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Position allongée, étoile de mer et flottabilité

REPRÉSENTATIONS ET RÉALITÉS - Les CONCEPTS PERNICIEUX IMPORTÉS

 

Il y a quelques jours, un jeune en formation m’adressait un message que j’ai interprété comme fortement teinté d’inquiétude et presque de détresse. C’est, je pense, une personne particulièrement impliquée attentive à ce qui lui est apporté en cours et curieuse en outre de compléter sa formation par des lectures.

Après ce qu’il vient de lire dans la Natation de Demain : « La flottabilité est un problème de densité relative du substrat et du corps en relation avec le substrat. La densité, pour les corps solides et les liquides est le rapport entre la masse volumique du corps et celle de la masse de l’eau mesurée dans des conditions précises de température, qui sert de référence (un décimètre cube et un kilogramme).

Sa question est ainsi formulée : «  Voulez vous dire que la surface corporelle n'est pas élément discriminant comme indique le site ? » Manifestement, son formateur vient de lui dire le contraire.

D’où cette nouvelle question : « Que se passe t-il si je passe de la position allongée bras dans le prolongement du corps à l’étoile de mer, vais-je améliorer ma flottabilité ? ». Comment un responsable en formation peut-il encore de nos jours propager de telles absurdités ?

Le problème se doit d’être correctement posé du point de vue de la physique dans le domaine de la « statique » lorsque des forces agissant sur le corps « C » dans le liquide « E » s’annulent. La force s’exerçant sur le corps C est la pesanteur et son point d’application le centre de masse ou géométrique. L’intensité de 1 g, la direction (la verticale) ; le sens de haut en bas. Simultanément, et parce qu’il est immergé, le corps C reçoit du liquide, selon la même direction mais en sens contraire une autre force : la « poussée d’Archimède » dont la grandeur est égale « au poids du liquide du volume déplacé (celui occupé par le corps C ; le point d’application se situant « au milieu géométrique du volume déplacé et appelé : « centre de poussée ».

Que « déclenche » une transformation du corps C ? Changement de forme dans l’espace : par exemple « Que se passe t-il si je passe de la position allongée bras dans le prolongement du corps à l’étoile de mer » ? Question : un écartement des membres supérieurs et inférieurs de l’axe du corps modifie-t-il la masse du corps C (et son poids) ? En toute logique il faut répondre NON ! Question complémentaire : « en modifie-t-il la VOLUME ? » Si le déplacement des membres supérieurs entraine une modification des courbures vertébrales et particulièrement celles de la région dorsale la réponse probable est OUI !

En conséquence si l’une des composantes VOLUME/MASSE est modifiée, le rapport volume/masse ou DENSITÉ se trouve modifié. Augmentation du volume pour une même masse implique diminution de la densité et accroissement de la flottabilité.

Lorsque l’on examine isolément la densité de l’eau et celle du corps C dans laquelle ce dernier est immergé, on a tendance à les considérer dans leur « immédiateté » et par conséquent leur « invariabilité ». MAIS si l’on interroge leur réelle variabilité, complexité et interdépendance, on est amené à prendre en compte ces dernières réalités.

Un corps flottant stable (ne présentant que peu ou pas de variations de l’horizontalité des épaules) fut longtemps préconisé par les  « techniciens » bien que la brasse ait déjà perdu sa suprématie dans les pratiques. Si nous les interrogeons dans leur évolution et leurs formes les plus élaborées et singulièrement celles des nages alternées, nous sommes interpellées par l’importance du roulis, à la limite de la verticalité du plan des épaules, chez les meilleurs nageurs. Voir « La Natation de Demain » pages : 54 (3 images) et 56 (fig.3). On retrouve des valeurs comparables en crawl au moment où le « grand dorsal » développe sa puissance maximale. Cette capacité à gérer l’équilibre autour du roulis n’est pas à combattre mais à rechercher. L’étoile de mer irait donc à contre-courant de ce qu’il convient de développer.

Chacun s’est progressivement construit un ensemble de notions à l’approche de nombreux domaines sans nécessairement tenir compte de leur spécificité. C’est ainsi que très souvent se trouvent utilisées des notions logiquement absentes d’un domaine donné mais empruntées à un autre (et importées) . Elles ont l’apparence du vrai, du savant et s’immiscent d’autant plus facilement dans le langage. Par exemple la confusion est fréquente entre l’hydrostatique et l’hydrodynamique lorsque pour la première on emprunte des notions spécifiques à la seconde, telles la forme et la surface. La formule de la résistance aux déplacements faisait référence aux caractéristiques de forme pour attribuer une valeur donnée au fameux « K » (coefficient de forme) impliqué lorsque l’on évoque le déplacement d’un solide indéformable dans un liquide. C’est ainsi que pour un même maître couple, de la forme de la « goutte d’eau » à celle du « disque plat » le coefficient va croissant. De même, évoquer « le point d’appui » d’une surface déplacée dans l’eau relève de la même incohérence. Il faut lui substituer la notion de « masse d’appui ». Autre erreur coupable, emprunter à un fluide gazeux compressible le concept de « pression » (produit constant du volume par la pression) pour évoquer l’effet d’un déplacement d’une surface dans un liquide « incompressible ». Il résulte de ces pratiques incontrôlées le flou des mots utilisés dans les définitions, des imprécisions dans la représentation des structures, des erreurs dans l’idée que l’on se fait du fonctionnement.

Par défaut de vigilance, la pensée spéculative irrationnelle vient immédiatement se substituer à la pensée rationnelle et à ses conditions : « définition de l’objet » (ce dont on parle), « rigueur du jugement », « rigueur de la conduite du raisonnement » et surtout « administration de la preuve », pour laisser libre cours à l’idéologie (monde imaginé) sur lequel on va intervenir en se donnant l’illusion que l’on est en présence des réalités.

 

2 Janvier 2018

raymond

 

 

 

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Commentaires   

#1 Gg 04-03-2018 10:19
Par instinct, ignorance, inexpérience, inintelligence, légèreté, inattention, distraction, dispersion, négligence, l’activité mentale irrationnelle vient immédiatement nous donnant l’illusion que l’on est en présence des réalités. Quand la pensée rationnelle se substituera-t-elle à l’irrationnelle ?
Les perceptions, les structures émotionnelles et cognitives nouvelles sont-elles opérationnelles pour cela ?
Comme dans la natation de demain, des opportunités, des passages obligés, des transformations sont nécessaires, à créer, à renforcer et sans cesse à renouveler.
J’ai fréquenté et pratiqué avec des experts dans leurs domaines. J’ai donc vu et su que cela existe, est possible : quant à acquérir ces possibilités, c’est autre chose.
Il me reste à persévérer pour plus d’ « être », de « faire » pour « avoir » ces compétences.
C’est le chemin obligé de l’ignorance à la connaissance.
Gg

Pardon, vous n'avez pas le droit pour l'instant.