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INDICES CONCORDANTS Première Partie 

une histoire de remous, d’équilibre et de structures rythmiques

 

C’est une longue histoire liée à la lecture puis à l’analyse d’images. Images particulières puisque projetées sur écran : vision d’un film.

En tant que Conseiller Technique régional, je suis convié à un rassemblement avec mes collègues pour obtenir du Directeur Technique National des directives pour mes missions.

Nous sommes en 1973 et une marque d’équipements a réalisé un document filmé en couleur des Jeux de Munich. Les meilleurs représentants (les champions olympiques et leurs principaux adversaires) des différents modes de nage sont filmés en surface et sous la surface.

Notre DTN est spécialiste de la nage sur le dos et il a été champion de France du 1500 m. en parcourant 1450 m. en dos crawlé lorsqu’il était nageur.

Lors du passage sur l’écran de Roland MATTHES, il s’exclame « Vous avez vu, les gars, comme il pousse avec les jambes ! ». Les collègues ne réagissent pas et pour ma part, j’avoue n’avoir rien vu qui me permette d’approuver ou non.

Une année se passe et entre temps nous recevons les films en questions pour les projeter dans des réunions d’entraineurs ou d’initiateurs.

Lors d’un regroupement du Conseil Pédagogique et Scientifique en relation aves les stages Maurice Baquet, Robert Mérand me pose cette question : « l’équilibre en natation, c’est quoi ? ». Je suis incapable d’apporter une réponse mais la question demeure lancinante.

Je m’étais promis d’y apporter une réponse. L’idée me vint alors de « décortiquer » les images de tous les champions olympiques, image par image, en les projetant sur du papier. Les appareils avec arrêt sur image se trouvant au siège de la FFN, j’y ai passé une semaine, travaillant sans relâche.

Comme grille de lecture je dispose de trois éléments : Espace, Temps, Coordinations.

Logiquement je commence par l’espace en repérant systématiquement les points hauts et les points bas, puis les plus en avant et les plus en arrière pour les membres supérieurs et les membres inférieurs.

J’aborde la nage sur le dos avec les images de Matthès. On retrouve chez lui les six battements par cycle. En repérant les points haut et bas j’aperçois à l’abaissement du pied droit un « remous ». Voila l’indice qui permettait à notre DTN de repérer une action des jambes et qui m’avait échappé lors de la rencontre avec mes collègues.

Je passe à l’image suivante du point bas. Surprise :  Rien ? Puis la suivante Rien ! Image suivante du point bas « remous ». Mais immédiatement question : Si les jambes propulsent pourquoi ne le font-elles pas continuellement ?

Avant de repérer les temps forts et les temps faibles en comptant le nombre d’images nécessaires à la remontée et à la descente j’interroge la relation, la coordination MI-MS.

Ce qui caractérise le style de Matthès au niveau des membres supérieurs c’est leur point bas que l’on repère sous la fesse. Là commence la partie aquatique du retour. Du point bas jusqu’à la surface la masse d’eau à traverser est importante. Pour conserver au corps son orientation et sa stabilité il faut que le membre inférieur mobilise vers le bas une masse d’eau importante aussi. Le même phénomène apparaitra pour le dégagement du bras opposé.

Deux hypothèses ou deux conclusions s’imposent :

1 ) les membres inférieurs ne sont pas propulseurs.

2 ) les membres inférieurs sont subordonnés aux membres supérieurs.

 

Je ne suis pas parvenu à trouver une réponse à la question de l’équilibre mais en revanche j’ai pu mettre en évidence la ou les structures rythmiques de chaque mode de nage.

On les retrouvera dans la troisième et dernière édition de « l’enseignement de la natation » chez Vigot éditeurs (1974).

Une seconde partie viendra conforter cette hypothèse.

raymond

 

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Commentaires   

#1 marc 11-04-2018 15:47
Je connaissais l’anecdote du DTN et de MATTHES qui a été à l’origine d’un travail qui t’as permit de passer du concret (1) au réel (2). Nous sommes en 1972 !
(1) Le réel : ce qui a une existence indépendante de la représentation que l’on peut en avoir
(2) Le concret désigne ce qui est directement perceptible par sens.

Toutefois la pédagogie traditionnelle et ses exercices folkloriques ont la vie dure, ils semblent devoir se transmettre sans être jamais interrogés à l’aulne des nouvelles connaissances.
Nous postulons que les progrès futurs sont à rechercher de ce côté.

Deuxième remarque , je suis très surpris de constater que ta conclusion : « les membres inférieurs ne sont pas propulseurs, les membres inférieurs sont subordonnés aux membres supérieurs » ne déclenche pas de réaction de la part des lecteurs.
Les entraîneurs qui te lisent ne font plus faire de jambes seules aux nageurs entraînés ?
#2 Tortereau 15-04-2018 19:25
Bonsoir,

Pour répondre à la question de Marc, personnellement non je ne fais plus faire de jambes seules aux nageurs que j'entraîne, du moins en battements alternés. Et quand j'en parle, je passe soit pour un inconscient, soit pour un fou...ce dont je me fiche à vrai dire!

Néanmoins, je fais des ondulations bras placés avec la surface comme repère.

Bonne soirée,

Pardon, vous n'avez pas le droit pour l'instant.