Didactique
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"c'est l'option pédagogique qui détermine la nature des contenus à enseigner"
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Suite aux questions de J.G.:
Bonsoir, je n'ai pas abandonné mon questionnement, j'attendais que la posture ondulante de mes apprentis nageurs se stabilise.
Nous n'avons abordés ce thème que la semaine dernière car j'ai préféré améliorer encore le corps projectile et propulseur des nages alternées la semaine d'avant.
La difficultée majeure que j'ai rencontré fut d'obtenir des entrées et sorties réellement par la nuque et le front. Beaucoups d'enfants se contentaient d'une approximation amenant des entrées sorties avec une nuque peu mobile entraînant une "cassure nette" au niveau du bassin.
J'ai pu finalement observer lundi de cette semaine des progrès significatifs que je compte poursuivre en fin de semaine pour les stabiliser.
J'espère pouvoir bientôt greffer la propulsion des nages simultanées sur cette posture ondulante, nottament celle des jambes en brasses. ( Pour les bras nous avons commencés à nous propulser pour rentrer par la nuque le plus loin de l'endroit où le front est sorti).
Cela me ramène donc à ma question initiale:Comment peut on envisager la propulsion des jambes en brasse sans entrer dans un apprentissage analytique et descriptif.
Le fait que j'ai préféré continuer l'amélioration du corps projectile et propulseur dans les nages alternées avant de travailler sur la posture ondulante m'amène une autre question.
Puisque une étape n'est jamais atteinte à la perfection dans la construction d'un nageur, à partir de quels critères peut on aborder l'étape suivante? Autrement dit, jusqu'où va l'intransigeance? Vaut il mieux persévérer dans un objectif (au risque de s'enliser?) ou passer au suivant pour revenir ensuite sur l'objectif précédent?
BRASSE: propulsion
Les remarques de notre collègue JG du 28 nov témoignent de la pertinence de sa démarche.
Il est assez logique de rechercher le corps projectile des nages alternées avant d’aborder les ondulations.
Nous avons tous connu les mêmes difficultés « majeures » qu’il signale et le pas en avant consiste à identifier les obstacles rencontrés par ceux qui ne réussissent pas d’emblée.
Pour avoir le temps de replonger par la nuque, il faut s’être élevé plus haut et donc avoir utilisé les MS pour s’éjecter plus. Les débutants n’ont pas toujours la puissance suffisante et doivent donc exagérer l’amplitude de l’ondulation.
Les obstacles les plus fréquents peuvent être liés à une perception décalée du corps en action et parfois à la morphologie (le cou court). Travail avec le contact simultané du cou et des orteils au sol.
Pour aborder la propulsion il est bon de caractériser chacune des nages simultanées :
- papillon = nage tractée rôle prédominant des MS
- brasse = nage poussée rôle prédominant des MI.
Il me semble que l’on puisse mener de front ce qui se fait avec les MI et les MS en brasse.
Pour les MS la nage immergée rapide, bras seuls, en situation ventrale puis dorsale facilite leur utilisation ultérieure dans les nages simultanées.
Question initiale : passer des mouvements aux actions implique « pousser des masses d’eau »
Donc les produire et les diriger en sachant qu’anatomiquement l’homme n’est pas favorisé par la disposition de ses articulations de la hanche du genou et du pied.
Ce qu’il a trouvé de plus efficace, c’est d’utiliser les surfaces internes du pied et de la jambe en tant que « pale »..
Ces dernières doivent se porter en rotation externe pour compenser la nécessaire rotation interne de la cuisse.
Notons encore que le « retour relâché » implique des genoux plus écartés de l’axe que les talons (repère).
On peut commencer par rechercher une action analogue sur terre (bien que peu habituelle dans le caractère simultané) cf. : la passe de l’intérieur du pied en foot.
Pour utiliser les deux pieds ensemble la position assise facilite la poussée de 2 médicine ball. En face de soi avec intensité (les envoyer loin)
Dans l’eau, assis au bord du bassin reproduire la même action pour projeter devant soi beaucoup d’eau.
Avantage de cette situation : se donner des repères d’orientation du pied et de la jambe par contact de l’extérieur du pied avec le mur avant d’initier la poussée.
Autre forme possible de poussée par extension des jambes sur les cuisses en se mettant préalablement à plat ventre sur les plots de départ , talons à l’extérieur des hanches, intérieur des pieds confiés à la résistance raisonnée d’un camarade opposant ses mains.
Progressivement = pousser avec plus de force ou en force croissante (vitesse)
Parallèlement ou peut être antérieurement, vérifier le nécessaire degré de souplesse des articulations du MI en venant s’asseoir entre les talons (départ jambes écartées) et en conservant le dos droit (vertical)
Le travail avec un aide permet de se retenir dans la flexion des articulations en donnant les mains au camarade. (il peut accompagner la descente et la remontée)
Attention ne jamais forcer ou atteindre la douleur. Là encore le travail patient er modéré se révèle payant.
Dans ce type de travail à deux on peut ensuite développer la puissance de la poussée des jambes en se relevant activement.
