLUSION
Les textes réunis sous le thème « indices concordants » cherchent à amener progressivement le lecteur à une vision fonctionnelle de la locomotion du nageur.
Cette vision est indispensable pour qui veut dépasser la pédagogie du mouvement, elle va permettre de rompre avec des exercices traditionnels qui se fondent sur le concret, le visible et non pas sur le réel, elle va ouvrir la voie vers une option pédagogique constructiviste dite de l’action qui sera source de transformations rapides et efficaces.
Ils apportent des pistes pour répondre à la « devinette ».
Ils apportent des éléments pour aborder une étude critique, demandée par l’auteur, des textes de Florent (LA NATATION : UNE SYNERGIE ! ; CORRÉLATION BATTEMENTS-MASSE D'EAU - LE CAS IAN THORPE )
Ils ouvrent la voie à tous les échanges.
raymond
avril 2018
Commentaires
www.lepape-info.com/entrainement/le-travail-des-jambes-en-natation
Merci Raymond pour ces 3 textes, mais que la route est longue !
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