Travaux pratiques - analyse de mouvements
Pour aider notre ami Giuseppe rencontrant des obstacles pour voir, décrire, analyser et interpréter les mouvements des membres inférieurs et du tronc ( Travaux pratiques - A propos de l’équilibre et des fonctions d’équilibration (G) ), nous allons réaliser ces mêmes tâches à propos de la séquence qu’il appelle « pivotement » ; celui-ci s’opère autour de l’axe des épaules.
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Si un fait n’a d’intérêt que dans la mesure où il est déterminé ( Décrire ce que l’on perçoit ), entendons que si l’on peut en retrouver la cause, le déclenchant, nous mettrons en évidence ce qui produit la rotation du tronc par rapport à l’axe précité.
Caractéristique du déplacement de la fillette : elle procède par ancrages des mains à la ligne d’eau en déplaçant la main gauche à partir de la main droite agrippée, fixe la main gauche et rapproche ensuite la main droite (l’équivalent sur terre serait des « pas chassés ») et ainsi de suite ; les mains ne se croisent pas.
Pour chevaucher sa camarade, elle a fixé sa main gauche entre l’épaule et la main gauche de sa camarade. Pour maintenir la tête sortie de l’eau et ne pas passer sous sa camarade elle exerce un appuisur la ligne d’eau qui s’enfonce puis se stabilise.
Un tel appui a pour conséquence un rapprochement du bras en direction du tronc (rôle prédominant du grand dorsal) . Mais le bras étant fixé, c’est le tronc qui va se rapprocher du bras.
Dans la situation d’immersion, pesanteur et poussée d’Archimède se neutralisant, le tronc et les membres inférieurs se comportent comme en « apesanteur » et se déplacent aisément vers la surface.
Durant cette phase la tête est restée stable en conservant son orientation ; de ce fait je me garderais bien d’évoquer une « stimulation des organes de l’oreille interne »
On remarque également qu’au terme du chevauchement la fillette a engagé la totalité de l’avant-bras en appui sur la ligne d’eau. Cet appui sur un seul bras va la faire pivoter latéralement.
Le retour à la situation initiale va impliquer d’autres actions que Giuseppe va pouvoir désormais décrire et interpréter plus explicitement et complètement que par l’expression « bat des jambes ».
Ensuite on pourra envisager des changements d’orientation du corps en l’absence d’accroches solides.
raymond
Commentaires
Je ne vois pas ce que ton « aide » m’apporte de plus par rapport à ce que j’ai marqué dans mon dernier commentaire (Travaux pratiques - A propos de l’équilibre et des fonctions d’équilibration (G) - # 5), l’as –tu bien lu ? En ce qui me concerne, je n’ai rien de plus à ajouter sur ces images, à part une intégration sur le pivotement latéral qui suit le chevauchement et ma réponse sur la stimulation des organes de l’oreille interne.
Sur le pivotement latéral
Oui, on remarque bien l’engagement de l’avant-bras gauche afin d’établir un accroche solide sur la ligne, cela en raison du fait que la gamine tend à être au plus près de la ligne (non appréciation de la suspension dans le fluide) et, étant contrainte de renoncer temporairement à l’accroche de sa main droite pour finaliser son chevauchement, elle s’assure à la ligne en la plaçant entre son bras gauche et son buste. En ce faisant, elle renonce à une partie de l’ensemble articulaire de son membre supérieur gauche, à savoir le poignet et le coude, dons elle en limite les possibilités de mouvement et la seule action qu’elle peut entreprendre pour se rapprocher de la ligne c’est une adduction du bras sur le buste. Cette action, en absence d’accroche au niveau de sa main droite, provoque un pivotement latéral de 90° par rapport à la ligne d’eau.
Pour rapprocher la partie droite de son corps à la ligne d’eau, la gamine récupère son accroche solide au niveau de sa main droite et produit une flexion de l’avant-bras sur le bras (droit). Les membres inférieurs sont inactifs tout au long de cette action. Tout cela se passe entre les secondes 3 et 5 de la vidéo. Une fois que la ligne des épaules (ou l’axe si tu veux) est à nouveau parallèle à la ligne flottante, les membres inférieurs s’activent. Le reste est dans le commentaire #5 que je cite en haut.
