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Subordination de la nage à l’action des jambes
Suite aux questions de Dj :
Bonjour,
Une question me taraude l'esprit en lien avec ce que j'observe sur le bord du bassin.
Lorsque j'observe les nageurs qui nagent le crawl, je parle des nageurs qui se sont construit par eux-mêmes, c'est à dire qu'ils se déplacent à vitesse "lente" mais là n'est pas mon propos.
Question centrale: quels sont les critères observables pour déterminer qu'un nageur se propulse "prioritairement" par les jambes?
Aujourd’hui je vais voir une nageuse que je n'ai jamais vue qui nage en crawl et lui demande ce qui l'a fait avancer. Sa réponse : traditionnellement on se déplace par les jambes.. Je lui reformule ma question en lui demandant que je souhaite sa réponse et la elle me confirme qu'elle se propulse par les jambes car elle a appris à le faire comme ça étant plus jeune, elle doit voir la trentaine.
J’en reste la, je regarde de nouveau mais j'ai du mal à observer si elle se propulse prioritairement par les jambes, cela m'intrigue et je vais la revoir et lui demande se propulser par les bras en lui proposant, que les bras donnent le rythme aux jambes, je lui précise que les jambes doivent se libérer lorsque qu'elle se propulse avec les bras et la j'observe une différence, plutôt un remous à l'arrière et un mouvement des jambes plus "amples".
Je reprends ma question posée plus haut:
quels sont les critères observables pour déterminer qu'un nageur ou une nageuse se propulse "prioritairement" par les jambes? Est ce qu'une fréquence élevée des jambes est un critère observable et suffisant?
Est ce que les bras se déplaçant à vitesse uniforme est un critère observable et suffisant?
Est ce que lorsque la personne inspire sur le coté (tête et tronc tourner sur le coté regard orienté vers le plafond) tout en s'arrêtant de nager comme si elle était figée puis replonge la tête en élevant la fréquence des jambes est un critère observable et suffisant?
Est ce que si j'observe un léger mouvement de piston des jambes est un critère observable et suffisant?
Quels sont les critères à prendre en compte sans demander à la personne ce qui la propulse? Ou plutôt une fois que j'ai croisé plusieurs observables précis, je vais lui demander en dernier lieu pour confirmer ou infirmer mes hypothèses ?
Merci,
Dj
Notre collègue Dj nous pose souvent des questions intéressantes. Les entraineurs et formateurs en tireront bénéfice.
On sent chez lui le pédagogue soucieux de comprendre le fonctionnement des nageurs.
Pour ma part je serais tenté de revoir la structure fondamentale de toutes les nages, à savoir la discontinuité de la propulsion en nage dorsale à 2 bras. Chaque action propulsive suivie du temps de projectile prolongé.
Systématiquement, en crawl, j’obtiendrai de mes nageurs une respiration de chaque coté. Un exercice particulièrement structurant consiste à soulever hors de l’eau, le membre supérieur qui se trouve en avant pendant l'inspiration. Cela implique une modification des battements de jambes en cohérence avec la nécessité d’équilibrer la nage.
Une régularité et uniformité dans les battements indépendamment des changements d’allure est peut-être un indicateur d’une subordination de la nage à l’action des jambes, en la recherchant propulsive on la détourne de sa fonction essentielle d’alignement de l’ensemble du corps sur la trajectoire de déplacement. Chez les meilleurs nageurs on repère systématiquement deux temps forts à chaque cycle de nage en étroite relation avec la propulsion.
Nous aimerions connaitre le point de vue des collègues sur cet intéressant problème.
raymond
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L’EXPÉRIENCE DE NICOLAS : représentations fausses et tête relevée
Nicolas est un nageur de haute performance expatrié au Québec où il continue à nager de longues distances souvent avec succès.
Il a été « formé » en France selon les méthodes traditionnelles s’inscrivant à contre courant de l’évolution de la technique en natation et qui lui ont valu de connaître des succès mais également quelques traumatismes de l’épaule.
Ce sont les nageurs qui, confrontés aux problèmes posés par les adversaires, font évoluer la technique. L’analyse de cette évolution nous montre qu’en respectant les contraintes imposées par les lois de la physique, (auxquelles personne ne peut échapper) les performances s’améliorent considérablement. C’est ainsi que des jeunes filles réalisent maintenant les chronos des champions et recordmen du monde du siècle précédent.
