Travaux pratiques - A propos de l’équilibre et des fonctions d’équilibration (G)
Un travail d’analyse d’images sous la surface.
Résumé des séquences précédentes :
C’est une classe d’enfants de 8 – 9 ans.
Tous ont parcouru à la goulotte des centaines de mètres en variant l’orientation, le sens et les amplitudes, fréquences et modalités de déplacement des mains.
Ils se sont éloignés du bord en se déplaçant en suspension à la perche haute, de face, de dos, de profil.
Ensuite à la perche à fleur d’eau.
Ils n’ont pas encore abordé l’immersion systématique de la tête.
Dans les images qui suivent ils doivent se déplacer à la ligne d’eau et se croiser.
Pour faciliter la communication et éventuellement les échanges, nous appellerons « V » l’enfant qui lors du croisement passe devant l’autre et « R » l’autre.
Votre travail d’observation consiste à :
1) choisir un enfant
2) décrire ce qu’il fait (lire les images)
3) Interpréter son fonctionnement (pourquoi il fait...) ?
4) de quelle fonction pourrait-on y voir des « préludes » ou « structures d’accueil » pour la construction du nageur ?
5) pouvez vous les transposer dans le fonctionnement d’une nage alternée ?
6) Commentaires personnels.
raymond
Bonjour à tous, voilà mon TP :
1) Choisir l’enfant : gamine qui se déplace le long de la ligne
2) Décrire ce qu’il fait : la gamine se déplace le long de la ligne en enchainant les appuis sur la ligne. Elle chevauche une camarade afin de poursuivre son déplacement
3) Interpréter son fonctionnement : la gamine progresse par accroches fixes successifs sur la ligne, qui représente son substrat de soutien à la locomotion. Elle maintient une position verticale et la tête sortie de l’eau. Son battement de jambes lui permet de pivoter autour de la ligne pour assumer à nouveau la position verticale après le chevauchement de sa camarade.
4) Quel prélude à quelle fonction : utilisation des membres inférieurs pour changer la position de son corps dans l’eau
5) Nages intéressées : Principalement le crawl et le dos
6) Considérations personnelles : La situation présentée constitue un point de transition entre une déambulation terrienne et une déambulation en suspension dans un fluide (aquatique). Sur terre, une rupture d’équilibre des forces par rapport à un point d’accroche fixe (l’appui) se traduit dans un mouvement du corps autour de ce point d’accroche, qui assume la fonction de pivot, et cela jusqu’à l’établissement d’un nouveau équilibre entre les forces. S’il y a rupture d’équilibre des forces par rapport à un pivot ou si le pivot (l’accroche) est lâché, une force prédomine instantanément sur les autres et une accélération se produit sur la direction de cette force. Cette accélération résulte être significative sur terre, moins importante dans l’eau.
S’il y a rupture d’équilibre des forces par rapport à un pivot ou si le pivot (l’accroche) est lâché, une force prédomine instantanément sur les autres et une accélération se produit sur la direction de cette force. Cette accélération résulte être significative sur terre, moins importante dans l’eau. Mais le passage d’un appui sur un accroche solide (la ligne) à une suspension dans un fluide représente un changement de substrat de soutien (et pour la stabilisation et pour la locomotion), qui comporte une rupture d’équilibre des forces bien plus prononcée (qui se traduit en une accélération) et qui donne à l’enfant une sensation initiale de chute. Ce n’est qu’en misant de moins en mois, progressivement, sur le substrat de soutien solide que l’enfant apprécie les possibilités offertes par le substrat de soutien fluide, notamment l’absence d’un point d’accroche fixe qui représente un pivot autour duquel il faut établir un équilibre de forces, cela afin de stabiliser le corps.
Giuseppe
Nous devons remercier vivement Giuseppe qui ouvre la voie de la réalisation du TP.
Il a choisi la fillette qui passe derrière sa camarade. Il nous dit des choses justes sur la posture verticale et le déplacement.