Sur la stimulation des organes de l’oreille interne
Plusieurs éléments dans la vidéo nous suggèrent que les organes de l’oreille interne, responsables de la perception de la position de la tête, subissent une stimulation. A commencer de la position de la tête qui ne demeure pas stable mais, au contraire, subit un enfoncement et une inclinaison, en raison du fait que la gamine qui chevauche prend appui avec ses genoux sur le bassin de l’autre gamine, en provoquant ainsi un pivotement autour de la ligne d’eau, en d’autres termes une accélération avec changement de direction. Souvenez-vous de ce que j’ai écrit sur mon TP (finalement, ce n’était pas si hors sujet que cela) :
« … le passage d’un appui sur un accroche solide (la ligne) à une suspension dans un fluide représente un changement de substrat de soutien (et pour la stabilisation et pour la locomotion), qui comporte une rupture d’équilibre des forces bien plus prononcée (qui se traduit en une accélération) et qui donne à l’enfant une sensation initiale de chute. »
Ici, cela se produit en moindre mesure, puisque l’accroche solide n’est pas lâchée, mais la partie inférieure du corps de la gamine qui est accrochée et ne se déplace pas subit l’application d’une force (gamine qui la chevauche) qui la fait évoluer dans une masse fluide, alors que la partie supérieure de son corps est solidement accrochée à la ligne d’eau. Le déplacement ainsi produit cause un changement de la position du corps et de la tête chez les deux gamines (plus chez la gamine qui ne se déplace pas, moins chez la gamine qui chevauche).
On observe chez la gamine qui chevauche un enfoncement des épaules et de la tête ainsi que une inclinaison de la tête par rapport au plan horizontal de la surface. La gamine produit une flexion avant de la tête sur le buste afin de la ramener en position verticale, alors que les épaules restent immergées. Un tel comportement moteur est indice d’une stimulation des organes de l’oreille interne (entre les secondes 1 et 2 de la vidéo). Autre indice de la stimulation des organes de l’oreille interne, l’intensification du battement de jambes (pied en flexion plantaire-prise d’appui sur la masse d’eau avec la surface supérieure du pied) suite à l’accélération subie par les deux gamines, donc un comportement moteur en réaction à la perception d’un changement de la position du corps, qui vise la récupération de la position initiale.
Cela est vraiment tout de mon coté, j’ai écrit tout ce que je vois et perçois sur ces images. Le reste ne m’appartient pas, pour citer Newton : Hypotheses non fingo.
Raymond, je t’invite à terminer ton TP, pour que l’on puisse confronter nos visions sur le phénomène observé.
Egalement, j’aimerais bien lire ta réponse en relation au travail sur la vidéo de Roland Matthès que j’ai publié sur mon pdf (Post Un débat qui rend service - travaux pratiques - 10 février 2016) et rappeler qu’il y a une deuxième partie de ce pdf qui est en attente de publication (je suis prêt à l’envoyer à tout moment).
Au plaisir de continuer les échanges
Giuseppe
Ce serait vraiment dommage et préjudiciable de mettre un terme au TP alors que l’on arrive enfin au cœur du problème.
« Une fois que la ligne des épaules (ou l’axe si tu veux) est à nouveau parallèle à la ligne flottante, les membres inférieurs s’activent. »
En réalité il serait judicieux de constater que c’est à partir du moment où l’ensemble du corps s’est le plus approché de la surface.
Là commence la nécessité d’une description de cette « action élémentaire ».
Tu ne peux pas te contenter de (je te cite) La gamine bat des jambes tout simplement !!!
Où se trouve chez toi l’obstacle épistémologique ?
Encore un petit effort : c’est quoi ce battement ? Cela peut se décrire : espace, temps, coordinations...
Battre = frapper à coups répétés avec un instrument, nous précise le dictionnaire.
L’instrument ce serait les membres inférieurs.
Les coups répétés ce que l’on observe et qu’il convient de décrire puis analyser.
Ce n’est pas dans le dictionnaire mais cela me semble important : pour être « répétés », après le coup il faut « préparer » le suivant. Qu’est-ce qui caractérise ce « retour » ?
Les battements ont eu un effet !
Les images nous montrent qu’elles ont modifié l’orientation d’autres parties du corps.
Un petit retour aux images et à bientôt
raymond
« … les membres inférieures de R (ne bouge pas, ndr) et de V (chevauche R, ndr) s’activent en produisant un enchainement de mouvements de flexion-extension de la jambe sur la cuisse (plus prononcé chez V) et de flexion-extension de la cuisse sur le tronc. Le temps fort du mouvement est en correspondance de l’extension jambe-cuisse, orienté de bas en haut puis de l’arrière vers l’avant (changement de position) pour V et de haut en bas pour R. On observe chez V une flexion plantaire prononcée au niveau de ses pieds, R maintient ses pieds en flexion dorsale. »
Cela devrait répondre en partie à :
« …c’est quoi ce battement ? Cela peut se décrire : espace, temps, coordinations... »
Et :
« L’espace soumis à l’observation est composé d’un espace d’action (l’ensemble visible des images et d’espaces de sujets évoluant dans l’espace d’action. »
Je pense qu’en utilisant les trois plans de référence (version terrienne) j’ai traité si bien l’un que l’autre.
