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LES DERIVES ACTUELLES

 

Au pouvoir laissé à l’Université de dénaturer les pratiques ( 1 ), vient s’ajouter celui de l’Education Nationale de sacrifier les nageurs en dénaturant les contenus à enseigner.

Piégés par le concret, nos théoriciens de la natation ont décrété qu’il existait deux modalités de nager, singulièrement en crawl, et que l’on pouvait (devait) apprendre à « nager vite » et « à nager longtemps » ! ( 2 )

Une autre étude s’inscrivant à contre courant des facteurs ayant fait évoluer la natation sportive, préconise de favoriser ce contre quoi les éducateurs conscients luttent, la fréquence des mouvements dans la nage des débutants. ( 3 )

Héritiers d’un passé qui avait imaginé de nombreuses « natation » élémentaire, éducative, utilitaire, sportive, hygiénique … etc. et parallèlement adeptes de la pédagogie traditionnelle nos « chercheurs » veulent que les élèves soient en mesure de reproduire, en les copiant, des formes gestuelles, qui ne sont en réalité que l’adaptation du nageur confronté à la solution d’un problème posé.

Faute d’avoir procédé à une analyse du fonctionnement des nageurs et noté la subordination des membres inférieurs aux actions des membres supérieurs dans un rôle complémentaire d’équilibration, nos éminents « chercheurs » en viennent à affirmer :

1) que la nage de vitesse et la nage de distance sont des nages différentes,

2) que les coordinations peuvent s’enseigner et les « défauts » se corriger !

3) qu’il y a deux moteurs impliqués dans l’action de nager.

 

Bien qu’ayant abandonné, pour la plupart, l’idée que les vitesses des deux moteurs puissent s’ajouter, ils persistent à penser que l’on puisse se rapprocher d’une continuité des actions propulsives, l’apport des jambes se manifestant dans l’intervalle des effets moteurs des membres supérieurs droit et gauche, particulièrement en sprint.

Pour parvenir à ces conclusions conformes à leur vision idéologique, ils sont obligés d’isoler des éléments du système, (jambes seules et ensuite bras seuls) et de les superposer dans un artéfact dont la réalité leur échappe.

La vitesse à laquelle se déplace le nageur résulte de la combinaison de deux facteurs complémentaires et à la limite antagonistes : le rendement et la puissance.

Les réponses spontanées du débutant font appel à la fréquence. S’y ajoute le fait que, comme sur terre, leurs actions se réalisent en utilisant des forces d’intensité constante, ce qui est complètement inadapté dans l’élément liquide.

Les enseignants connaissant la natation et soucieux de ne pas obérer les progrès de l’enfant, s’interdiront de renforcer la tendance spontanée à valoriser la fréquence et, pour tous les enfants favoriseront constamment la recherche d’amplitude.

raymond

 

NOTES

( 1 ) F. TOCHON Recherche et Formation INRP n°5 1989 p 28 – 35 « l’inadéquation des logiques de formation professionnelle, presque générale actuellement, tient à l’absence d’une réflexion contextualisée en situation et au pouvoir laissé à l’Université de dénaturer les pratiques. La réflexion sur la pratique n’a rien d’un savoir universitaire.

( 2 ) INSTRUCTIONS OFFICIELLES - Bulletin officiel spécial n° 5 du 19 juillet 2012

B.O. du 5 janvier 2012 page 2 et page 11

( 3 ) 5ièmes JOURNEES SPECIALISEES DE NATATION 27 – 28 mai 2014 à LILLE

- Zlatnik-Sorge, Albertini - Nager plus vite en valorisant la fréquence de nage p. 129. 

- Schnitzler C. - Rôle des jambes à différentes allures de nage Apport de l’analyse spectrale p. 121-122.

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