Le point 2 qui constitue l’essentiel du TP est réduit à 2 lignes. Il devient donc impossible d’accumuler les éléments dont l’interprétation permet de comprendre à travers l’analyse des mouvements une logique de l’action.
Notre ami a préféré s’abstenir de l’utilisation de la caisse à outils proposée (Dire ce que l’on voit). Au lieu d’une description précise : deux verbes : se déplace, chevauche.
Il y a pourtant pendant le « chevauchement » une rupture de l’action au cours de laquelle la fillette subit passivement et pendant plusieurs images quelque chose qui à un moment donné lui deviendra intolérable et la conduira à réagir. Il y a là nécessité d’une description fine et complète qui permettra de préciser : (quoi ? comment ?, pourquoi ?) à interpréter ensuite.
De ce fait, il omet de nous préciser ce qui va déclencher les actions des membres inférieurs où se situe le cœur du problème.
Étant des concepts, les « forces » ne sont pas visibles.
Pour que progresse la compréhension des changements visibles il convient de préciser tout ce qui change. Cela est plus flagrant encore sur la fillette la plus proche de la ligne d’eau.
Dans l’interprétation il est nécessaire de distinguer ce qui est l’effet de l’entrée en jeu de forces externes, (lesquelles, ce qui se modifie et leur pourquoi ?) et comment les actions du sujet vont réagir pour se rapprocher de la posture initiale de confort à ce stade de construction du nageur.
L’attention doit se centrer sur les images correspondant au rapprochement des mains et des épaules de la ligne d’eau.
Remarque : à aucun moment il n’y a abandon complet des ancrages.
Question : qu’est-ce qui autorise notre ami à qualifier de battements certaines actions de jambes ?
Le point 6 une vingtaine de lignes est pour l’essentiel hors sujet, ne trouvant pas de lien entre les points 2 et 3.
Entrez dans le jeu et complétez avec lui le travail de Giuseppe qui a montré l’exemple.
raymond
Commentaires
Sur mon TP :
Je crois que ce qui manque est une réponse a la question : pourquoi les deux gamines cherchent à regagner la position verticale ? Cette réponse y est dans mon écrit, au point 6, mais elle est en effet un peu trop implicite. Et c’est vrai que la deuxième partie du point 6 est hors sujet, du moins un peu avancée par rapport à ce que l’on traite ici.
Les fillettes cherchent à maintenir une position verticale, terrienne, avec la tête sortie de l’eau. Au moment du chevauchement, elles subissent un allongement dorsal par pivotement autour de la ligne, se retrouvant avec la tête partiellement immergée.
Elles ressentent le changement de position de leur corps puisque leurs organes de l’équilibre ont subi une stimulation (pivotement autour de la ligne). Elles cherchent donc à passer de cette position inhabituelle à la position verticale (terrienne) habituelle, à la regagner.
Dans tout cela il faut considérer la présence de la ligne, c’est à dire qu’il y a une rupture d’équilibre des forces par rapport à un accroche fixe . Cela mène à une accélération plus importante de celle qui se produirait en condition de suspension complète dans un fluide. En suspension, sans un substrat de soutien solide, la position du corps des deux gamines ne changerait pas de la même façon et à la même vitesse. La stimulation des organes de l’oreille interne serait, en conséquent, différente.
Je pense donc que le cas examiné, bien qu’il constitue une situation de transition fort intéressante, ne nous permet pas d’observer des comportements moteurs dus à la stimulation des organes de l’équilibre en situation de suspension dans un fluide. IL faudrait que l’on puisse observer un changement de position du corps dans l’eau sans la présence d’accroches solides.
Pour conclure, sur les battements : je nomme ce comportement moteur battement de jambes parce que la gamine bat ses jambes, tout simplement. Elle prend conscience que le déplacement de ses membres inférieurs dans le substrat d’évolution fluide produit une interaction avec celui-ci et que cette interaction résulte en un déplacement de son corps autour du pivot (la ligne-son substrat de soutien). Quels critères utiliserais-tu, Raymond, pour classer un comportement moteur de « battement » ? Je préfère ne pas réserver le mot « battement » à ce que j’observe chez un nageur organisé, puisque cela serait à mon gré une vision limitée qui renvoie implicitement à l’existence de la « technique ».