Dans l’eau : sur le ventre, bras le long du corps, déplacement par la seule action des jambes
La poussée étant déclenchée après le double contact de l’extérieur des pieds avec les doigts.
Retour lent recherche du rythme alternant « projectile-propulseur ».
Même dispositif sur le dos
Etc…
Seconde question : jusqu’où va l’intransigeance ? Je répondrais volontiers « toujours !»
Mais en prenant son temps.
L’intransigeance soulève le problème de la didactique, de la construction. Chacun sait qu’un élément déficient de l’infra structure fragilise la structure.
Se greffe sur cette exigence le problème pédagogique, lequel s’accommode toujours, lui aussi, de la patiente recherche de solutions efficaces. Il faut du temps pour que les choses se transforment = alors pas tout en même temps mais ne rien oublier ! Ne rien négliger !
Nous sommes en présence d’une dialectique = unité de la contradiction.
les autres tâches utilisées par nos lecteurs sont les bienvenues
Bon courage et à bientôt pour une nouvelle évaluation !
raymond
Une jeune nageuse de club filmée en stage.
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Suite à la question de J.G.:
Bonsoir, je n'étais pas présent au séminaire de dinard mais je me permet de poser la question suivante.
Une fois qu'un nageur a construit convenablement son corps flottant et que sa maîtrise du corps projectile et propulseur est satisfaisante (bien que toujours perfectible), comment et quand peut on envisager l'apprentissage de la propulsion en brasse (surtout celle des jambes) sans sombrer dans un apprentissage analytique et descriptif?
BRASSE: ondulation
Se différentier des pratiques traditionnelles de reproduction de mouvements c'est une condition préalable pour s'engager la pédagogie de l'action.
"Une fois que l'on a construit le corps projectile…." pour les nages alternées, tout est encore à entreprendre pour aborder les nages simultanées donc, le papillon et la brasse.Les nages simultanées sont des "nages de mammifères aquatiques" ou encore des nages sous-marines dans lesquelles les immersions et les sorties de l'eau s'enchaînent cycliquement.
Le propulsé (l'embarcation) contrairement à ses caractéristiques de stabilité, d'alignement, d'indéformabilité relative et d'immersion devient déformable à travers la permanence de ses ondulations. Cette nouvelle organisation posturale se veut mobile.Il faut donc acquérir cette compétence et apprendre à "onduler".
Cela se fait facilement lorsque l'on déclenche les ondulations à travers la mobilisation de la tête pour entrer dans l'eau par la nuque et en sortir par le front. Les bras souples le long du corps facilitent la réalisation. Cette tâche peut connaître des variantes sur le dos.Ne pas être exigeant c'est s'exposer à voir, au lieu d'ondulations, des montées et descentes par le menton, regard en avant.
Lorsque le nageur parcourt ainsi 25 m. sans la moindre interruption on peut tenter des parcours avec les bras en avant. Puis ceci en immersion.
Par nature l'ondulation en surface, ondulation de nage, diffère fondamentalement de l'ondulation en profondeur qui fait partie du départ et prolonge le passage de "finir de descendre à commencer à remonter"jusqu'à la reprise de nage par entrée en jeu des propulseurs.
Pour avoir confondu un procédé pédagogique et un modèle théorique de l'ondulation, une personne encore prisonnière de la pédagogie traditionnelle a jugé "catastrophique" les propositions sus-jacentes.
Le modèle théorique de l'ondulation qui fait partie des départs et virages n'a pas encore été défini (à ma connaissance).J'ai bien tenté d'en proposer quelques éléments dans la revue Hyper 234, en souhaitant que la recherche universitaire ou fédérale prenne le relais.Pour ne pas mettre la charrue avant les bœufs, je suggère à notre collègue JG, de nous reposer la question de la construction du brasseur dès que ses nageurs auront stabilisé leur posture ondulante de nage.Il nous faudra ensuite définir les actions de jambes dont la fonction propulsive en brasse et caractérise ce mode de nage. La brasse une nage de jambes !
raymond
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Suite à un échange entre Benoît e Marc B.:
PROJECTILE-PROPULSEUR
Il y a environ un demi-siècle, sous la pression d'un besoin de rationalisation de l'enseignement de la natation naissait le modèle E.R.P. (équilibre – respiration – propulsion) qui se diffusait progressivement.
Équilibre, dans le sens alors non précisé d'une orientation du grand axe du corps du nageur censé favoriser les échanges ventilatoires et la propulsion.
Il semblait donc utile d'en faire une acquisition précoce.
Déjà, certains évoquaient une inversion de cette "logique" en considérant, non le système en construction mais le "produit fini", le terme de la formation, pour en déduire que l'orientation du corps était la conséquence de l'entrée en jeu des mouvements des bras et des jambes déclarés propulseurs.
Les actions combinées des membres supérieurs et inférieurs procédaient à leurs yeux de la même fonction : la propulsion.
Cette confusion leur permettait de conclure que la nage équilibrait le corps et poser la question de l'orientation du corps dans l'eau leur semblait superflu.
De ce fait, considérer que le changement de substrat "solide > liquide" entraînait un changement radical de nature de l'équilibre (instable > stable) leur semblait superflu.
