Didactique

"c'est l'option pédagogique qui détermine la nature des contenus à enseigner"

ACQUIS !!!

 

Suite à la question de BM:

Je me permets de vous écrire car je suis face à une difficulté. Je suis étudiante en première année de master afin de devenir professeur des écoles et lors de mes révisions sur les pratiques sportives, et en particulier sur les pratiques de la natation je me suis posée une question qui reste sans réponse.

Quels exercices permettraient d'améliorer la respiration d'un bon nageur?

En effet lors de mon stage pratique j'ai pu observer un élève qui semblait avoir acquis le "corps flottant" ainsi que "le corps projectile" et le "corps propulseur", cependant concernant sa respiration il m'expliquait que parfois il expirait trop vite, parfois il n’avait pas le temps de tout expirer, et parfois même il n’expirait pas du tout.

Il arrivait bien à respirer sur trois intervalles de crawl mais de manière très aléatoire. De plus il se sentait obligé de porter un pince-nez. Effectivement lorsque je lui avais demandé de nager sans cet outil, il m’indiquait qu’il était cette fois ci en apnée totale. Et lorsqu’il se mettait à respirer, il avait la sensation de picotements dans son nez qui lui était très fortement désagréable, ajouté à une impression d’eau qui rentrait dans son nez puisque ce dernier ne se bloquait pas suffisamment. J’aimerais savoir quels exercices j’aurais pu lui proposer pour lui permettre de progresser.



Remercions BM d’attirer notre attention sur des difficultés rencontrées par les enseignants confrontés à la pratique.

Le cas décrit par BM ne concerne heureusement pas la majorité des élèves. Et à ce degré, il est plutôt assez rare. Pour des raisons qui remontent à la période de son initiation, son « nageur » n’a pas vécu les situations qui permettent de constater OBJECTIVEMENT les conséquences de l’immersion complète de tout le corps dans des orientations variées.

Beaucoup de « représentations » spontanées du débutant doivent être mises en contradiction avec les faits pour se modifier en vécu avec prise de conscience et disparaître définitivement pour ouvrir la voie aux progrès. Les voies « ouvertes » de communication avec l’environnement sont imaginées comme susceptibles de se remplir.

Un « bon nageur » est précisément celui qui a intégré les données de la réalité dont les solutions ventilatoires font partie. Ce qui n’est pas le cas du nageur cité.

Dans un premier temps et pour que nos échanges soient fructueux il me semble utile de nous accorder sur le sens des expressions « Corps Flottant, Projectile, Propulseur » et sur leur CONTENU.

Ajoutons-y la redoutable formule « acquis » !!!

Manifestement ce jeune élève se trouve à un certain stade de sa construction, jamais achevée, qu’il convient d’identifier. Ainsi, remplacer le « Corps Flottant » acquis par : « cet élève est capable de rester allongé sur le ventre, tête sous les bras en surface et corps allongé, talons affleurant la surface dix secondes ou plus ? » Et sur le dos : « Il se montre capable de rester corps en surface, oreilles immergées, corps aligné, jambes allongées, bouche grande ouverte plus de TRENTE secondes ou de N échanges ventilatoires ».

De la même manière on devrait remplacer « Corps Projectile» acquis par : « tel élève, partant du plot entre dans l’eau par la nuque loin du bord, corps tendu et indéformable (pas de flexion des jambes sur les cuisses) pour regagner la surface, tête toujours sous les bras, à 10 ou 12 m. du mur de départ ».

Je préfère ne pas évoquer « le Corps Propulseur » « ACQUIS » tant il y aurait de compétences à évoquer !!!

Ceci dit sur le plan pédagogique : compte tenu du dialogue entretenu, situer ce nageur par rapport aux meilleurs nageurs connus de lui, par exemple A. Bernard, F. Manaudou, J. Stravius par rapport au port du fameux « pince nez » accessoire des nageuses synchronisées qui évoluent non pas à la surface mais bien dans le volume. Accepte-t-il de se considérer comme « handicapé » ?

Concrètement deux voies se présentent : celle de l’échange verbal, probablement la moins transformatrice, fondée sur un raisonnement rationnel, et celle de la pratique à privilégier voire à la compléter par la précédente.

Première exigence = retirer et abandonner à tout jamais le « pince-nez ». Exemple de tâches = face et moitié du visage immergés, vérifier que ce nageur ouvre très grande la bouche et la maintient ouverte. Vérification avec les doigts de l’observateur dans la bouche de l’observé. Puis exploitation de cette réussite dans des déplacements.