Bon nombre d’entraineurs véhiculent encore des représentations fausses qui guident leurs consignes et qui vont à l’encontre de ce que l’on observe chez les meilleurs. Parmi celles-ci « nager avec la tête plus ou moins relevée » a la vie dure.
Le problème posé au nageur consiste principalement à réduire les résistances à sa progression dans l’eau. Ces résistances sont en premier lieu de deux types. La première liée à la « résistance de vague » disparaît dès que l’on immerge la tête. L’autre ou résistance à l’avancement varie comme le carré de la vitesse. C’est ainsi que pour doubler sa vitesse de déplacement il faut multiplier la puissance requise par huit.
Quelques consignes respectées voient les performances s’améliorer.
1) immerger complètement la tête et la fixer pour permettre aux épaules de mieux pivoter (roulis).
2) Aligner l’ensemble du corps selon la trajectoire de déplacement
3) Donner à l’ensemble déplacé une certaine « indéformabilité » tonifier.
4) Associer les épaules aux déplacements des membres supérieurs.
Au début l’application de nouvelles consignes peut dérouter le nageur comme tout changement nécessitant de nouvelles coordinations. Il faut résister à l’idée de revenir à l’ancienne manière de nager.
Nicolas a eu l’opportunité de vivre en France plusieurs stages et séminaires (formation de MNS, Formation d ‘entraineurs qui lui ont permis d’expérimenter une autre façon de nager. Ses nouvelles performances ont suffi pour le convaincre de la nécessité de nager en respectant les lois physiques.
Comme Nicolas ceux d’entre vous qui ont vécu une semblable expérience lui rendraient service en en témoignant. Par avance nous les en remercions.
raymond
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INDICES CONCORDANTS Troisième Partie
la vision fonctionnelle de la locomotion du nageur
Dans la PREMIERE PARTIE nous avons vu l’inestimable intérêt d’une observation gestuelle d’une séquence filmée, abordée image par image, nous livrant des détails qui auraient échappé à l’observateur attentif ne disposant pas de cette fonctionnalité.
Des repères d’espace, temps et de coordination nous ont ouvert la voie à la fonction des phases étudiées elle-même ne prenant du sens que dans le fonctionnement de l’ensemble : une totalité agissante !
Nous aurions pu également attirer l’attention sur un détail significatif ou indicateur de ce qui caractérise le retour aérien de Matthès : la flexion de la main sur l’avant-bras, témoignant du « relâchement » en apparente contradiction avec le membre supérieur en extension de l’avant-bras sur le bras. Ajoutons que ce M.S. rejoindra la surface et la traversera, paume de la main toujours orientée vers le haut.
Dans la DEUXIEME PARTIE, nous avons attiré l’attention du lecteur sur la nécessité de considérer le référentiel de tout « mouvement » et sans laquelle tout ce que l’on peut en dire ne peut être exploité. La superposition des images d’un même mouvement selon les référentiels ego et exo centrés impose une « explication » du changement radical des apparences.
C’est en quelque sorte un passage du mouvement (cinématique) du nageur (référentiel égocentré) à l’action (mécanique), c'est-à-dire l’interaction mouvements-substrat (référentiel exocentré).
Ce qui se passe à l’intérieur de la boucle, objet d’une étude plus fine, s’imposera au formateur et à l’entraineur qui recherchent l’efficience (La natation de demain pp. 50 et 51).
Pour retirer rapidement les informations les plus utiles on choisira la caméra fixe filmant le nageur de profil.
TROISIEME PARTIE
L’activité perceptive procède par centrations, centrations successives qui nous font passer des membres supérieurs aux membres inférieurs ou inversement. Leur mise en relation permet de faire apparaitre leur coordination et dans un second temps la subordination (dépendance) de l’un par rapport à l’autre. Connaître « ce qui est subordonnant » est une information précieuse pour l’enseignant entraîneur.
Le point avant objectif P.A. (dans le référentiel exocentré) marque la transition entre la fin aquatique du retour et le début de la fonction propulsive. Le changement de sens d’AR-AV à AV-AR implique une vitesse nulle par rapport au nageur mais conserve celle du déplacement du nageur dans l’eau à cet instant. La première condition pour que la masse d’eau devienne « masse d’appui » c’est quelle soit pulsée à une vitesse supérieure à la vitesse de déplacement du nageur et en sens inverse au déplacement.
