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THEORIE DE LA PORTANCE

N’EST PAS FONDEE

 

Les collègues et amis qui avaient participé au Congrès Mondial organisé par la FFN en 2005 à l’INSEP et assisté à mon exposé pédagogique ne s’imaginaient pas qu’une interprétation de la trajectoire sous marine des extrémités des membres supérieurs en crawl, fondée entièrement sur un artefact (phénomène artificiel observé lors d’une expérience et qui est le fait d’une intervention humaine) survivrait bien longtemps à la démonstration de son caractère illusoire.

Pourtant, il y a quelques jours, un de nos collègues CTR, exposant les vues actuelles sur la pédagogie et la didactique de la natation, s’est vu questionner sur le rôle de la portance par des professeurs d’Education Physique et sportive. Il est vraisemblable que ces derniers aient été imbibés de cette fameuse théorie lors de leur formation dans certaines UFRAPS.

La traduction en notre langue d’un ouvrage de E.W. Maglischco de 1982 « Swimming Faster » et sa diffusion par la Fédération des MNS sont venu constituer une aubaine pour des universitaires en mal de nouveauté ou d’originalité.

Counsilman fut un des premiers à filmer le déplacement des membres immergés de ses nageurs à partir d’une caméra fixe et ceci dans les 3 plans de l’espace. Comme la majorité des observateurs, il commence par repérer la trajectoire des extrémités des membres supérieurs et constate leur caractère curviligne dans leur passage sous la surface et surtout un trajet d’avant en arrière peu important.

Les entraîneurs qui ne disposent pas de caméras ou qui s’en servent pour filmer leurs nageurs au dessus de la surface, spontanément enregistrent leurs déplacements en étant centrés sur les extrémités des membres et de ce fait, prennent pour point fixe un point particulier du nageur lui même. (ici l’épaule dont on occulte les déplacements par rapport au centre de gravité du nageur et allongerait d’autant l’amplitude du geste).

Lorsque l’on compare, en les superposant, les deux types de trajectoire du même phénomène : la mobilisation des membres supérieurs par exemple, on est frappé par leur forme ou leur « dessin » très différents. Dans le premier cas on se trouve en présence d’une forme plus haute que large et dans le second cas d’une forme plus large que haute.

La première est insolite et en contradiction apparente avec l’intuition du nageur qui va chercher l’eau loin devant pour la pulser derrière lui. Les descriptions de l’époque du geste sont d’ailleurs assez significatives en distinguant dès l’entrée de la main dans l’eau, trois sous-phases respectivement appelées « appui, traction, poussée ». Curieusement des auteurs (F. Oppenheim en particulier) sont tentés de considérer que la totalité du passage des mains dans l’eau est propulsif et parle « d’appui tractif ». Centrés sur le mouvement les « techniciens » se doivent d’expliquer ce nouveau trajet dans ses 3 dimensions. Le terme de balayage vers l’intérieur, vers le bas, vers l’arrière, vers le haut et l’extérieur est utilisé. La « déformation » de la trajectoire dont nous expliquerons les raisons n’est pas analysée mais lue comme réalisée par le nageur.

En apparence la main effectue bien des trajectoires qui semblent plus souvent descendre ou monter que de se déplacer d’avant en arrière. Et cependant elles correspondent à un endroit donné à la phase de propulsion du nageur. Il faut donc construire de toutes pièces ou inventer un système explicatif.

La main, dit on, se comporte comme une hélice et l’hélice comme une aile d’avion. Délibérément ou inconsciemment on occulte le caractère discontinu des actions des membres supérieurs. La notion de portance se trouve appelée au secours.

Définition : « force perpendiculaire à la direction de la vitesse, dirigée vers le haut et s’exerçant sur un solide en mouvement dans un fluide ».

La portance est proportionnelle à la surface *, son intensité varie comme le carré de la vitesse.

* Pour augmenter la portance lorsque l’avion décolle ou atterrit (vitesse faible), les ailes des avions sont dotées de volets, que l’on sort à volonté pour augmenter la surface de l’aile ; ces volets sont rentrés lorsque l’appareil atteint une certaine vitesse.

Au cœur de la problématique une simple définition de la notion de « mouvement » (déplacement dans l’espace en fonction du temps et par rapport à un référentiel ou point arbitrairement déclaré fixe).

C’est en effet la confusion de référentiel qui fait attribuer au nageur des mouvements qui en réalité sont la combinaison des déplacements de son corps vers l’avant et de ceux de ses propulseurs vers l’arrière.

Ces lectures étaient abusivement déclarées « études biomécaniques » en oubliant que dans ce terme il y a aussi « mécanique ».

Il suffisait en effet de démontrer que des données issues de la cinématique (partie de la mécanique qui étudie les mouvements indépendamment des causes qui les produisent) ne pouvaient induire de conclusions de caractère dynamique (branche de la mécanique qui étudie le mouvement considéré dans ses rapports avec les causes qui le produisent).

En réalité le nageur se propulse en raison des masses d’eau qu’il est en mesure d’accélérer dans le sens opposé à la direction de son déplacement.

La théorie de la portance s’inscrit bien dans la logique de la pédagogie du mouvement.

Les personnes intéressées se reporteront à une étude plus détaillée dans le n° 42 de la revue DIRE.

raymond

 

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