En deçà = revenir à la descente à la perche (ou ancrage à un camarade) pour aller toucher le fond , le besoin d’utiliser les mains pour réaliser des prises d’appui interdit de les utiliser pour se boucher le nez.

Voie du raisonnement = poser la question du « remplissage » du verre renversé que l’on descend dans l’eau ? Peut-il se remplir ? Par analogie la bouche ouverte peut-elle se remplir ? Et le nez dans le cas de la descente à la perche ?

Voie des solutions concrètes = lorsque l’on fait sortir l’air par le nez, l’eau peut-elle en même temps y entrer ???

Dans la nage valoriser l’expiration nasale complète sur un nombre très élevé de coups de bras. Réaliser l’expiration nasale continue en conservant la bouche grande ouverte.

Diagnostic, devant une difficulté passagère, cet élève a trouvé un prétexte pour se singulariser de ses camarades qui réussissaient et donc se dispenser de réussir comme les autres. Dans la mesure où son « excuse » a été acceptée par l’enseignant, il s’est renforcé dans sa posture et cela ne fera que l’handicaper pour progresser voire le condamner à demeurer plus baigneur que véritable nageur.

Les avis des collègues sont les bienvenus pour compléter ce premier échange avec BM.

raymond

 

Départs en DOS, confrontation


Beaucoup de personnes se demandent si les deux modalités sont équivalentes ou plus fréquemment si un avantage décisif ferait opter pour l’une ou l’autre.

La réponse pourrait être différente selon les sujets mais également dépendre du degré d’appropriation de la nouvelle solution par les nageurs.

Une première confrontation vous est proposée d’un départ simultané (déclenché par le même commandement) de Dylan et d’une de ses camarades de club aux performances approchées.

Chacun aura constaté que le temps (durée) requis par le départ du plot semblait excessif !

Cette durée serait considérablement raccourcie si la verticale du centre de gravité de Dylan se rapprochait de l’extrémité du plot. Entre le signal et le déclenchement du déséquilibre vers l’avant un temps précieux pourrait être gagné.

Faute d’avoir pu réaliser un montage superposant la coïncidence des deux débuts d’impulsion nous livrons ces images à votre lecture.

raymond

 

CONQUÊTE DE L'ESPACE

Nous devons à Philippe, formateur et entraîneur, de pouvoir admirer la prestation du jeune nageur Dylan.

Sa formation lui a permis d'acquérir une représentation fine et complète de son corps propre et de celui de son espace d'action pour réussir cet exploit. Dylan fait partie des explorateurs du possible s'inscrivant dans la logique de la natation.

raymond

 

Dylan c'est le prénom du jeune nageur, il fait partie du groupe kids 3 fois par semaine 1h30.

Une fois par semaine nous avons le gymnase 45 minutes car le bassin n'est disponible que 45 minutes ; nous avons mis en place différents ateliers avec trampoline et petit tremplin avec réception sur gros tapis ( saut, roulade avant et arrière, salto, pont... mobilisation de la nuque pour le sensitive ).

Dans l'eau, avec les enfants de ce groupe nous avons construit le plongeon en dos dans la même dynamique que le plongeon en crawl avec une progression et des passages obligés. La plupart des nageurs de ce groupe réalisent le plongeon en dos sans difficulté, ce qui leur permet d'effectuer des départs en dos lors de compétition avec une entrée par le front. Cela semble être une excellente préparation pour le départ en dos.

Philippe

Départs en DOS

{youtube}qk_FNfqD4fI{/youtube}

Jean-Christophe et Philippe se sont associés pour nous offrir ces images de Dylan réalisant, selon deux modalités un départ de nage sur le dos.

Nos visiteurs on pu apprécier l’innovation et se questionnent sur son avenir.

Au-delà de la prouesse peut-on imaginer un gain de temps appréciable pour les épreuves de nage sur le dos dans les compétitions ?

Mécaniquement, le fait de partir de plus haut pour réaliser une trajectoire aérienne en entrant plus loin fait pratiquement disparaître les résistances jusqu’au point d’entrée et assure une plus grande vitesse horizontale à l’entrée à l’eau et au-delà.

Cependant il convient d’évaluer également si les phases qui précèdent l’impulsion déclenchée par le nageur ne requièrent pas une préparation coûteuse en temps ?

Le point délicat se situe avant et à partir du commandement préparatoire « à vos marques » !