L’ESPACE
Centration su les M. (Ce point ne caractérise pas une fonction)
P.A. dans un référentiel exocentré le retour de bras (AR à AV) est terminé, le bout des doigts change de sens (AV à AR). La pale du nageur (main + avant-bras) s’est orientée pour pulser une grande masse d’eau (la pâle est construite à partir du coude et non pas à partir du poignet. Le coude est situé au dessus du bout des doigts). Par rapport au référentiel exocentré sa vitesse vers l’arrière est devenue égale à celle du nageur vers l’avant. Pour accélérer le nageur, elle devra aller plus vite vers l’arrière que le nageur vers l’avant.
Là va pouvoir commencer l’action propulsive.
On remarquera que le coude est venu se placer au niveau du front, ce qui permettra à la pale de parcourir un trajet important. Le point (PA) est dit « remarquable », il caractérise le début d’une fonction.
Le nageur vient de déclencher l’action propulsive avec intensité. La pale remarquablement orientée se dirige en accélérant la masse d’appui en sens opposé au déplacement du nageur.
La poussée se termine avec le coude près des hanches, pale toujours orientée, pour amorcer son retour.
Centration sur les M.I.
Les deux premières images consacrées à l’organisation de la pale montrent curieusement (curieusement pour qui pense que la fonction du battement est propulsive en dehors des phases propulsives des bras) une relative immobilisation d’une jambe en position haute se prolongeant par une rotation externe du pied.
Sur la dernière image, le pied en rotation externe est venu exercer une poussée sur des masses d’eau pour compenser la déviation du corps, conséquence de la poussée des bras à l’extérieur du plan sagittal vertical contenant à la fois, le grand axe du corps et l’axe de direction du déplacement du nageur. En accélérant intensément la masse d’appui le bras s’écarte de l’axe du corps (« le moteur » grand dorsal et plus puissant que le grand pectoral).
Cette coordination déclenchée par le cervelet n’est pas consciente (les coordinations s’opèrent par réajustement). C’est le degré d’intensité avec laquelle la masse d’appui est accélérée (provocant plus ou moins l’écartement du bras du plan sagittal) qui inconsciemment (cervelet) « ajuste » le battement (raison pour laquelle on dit que le battement est subordonné à l’action de bras).
LE TEMPS
Fréquence des prises de vues : 30 images par seconde
Durée d’un cycle : 1. 75 sec
Durée de la phase propulsive : 0.3 sec pour chaque M.S..
Organisation en corps projectile 1.75 sec
Organisation en corps propulseur 0.6 sec
LES COORDINATIONS
L’image 3 montre la fin de poussée d’un membre supérieur et l’extension complète de son opposé en référentiel égocentré. Nombreux sont les entraineurs qui évoqueraient un « rattrapé ».
Les membres inférieurs s’organisent en permanence pour assurer l’alignement du corps sur l’axe de déplacement. Leur activité n’a rien de continu mais dépend de leur fonction.
Elle dépend à chaque instant de ce que font les membres supérieurs auxquels ils sont donc subordonnés. Le terme d’équilibration n’est pas le plus pertinent bien qu’évoqué souvent. (Alignement conviendrait probablement mieux !
LES FONCTIONS
C’est leur coordination qui assurera la réussite de l’action
Le nageur doit à la fois orienter sa trajectoire et orienter son corps sur cette trajectoire. Cela suppose une représentation fine de son corps et de son espace d’action. (Dimension informationnelle)
Il doit à tout instant rechercher l’efficience de son activité en conservant la plus grande amplitude associée à la puissance. Le meilleur rendement (rapport de l’énergie transformée à l’énergie dépensée) est en permanence recherché. (dimension énergétique).
LE FONCTIONNEMENT
Le nageur s’organise pour passer efficacement à travers les masses d’eau en étant inévitablement freiné et périodiquement doit par accélérations retrouver la meilleure vitesse moyenne de déplacement. Il doit gérer la puissance disponible.
Périodiquement aussi il doit s’informer des caractéristiques de son espace d’action en relation avec celui de ses adversaires. Il en est de même de sa situation dans l’épreuve : meneur ou mené. Il « pilote » l’épreuve.
Il doit encore coordonner la recherche d’une plus grande immersion et sa ventilation.
Il est intéressant d’observer le nageur qui est à l’arrière plan, lui aussi sur la première image et au point avant réf. égocentré et de le comparer avec Thorpe.
