À la recherche d’une performance :
la démarche, la natation et le cadre de la locomotion sur terre
Suite à la question de BM:
Bonjour,
Nous nous sommes rencontrés lors du dernier séminaire à Dinard durant lequel j'étais stagiaire.
J'ai fait le choix de poursuivre ma formation cette année dans un autre domaine (celui de la préparation physique) et durant un séminaire portant sur l'amélioration de la foulée chez le sprinter j'ai été confronté à une situation que j'ai eu l'impression d'avoir déjà vécue.
En effet lors de ce séminaire, l'intervenant, entraîneur des coureurs de sprint d'un club d'athlétisme de renom à développé 6 paramètres autour desquels selon lui la foulée du sprinter s'organise (je cite) :
- le placement : organisation du corps au moment de l'appui
- le déplacement : déplacement du bassin sur l'appui
- le griffé : action du pied d'avant en arrière
- le travail du pied : capacité de rebond, création de force sur l'action du pied
- le caractère des tensions : fonctionnement pliométrique
- le rôle des membre libres : utilisation du balancier
Pour chacun de ces paramètres il nous était proposé différentes situations visant à faire progresser l'athlète sur tel ou tel aspect que l'on pourrait comparer aux dits "éducatifs" en natation.
Par exemple :
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pour améliorer le placement : effectuer différents types de "skipping " ;
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pour améliorer le déplacement : effectuer différentes foulées bondissantes ;
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pour améliorer le "griffé" : effectuer des déroulements plantaires ;
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pour améliorer le rôle des membres libres : supprimer ou amplifier l'utilisation des mouvements de bras pour, je cite, "permette à l'athlète de mieux ressentir le placement du bassin".
Et tous ces exercices de développements sont souvent visibles dans l'entraînement de haut niveau en sprint.
Je ne jette absolument pas la pierre à cet entraîneur qui je n'en doute pas à déjà dû faire progresser bon nombre d'athlètes, j'ai simplement l'impression de me retrouver face aux mêmes problématiques que nous pouvons retrouver sur le bord des bassins en natation: des problèmes pas véritablement identifiés auxquels on propose des situations qui, on croise les doigts, modifieront l'organisation de l'athlète.
J'aurais souhaité savoir si selon vous, la démarche que vous proposez en natation est utilisable dans cette discipline ?
Si oui quelle démarche puis-je avoir pour identifier les problèmes posé aux sprinteurs, et ainsi trouver des situations modifiant véritablement leurs manière de s'organiser?
Dans l'attente de vos réponses, veuillez pardonner toutefois les évidentes erreurs de langage, j'ai cherché à m'exprimer avec les mots qui me semblaient justes.
Cordialement,
BM
La manière dont nous pensons et celle dont nous nous exprimons sont intimement liées.
« Le désordre qui règne dans l'emploi que nous faisons du langage entraîne un désordre correspondant dans notre pensée, notre réflexion. Une pensée confuse ou incorrecte se répercute et se reflète dans nos modes d'expression, d'où une communication verbale entre individus incertaine ou déformée. »
Alfred Korzybski
Nous remercions très sincèrement notre ami BM de nous faire partager une réflexion à propos d’une « formation » complétant celle qu’il a vécue lors du dernier séminaire de Dinard.
Nous restons dans le domaine de l’activité sportive à la recherche d’une performance dans le cadre d’une locomotion sur terre : un parcours de sprint. L’intervenant propose de prendre en compte 6 paramètres constitutifs selon lui de la capacité à courir à la plus grande vitesse.
Avec pertinence et à partir d’un cadre de référence utilisé à Dinard, BM évoque des analogies dans les problématiques dans lesquelles les « problèmes abordés » ne sont pas clairement identifiés.
Immanquablement la pensée spéculative et l’idéologie (le monde imaginé de l’entraineur substitué à la réalité) vont conduire à des impasses.
Le thème du regroupement est formulé comme suit : « amélioration de la foulée chez le sprinter » deux questions émergent :
1) la foulée est-elle constante du départ à l’arrivée de l’épreuve ? Qu’en est-il des activités dites cycliques ?
2) sur quels aspects « mécaniques » ou biomécaniques portent les conditions d’améliorations possibles ?
Une référence à la haute performance devrait nous aider à clarifier le problème !
L’amplitude, la fréquence et la vitesse moyenne produite ne cesse de varier entre le départ et l’arrivée. Chaque « foulée » comporte une phase d’accélération suivie d’une perte de vitesse.