Aux prochaines échanges !
Un fait n'a d'intérêt que dans la mesure où il est déterminé.
Il est lui-même un ensemble ayant sa physionomie, sa définition et qui se rattache par les traits qui la composent à d'autres ensembles plus élémentaires (pour nous : les mouvements).
Ne peuvent être choisies que les circonstances à soi-même exprimables. Et, pour les exprimer, il nous faut les ramener à quelque chose qui nous soit familier ou intelligible, à la table de références dont nous nous servons soit à dessein, soit sans le savoir. (Wallon)
Giuseppe,
je pense que nous progressons, lentement certes, mais il faut de la patience et de la lucidité.
« Les mouvements sont les aspects visibles des actions ».
Caractériser une action n’est pas simplement la nommer : chevaucher, regagner l’orientation verticale, subir un pivotement, accrocher la ligne, battre des jambes… etc.
Les critères que j’utilise t’ont été donnés dans « la boite à outils » (Décrire ce que l’on perçoit).
Pourquoi te refuses-tu à les utiliser ?
Exemple : pourquoi lors de leur chevauchement les deux gamines cherchent-elles à regagner la position verticale ? devient : « comment les deux gamines échappent-elles à la verticale et comment font-elles pour y revenir »
A bientôt pour une vision éclairée des images
Raymond
La « boite à outils » a pour nom :
Décrire ce que l’on perçoit.
Les mouvements n’étant que les aspects visibles des actions, n’en demeurent pas moins ce qui va nous permettre de caractériser des actions.
Par exemple lorsque tu dis (dernier paragraphe)la gamine bat des jambes, quels mouvements de quelle partie(s) du corps te permettent d’arriver à cette formulation ?
Avant d’arriver au « pourquoi ? » Précises le « quoi ? » et le « comment ? »
A bientôt
La boite à outils (rappel) =
Décrire ce que l’on perçoit
La description c’est la transformation d’images en mots afin de communiquer à une personne qui n’est pas témoin d’un événement une certaine représentation de ce qui s’est passé.
Les images observées sur un écran illustrent un événement qui s’est déroulé dans un volume.
L’espace soumis à l’observation est composé d’un espace d’action (l’ensemble visible des images et d’espaces de sujets évoluant dans l’espace d’action.
L’espace est « orienté » (J. Paillard) et pour le percevoir l’observateur trouvera des directions, des sens, des distances, des angles.
L’espace d’action est orienté à partir de la surface et de la ligne d’eau.
L’espace du sujet s’oriente en fonction d’un repère pris dans l’espace d’action. La surface déterminera un haut et un bas, une verticale (monter, descendre) ; la ligne d’eau un avant et un arrière, un à droite et un à gauche.
La caractéristique du sujet, c’est sa déformabilité. Les segments visibles du tronc et des membres inférieurs présenteront des alignements ou des angulations importantes.
Déformabilité et déplacements seront repérés par des « mouvements », revoir la définition.
(déplacement dans l’espace en fonction du temps et par rapport à un point considéré comme fixe). Pour évaluer la durée, l’unité de temps est l’image (fréquence des prises de vues).
Des distances identiques et des durées différentes permettent de situer des « temps forts ».
Les temps forts ne sont pas liés au hasard mais traduisent un fonctionnement.
Dans l’ensemble des mouvements observés on peut repérer des coordinations.
Les coordinations caractérisent l’entrée en jeu des fonctions et ces fonctions sont elles-mêmes sollicitées dans la réussite de l’action.
Rappel : les mouvements ne sont que les aspects visibles des actions.
L’étape suivante comprendra l’interprétation des données ou faits observés.
Un fait n’a d’intérêt que dans la mesure où il est déterminé. Il est un effet dont il convient de retrouver la cause.