Le règlement stipule bien que le nageur doit se tenir immobile avant le signal de départ effectif. Cela implique que son centre de gravité se situe en deçà de la verticale du plot et du mur.  Dans le départ classique, par contre, ce centre se trouve déjà au-delà de ces mêmes repères.

Les images nous montrent également que le déséquilibre qui s’accompagne d’un fléchissement de tous les segments les uns par rapport aux autres pour être accéléré,  demande un certain temps.

Mais il permet de donner au corps durant l’extension de ces segments un temps d’accélération ou d’impulsion plus long.

La direction de l’envol est ascendante jusqu’au point haut de la trajectoire et voit la concavité dorsale se creuser pour amorcer le trajet descendant vers la surface de l’eau.

Rapidement cette dernière précède la zone d’ondulations qui retarderont la perte importante de vitesse avant la reprise de nage.

raymond

 

OBSERVATION AFFLIGEANTE

 

L’enseignante qui travaille dans les couloirs 3 et 4 semble faire preuve d’une certaine « autorité » pendant qu’elle expose à son groupe d’élèves le « contenu » de la séance qui les attend. Elle se tient près d’un plot de départ, un carnet en mains tandis que les élèves, lui font face, rassemblés et semblant attentifs. Cet « exposé » dure plusieurs minutes.

Enfin quatre parmi eux sont envoyés sur la plage latérale à 7 ou 8 mètres de l’extrémité du bassin. Ils ont probablement la consigne de « regarder » ceux qui vont nager.

Quatre autres, à raison de deux par ligne d’eau attendent un signal pour commencer un parcours nagé. Des remarques sont adressées au reste du groupe en attente.

Enfin le signal est donné et les « nageurs » plongent plus ou moins efficacement, la tête émergeant nettement avant le changement de couleur des lignes de nage. Leur crawl saccadé est caractérisé par la tête émergée, et agitée en même temps que les épaules avec lesquelles elles constituent un « bloc ». Aucune amplitude des mouvements et cadence relativement élevée. Ils prolongent leur parcours utilisant cette nage rudimentaire. Arrivés à l’extrémité du bassin, ayant couvert les 25 m., ils sortent de l’eau et viennent remplacer les camarades postés sur la plage. L’enseignante prend des notes.

Nouvelle intervention verbale. Elle finit par désigner quatre autres élèves qui s’approchent du bassin et attendent le signal.

La perplexité me gagne lorsque je constate qu’en dix minutes moins d’un quart de la classe (quatre élèves) a nagé 25 m. tandis que les autres restaient sur le bord plus ou moins « intéressés » par ceux qui étaient en train de se déplacer dans l’eau.

Une heure de piscine pour parcourir 25 m. !!! Qui plus est : aucune transformation, aucune correction ou remarque de l’enseignante, pas de nouvelle tentative, aucun progrès possible ou envisagé. Etait-ce une séance de natation ???

Conviendrait-il de blâmer cette enseignante ? Ou de la féliciter ?

Un inspecteur pédagogique serait tenu de lui attribuer une très bonne note pour son zèle ou son respect de la contrainte « officielle ».

Pour ma part j’ai cru pouvoir interpréter le sens de « sa » séance en me souvenant de la récente parution au Bulletin Officiel « spécial » 5 du 19 07 2012.

Et je ne puis résister au plaisir de vous en livrer l’essence !!!

 

Principes d’élaboration de l’épreuve

À partir d’un départ commandé, réaliser la meilleure performance possible sur une distance de 50 mètres selon 2 modes de nage, ventrale et dorsale, en optimisant le plongeon, le virage et le rapport amplitude fréquence.

Par groupes de 2 à 4 élèves, organiser une prise de performance sur 50 mètres, selon 2 modes de nages codifiées selon les règles fédérales, 25 m en ventral puis 25 m dorsal.

Les élèves passent dans tous les rôles : nageur, starter, observateur - chronométreur.

Des temps de concertation sont prévus.

L’enseignant définit les espaces d’évolution (couloirs, espaces de déplacements des nageurs et des chronométreurs / observateurs, espaces de récupération et d’échanges).

Assumer au sein d’un groupe restreint les rôles de starter et de chronométreur.

Quant l’impossible est jugé souhaitable !

Au rythme où sont parties les choses je crains bien qu’il faille tout un trimestre voire des années pour les élèves se substituent au maître et pourquoi pas à l’entraîneur et aux officiels des clubs ou de la fédération de natation. Ceci au détriment de leur propre perfectionnement dans les nages.

L’éducation physique et sportive a-t-elle gagné ou beaucoup perdu en passant sous la coupe de l’Education Nationale ?

raymond