L'ignorance du problème s'accompagne du rejet de la prise en compte des mécanismes entrant en jeu.
Deux types de solutions se présentent :
- une organisation posturale antérieure puis simultanée de l'action ou "équilibre a priori"
- une organisation motrice consommant plus d'énergie pour remettre à plat et en ligne ce qui en a été écarté par l'action propulsive ou "équilibre a posteriori".
Un certain nombre d'entre nous postule qu'il préférable d'organiser en permanence la posture par positionnement et immersion de la tête, au lieu de produire des compensations d'effets parasites en utilisant systématiquement les membres inférieurs.
Valoriser la nage complète avec des exigences posturales serait la voie féconde.
expérimenter ou affirmer pour savoir ?
raymond
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EXPLOSION: entraînement
Je reviens sur la communication de Julien, pour relever sa foi et son enthousiasme qu' il souhaite probablement faire partager: "mes nageurs ont explosé leurs records en seulement 4 semaines d'entraînement…….. et ce n'est que le début!!! "
Je ne suis nullement expert en entraînement et m'en réfère donc à ceux dont c'est le quotidien et qui acceptent de dire sur quoi se fonde leur stratégie, leur démarche et ce que sont les contenus (leurs contenus) !
Il me reste en mémoire quelques principes que tous respectent (à ma connaissance) ou devraient respecter.
La continuité (rien ne se fait sans la durée), la progressivité, l'alternance ….sont bien connus. Forbes Carlile (1960) disait déjà que celui qui veut "être en forme" tout le temps ne le sera jamais. Il faut viser un "pic" et au maximum deux dans l'année.
Sa distance de référence jusqu'à 14 ans était le 400m. La période hivernale, chez nous, semble favorable au travail foncier et celui-ci constitue une constante d'un entraînement visant la meilleure performance potentiellement possible et s'étalant sur plusieurs années.
Parallèlement l'aspect technique vise la recherche du meilleur rendement. L'efficacité de la nage sera un souci premier et permanent. C'est pourquoi il ne me semble pas possible de distinguer des périodes ayant leurs caractéristiques (une période de formation suivie d'une période d'entraînement). L'apprentissage comporte sa part d'entraînement pour stabiliser les acquis techniques et l'entraînement ne peut se dissocier de la poursuite d'un apprentissage pour que les gestes plus puissants gardent leur meilleur rendement.
La formation du nageur est un tout. La loi des progrès par bonds est connue. Que signifie "exploser ses temps" ? La pensée rationnelle (celle que l'on aimerait trouver chez les candidats à tous les diplômes) veut que l'on définisse ce dont on parle avec précision et le plus complètement possible. Tous les nageurs (nageuses) ont-ils progressé de la même quantité ? (secondes) Sur les mêmes distances ? sur toutes les distances ? en pratiquant les mêmes modes de nage ? pendant la même période ? avec au départ les mêmes compétences ? La rigueur dans l'énoncé du jugement fait partie de la pensée rationnelle . Les gains de temps sont liés aux caractéristiques d'une activité conduite et planifiée dans cette intention. Ils sont la conséquence de transformations survenues dans l'efficacité de l'action de nager et l'accroissement d'une puissance disponible. Ces deux dimensions peuvent devenir contradictoires lorsqu'elles atteignent leurs plus hautes valeurs.
Echanger sur des faits précis incitera les entraîneurs à communiquer plus et mieux.
raymond
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Suite à la question de Julien:
La question qui me vient a l'esprit est le mouvement d'hélice en crawl qu'on voit chez bon nombre de nageurs de haut niveau, Est ce que enclencher cette hélice très tôt et de manière très marquée donne une propulsion plus importante ( dû je pense a une surface d'appui plus importante), ou bien est ce que cela permet juste un roulis des épaules plus prononcé?
Cause ou effet
Il y a des idées qui ont la vie dure !
Il y a des études qui se prétendent scientifiques et qui portent sur des détails de certaines apparences.
Encore une fois il s'agit d'une trajectoire : celle de l'extrémité des doigts filmée à partir de 3 caméras situées dans les différents plans de l'espace.
Vue du dessous, et par rapport à un référentiel egocentré, (point fixe arbitraire pris sur le sujet) l'extrémité des doigts décrit dans sa trajectoire sous-marine une suite de points dits en S. Et non un segment de droite orienté avant-arrière.
Cette trajectoire est la conséquence d'une orientation de l'avant-bras et de la main favorable à la poussée de l'eau dans leur déplacement avant-arrière dans le plan sagittal vertical contenant l'axe de déplacement du nageur.
Pour atteindre cette orientation favorable, la main s'est déplacée vers l'arrière plus vite que le coude, d'ou ce repère dit "du coude haut et avancé" cher à Counsillman.
Rechercher cette trajectoire systématiquement serait tomber ou retomber dans la pédagogie du mouvement.
Si le nageur cherche à pousser de grandes masses d'eau derrière lui, la conséquence du geste réussi sera précisément que ses mains seront amenées à suivre cette trajectoire en forme d'hélice.
Ne pas confondre cause et effet.
Effectivement la surface d'appui sera alors importante.
raymond