Si l’on considère l’organisation d’un cycle, d’une « foulée », il est classique de distinguer deux phases : celle où les membres sont en contact avec le sol (le posé) et celle pendant laquelle il n’y a plus contact (le levé). Chaque phase comporte une flexion des différents segments du membre inférieur les uns par rapport aux autres enchainée à leur extension.
L’impulsion « propulsive » ne devient possible que lorsque l’articulation de la hanche passera à la verticale de l’appui dans la seconde sous phase du posé.
Les didacticiens de la discipline analyseront la liaison entre la mise sous tension (évoquée par l’entraineur) des muscles extenseurs de la jambe sur la cuisse préalablement à leur extension lors du posé à la recherche du meilleur rendement. (Capacité de rebond) ! La gestion de la puissance des impulsions tout au long de l’épreuve sera certainement envisagée.
On notera avec intérêt que l’entraîneur a à sa manière évoqué l’organisation posturale en précisant « au moment de l’appui ».
La notion de « griffé » doit impérativement être clarifiée et située. Dans les années 50 des entraîneurs évoquaient déjà cette idée que le pied pouvait se porter d’avant en arrière dès le posé, ce qui est une impossibilité mécanique avant que la hanche ne soit passée à la verticale de l’appui.
N’ayant pas l’expérience de la pratique d’entraînement en athlétisme, je ne puis que souhaiter que les personnes compétentes nous apportent leur éclairage « instruit » en la matière.
Selon toute vraisemblance la démarche proposée en natation serait profitable au développement d’autres disciplines. L’attitude expérimentale s’imposerait pour progresser en connaissances.
raymond
Commentaires
S’il en est de la pensée comme de la natation, le désordre qui règne dans l’emploi de la natation d’hier, la confusion se répercutera dans la natation d’aujourd’hui.
C'est quoi la pensée?
Selon CNRTL
I.- (La pensée comme faculté)
A.- Principe de la vie psychique
B. – PENSÉE, (P. oppos. à affectivité, sensibilité] Principe de la vie intellectuelle. Synon. Entendement, esprit (v. ce mot 2esection I C), intelligence.
1. Philos., psychol.
a) Ensemble des fonctions psychiques et psycho-physiologiques ayant la connaissance pour objet ; ensemble des phénomènes par lesquels ces fonctions se manifestent. Genèse, mécanismes, opérations, productions, troubles de la pensée.
Comment ça fonctionne ?
dans la natation d’aujourd’hui.
“Si ça ressemble à un canard, si ça nage comme un canard et si ça cancane comme un canard, c'est qu'il s'agit sans doute d'un canard.”
Proverbe américain
C'est le Duck test, en français test du canard, une formule humoristique d'induction pour exprimer qu'on peut identifier une chose à partir de quelques caractéristiques, voire de réfutation pour dire qu'il ne suffit pas de quelques caractéristiques pour qu'une chose soit ce qu'elle paraît.
En arrière fond, le fond mental : sur quelle structure s’organise le processus de la pensée ?
Contrairement au nageur dans l’eau qui supprime les informations liées aux appuis plantaires, les paramètres proposés pour l’organisation du sprinter révèlent l’importance des appuis et du pied. Toutefois nos activités psycho-motrices sont conditionnées par « l’humain » que nous sommes avec toutes ses complexités avec un de ses aspects, la biomécanique fonctionnelle.
Nos modes de pensée sur le sujet (quels qu’ils soient) devront s’ordonner.
L’axe tragien « tronc », la tête, le centre de gravité, l’auto-grandissement, l’équilibre postural, la locomotion dans le milieu, l’impulsion initiale, l’accélération entretenue, etc. sont aussi pris en compte en natation pour une création dans l’activité.
« Selon toute vraisemblance la démarche proposée en natation serait profitable au développement d’autres disciplines. L’attitude expérimentale s’imposerait pour progresser en connaissances » Raymond Catteau.
Michel DUFOUR et M. PILLU, Biomécanique fonctionnelle, Masson, 568 p. 2006.
Entre autres (47 pages sur le pied et pour cette dernière une bibliographie de 130 auteurs).
Également du même auteur et éditeur, pour utiliser un langage commun de l’anatomie (PNA) la référence obligée depuis cinquante-sept ans en France.
« Lexique de nomenclature anatomique de l’appareil locomoteur », 60 pages, 2001. Ex. la scapula (omoplate), la fibula (péroné)…
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