[]raymond
J’essaierai d’être plus précis dans ma description, d’ailleurs j’ai remarqué d’avantage ce que fait la gamine qui ne se déplace pas (R) au niveau de ses membres inférieurs et, en effet, je n’appellerais pas cela un battement. Allons-y.
Je vais me servir des trois plans de référence illustrés à pag.128 de « La Natation de Demain », plutôt dans leur disposition terrienne en ce cas-là. Egalement, je vais me référer au schéma corporel dans sa disposition terrienne (pag. 127).
Les deux gamines maintiennent un ancrage permanent à la ligne d’eau grâce à leurs membres supérieurs. Nous pouvons remarquer une flexion accentuée de l’avant-bras sur le bras, qui a pour effet le rapprochement de la partie supérieure du corps à la ligne. R ne se déplace pas, V se déplace en évoluant sur le plan frontal (par rapport à la ligne des épaules). V contourne R avec un de ses membres supérieurs et assure avec celui-ci son ancrage suivant au delà de R, tout en maintenant une flexion avant-bras – bras importante. Cette flexion rapproche le corps de V au corps de R et exerce une pression sur celui-ci. V et R pivotent ainsi autour de la ligne en évoluant sur le plan sagittal en sens arrière-avant (par rapport au plan frontal) et bas-haut (par rapport au plan horizontal). Au terme de leur évolution, R et V auront rapproché la partie inférieure de leurs corps au plan horizontal représenté par la surface.
Suite à l'arrêt du mouvement, les membres inférieures de R et de V s’activent et produisant un enchainement de mouvements de flexion-extension de la jambe sur la cuisse (plus prononcé chez V) et de flexion-extension de la cuisse sur le tronc. Le temps fort du mouvement est en correspondance de l’extension jambe-cuisse, orienté de bas en haut puis de l’arrière vers l’avant (changement de position) pour V et de haut en bas pour R. On observe chez V une flexion plantaire prononcée au niveau de ses pieds, R maintient ses pieds en flexion dorsale.
L’activation des membres inférieurs engendre un déplacement des deux corps en sens envers, provoquant un éloignement de leurs parties inférieures (schéma corporel terrien) du plan horizontal de la surface : V et R pivotent ainsi autour de la ligne en évoluant sur le plan sagittal en sens avant-arrière (par rapport au plan frontal) et haut-bas (par rapport au plan horizontal). V continue de se déplacer sur le plan frontal pendant ce pivotement, elle dépasse R. On peut observer chez V une flexion du buste en avant (contraction abdominale), alors que cette flexion est quasiment inexistante chez R.
A la fin du pivotement, les deux gamines regagnent la position verticale. R reste sur place, V poursuit son déplacement sur le plan frontal (ligne des épaules).
Quelques considérations pour conclure : R et V montrent de ne pas percevoir la possibilité d’être en suspension dans le fluide (l’eau), cela est évident en observant leur tendance à maintenir leurs corps au plus prés de la ligne (flexion important de l’avant-bras sur le bras). Cependant, V montre une meilleure adaptation au substrat d’évolution liquide, en cherchant à produire des appuis avec la partie dorsale de ses pieds (flexion plantaire) lors de l’extension de ses membres inférieurs, et cela en sens envers par rapport à son déplacement autour de la ligne (appuis bas-haut puis arrière-avant). R essaie de produire des appui avec la plante de ses pieds et toujours en opérant une extension de la jambe sur la cuisse de haut en bas (comportement moteur renvoyant à la marche, donc terrien).
Enfin, la flexion du buste avant chez V montre une première tendance à changer la forme de son corps pour lui donner une orientation mais aussi à produire une forme optimale en relation au déplacement demandé (le corps de V suit la forme de la ligne autour de laquelle elle pivote), montrant ainsi des éléments précurseurs du corps flottant mais aussi un proto-projectile. De telles adaptations sont absentes chez R, qui ne présente aucune flexion au niveau de son buste.
Je crois que c’est plus ou moins tout. Impatient de lire les autres TP (inclus le tien, Raymond)
A très bientôt
Giuseppe
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