CONCLUSION
Les textes réunis sous le thème « indices concordants » cherchent à amener progressivement le lecteur à une vision fonctionnelle de la locomotion du nageur.
Cette vision est indispensable pour qui veut dépasser la pédagogie du mouvement, elle va permettre de rompre avec des exercices traditionnels qui se fondent sur le concret, le visible et non pas sur le réel, elle va ouvrir la voie vers une option pédagogique constructiviste dite de l’action qui sera source de transformations rapides et efficaces.
Ils apportent des pistes pour répondre à la « devinette ».
Ils apportent des éléments pour aborder une étude critique, demandée par l’auteur, des textes de Florent (LA NATATION : UNE SYNERGIE ! ; CORRÉLATION BATTEMENTS-MASSE D'EAU - LE CAS IAN THORPE )
Ils ouvrent la voie à tous les échanges.
raymond
avril 2018
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De l’IMAGE au FONCTIONNEMENT
Si vous voulez rester cantonné dans la pédagogie traditionnelle suivez les conseils de Giuseppe. Ne regardez que nos nageurs actuels !
Certes et de tous temps les nageurs ont fait évoluer la technique à la recherche d’un meilleur rendement.
Mais si vous désirez comprendre le fonctionnement du nageur il vous faudra repérer l’évolution historique et mettre en relations les particularités et parfois singularités des mouvements et de leur fonction (ce à quoi elles servent) dans l’activité locomotrice. (Fusion d’actions élémentaires en « action de niveau supérieur »). (Cf. : « Les praxies chez l’enfant » de Jean Piaget
Comprendre le fonctionnement c’est accéder à ce qui n’est pas immédiatement visible.
« Les mouvements ne sont que les aspects visibles des actions » (Henry Wallon)
Faute d’être en capacité de les interpréter (attribuer leur originalité à l’effet repérable dans les modifications qu’elles impliquent dans l’action) les images des mouvements deviendront ce qu’il faut reproduire. (Pédagogie traditionnelle).
Pour pouvoir exploiter des images le choix du référentiel est fondamental.
Dans l’image de la devinette, en référentiel exo centré, l’écartement maximal de l’axe du corps de la main (vu de face) correspond au point profond (vu de profil).
L’interprétation est guidée par la compréhension que l’on a de la nécessaire coordination des fonctions de direction, d’immersion, d’alignement, d’horizontalité et de propulsion du corps sur son axe de déplacement.
Ce dernier point correspond à ce que nous appelons notre « modèle théorique de fonctionnement », fruit de la théorisation des pratiques.
Selon vous, quelles fonctions se trouvent impliquées dans l’originalité de cette image ?
raymond
mai 2018
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CONNAISSEZ-VOUS LA NATATION ? La réponse à la devinette !
Le contexte : nous sommes à MONTREAL aux J.O. de 1976 dans l’épreuve du 100 m. nage libre.
Journalistes et entraineurs s’accordent pour affirmer que Peter NOCKE, qui terminera à la troisième place de la finale, possède un battement de jambes « exceptionnel ». Probablement en raison de son amplitude et de son intensité, et certainement en raison du propulseur bras qui s’écarte du plan sagittal.
A plusieurs reprises déjà, nous avons expliqué pourquoi, à puissance très élevée le membre supérieur s’écartait du corps.
Une autre idée est partagée par les techniciens de l’époque « les épaules doivent être maintenues parallèles à la surface de l’eau » et donc horizontales (afin que le corps puisse rester bien à plat !)
Les images de Counsilman en référentiel égocentré (point fixe : les épaules du nageur) n’y sont peut-être pas étrangères.
La tête en extension « nager haut pour nager vite croyait-on » (l’image du hors-bord est tenace) ne facilite pas le roulis du corps qui permettrait de réaliser les poussées des masses d’eau dans le plan sagittal vertical contenant l’axe de déplacement.
Nos visiteurs ont été intrigués par le passage « latéral » du membre supérieur au point de suggérer logiquement d’autres modes de nage que le crawl.
Ici encore, il faut mettre les données en relations. Il est vrai que nos amis ne disposaient pas de l’information relative aux « battements exceptionnels ». Dès lors que l’on peut faire ce lien, la logique d’entrée en jeu des fonctions de propulsion par les M.S. et de réalignement par les M.I. est respectée en devenant un « nouvel indice concordant » justifiant notre représentation du fonctionnement du nageur.
raymond
avril 2018