« Pour évaluer la durée, l’unité de temps est l’image (fréquence des prises de vues). »
A titre d’exemple, à partir de la seconde 6 les deux battements de la jambe gauche de la gamine en déplacement sont respectivement (12 images extension-8 images flexion) et (10 images extension-7 images flexion), ce qui traduit à mon sens un appui prolongé sur l’eau afin de produire un déplacement et un retour rapide (ou armement si tu veux) pour produire l’action motrice suivante.
Apparemment il y a des coordinations à repérer :
« Les coordinations caractérisent l’entrée en jeu des fonctions et ces fonctions sont elles-mêmes sollicitées dans la réussite de l’action. »
Je pense que tu te réfères à la fonction d’équilibration. Tu continues :
« …pour être « répétés », après le coup il faut « préparer » le suivant. Qu’est-ce qui caractérise ce « retour » ? Les battements ont eu un effet ! Les images nous montrent qu’elles ont modifié l’orientation d’autres parties du corps.»
Ce que je peux observer c’est que la gamine (en déplacement) s’appuie sur la ligne avec le bras gauche (flexion de l’avant-bras sur le bras accentuée) au moment où elle fléchit son genou droit (retour-armement). Je suppose qu’il se passe la même chose pour la jambe gauche et le bras droit (que l’on ne voit pas). Alors, je ne sais pas si c’est cela que tu voulais me montrer. Les battements ont modifié l’orientation d’autres parties du corps, tu me dis. S’agit-il du bassin ? C’est la seule chose que j’ai en tête. Je te reporte un autre passage de mon commentaire #5 où je parle de l’effet des battements :
(...cont)
« L’activation des membres inférieurs engendre un déplacement des deux corps en sens envers, provoquant un éloignement de leurs parties inférieures (schéma corporel terrien) du plan horizontal de la surface : V et R pivotent ainsi autour de la ligne en évoluant sur le plan sagittal en sens avant-arrière (par rapport au plan frontal) et haut-bas (par rapport au plan horizontal). »
En ce qui en est de la coordination bras-jambe, je pense que la gamine n’a pas une nécessité absolue de prendre appui sur la ligne pour réaliser son « retour » (flexion du genou) puisqu’elle pose sur une masse d’eau. Mais, elle se trouve en position verticale, donc elle offre moins de résistances à l’avancement sur le plan vertical (cet avancement est favori par la force de gravité) et est donc sujette à un enfoncement, pour prévenir cela elle renforce ses accroches à la moindre perturbation (armement de la jambe). D’ailleurs, l’utilisation des membres inférieurs a précisément le but de stabiliser son niveau d’immersion de façon à avoir la tête en dessus du plan horizontal de la surface. Si son corps se trouvait allongé horizontalement (une plus grande surface de maitre couple verticale), les contraintes changeraient.
Je constate dans les autres TP une tendance à utiliser les mots « s’équilibrer », « équilibration », pour parler d’un changement de position du corps. Or, on établit un équilibre entre deux ou plusieurs forces et on atteint une condition de stabilité. Stabiliser son corps dans une position donnée signifie atteindre l’équilibre des forces agissant sur lui. La stabilisation en station debout sur terre empêche une chute au sol, il s’agit d’une nécessité imposée par le milieu. Il y a un besoin objectif, de survie, qui fait de la station debout « la » position d’équilibre.
Il faudrait déjà se poser la question, par rapport à la situation considérée, de qu’est ce qu’il fait de la position verticale « la » position d’équilibre, qu’est ce que la rend la position de référence ici telle qu’elle l’est sur terre ? Il y a-t-il une raison objective ? Sommes nous en présence d’un polygone de sustentation ? Il y a-t-il un risque de chute au sol de la tête ? Sommes-nous en présence d’une réaction motrice de protection qui est liée à une stimulation particulière (oreille interne - sinon d’où viendrait la « nécessité » des deux gamines de regagner la position verticale ?) mais que dans le milieu considéré n’a plus raison d’être ?
Là j’ai vraiment tout puisé, Raymond, si je continue j’arrive à la devinette. Ce qui n’est pas du tout mon but ici. Encore une fois, Hypotheses non fingo, je ne sais pas ce que tu voudrais me faire voir. J’espère, après tout ce travail, d’être bien méritant de connaître ta pensée et ce que tu vois dans ces images. Sans cela, je ne vois pas comment on peut avoir un débat.
A très bientôt
Giuseppe
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