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"c'est l'option pédagogique qui détermine la nature des contenus à enseigner"
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Quand l’évocation du moyen précède l’énoncé du but !
Nous ne savons pas si l’entraîneur à qui on a confié les « jeunes » a été formé et si oui, comment il l’a été. Mais sa question interpelle sur un autre point : « pourquoi ce qui serait préconisé aux jeunes ne le serait plus pour d’autres catégories » et réciproquement ? »
Toutefois, on se doit de distinguer ce qui relève de la recherche permanente du meilleur rendement de ce qui concerne l’accroissement de la puissance.
Voici la question posée et à laquelle nos lecteurs peuvent exprimer leur point de vue.
Bonjour Mr Catteau.
Je suis actuellement entraineur de natation (catégorie jeunes). Je me pose chaque jour de nombreuses questions pour ne pas simplement reproduire ce que j'ai appris mais bel et bien me remettre en question et trouver de nouvelles solutions.
Ma question est la suivante : l'utilisation du pull boy est elle justifiée pour une natation course ?
Merci pour votre réponse.
Sportivement
Un Entraineur
Cher Collègue,
Je vous remercie de poser cette question qui témoigne de pratiques très courantes. Partagées par le plus grand nombre, sont-elles de ce fait justifiées ? Si je vous lis bien, vous entrainez de jeunes nageurs.
Entraîner signifie probablement les former pour qu’ils deviennent nageurs performants. Vous avez probablement une représentation de leur fonctionnement se traduisant par des caractéristiques observables de leur nage. La question première devient : quelle(s) transformation(s) voulez vous apporter et s’il y en a plusieurs dans quel ordre ?
Quelle sera, pour vous, la fonction du pull-buoy ? Mettre le corps à plat ? Centrer le déplacement sur l’action des membres supérieurs ? …etc.
Le mot composé « pull-buoy » opère un lien entre le verbe d’action « to pull » tracter, tirer et « buoy » qui désigne un objet flottant.
En mettant artificiellement et passivement le corps à plat, vous empêchez le jeu normal des membres inférieurs de remplir leur rôle.
Quelle que soit votre option, n’oubliez pas qu’un élément étranger ne peut en aucun cas préparer au fonctionnement normal lorsqu’il sera abandonné. Les règlements stipulent bien aussi que ce peut aider à la propulsion ou à la flottaison ne peut être utilisé en compétition !
L’utilisation des accessoires perturbe, en la déformant, l’information que le nageur associe fonctionnellement à sa posture et à sa gestuelle.
Quels accessoires avez-vous utilisé pour « apprendre » à marcher ? Utiliseriez-vous des échasses pour vous préparer à la marche ou à la course ?
Si ces informations ne vous semblent pas suffisantes, n’hésitez pas à poser de manière plus complète ou plus précise le problème que vous souhaitez résoudre.
Bien cordialement
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Coordination et vitesse
Re bonjour,
Je fais suite à notre dernière discussion concernant l'utilisation du pull buoy.
Sur ce sujet, je partage entièrement vos propos même si j’ai été longtemps entrainé avec ce matériel. Je vois beaucoup d’entraineurs qui l’utilisent à toutes les sauces, à l’échauffement, sur des séries longues ou sur de la récupération active. Quel est l’intérêt ? Quand je le leur demande, ils me répondent « travail en train séparé » ou alors pour « la synchronisation des bras ». La plupart du temps quand je vois des nageurs utiliser ce matériel, ils font tout de même un léger battement donc complètement inutile et une perte de temps considérable.
Est-ce judicieux de faire la comparaison avec les coureurs à pieds qui, s’ils étaient dans la même situation qu’un nageur en pull buoy, se mettraient à courir avec les bras collés au corps ? (équilibrateurs dans cette situation)
Complètement absurde vous en convenez et du jamais vu.
De plus, j’ai une autre question. Le travail de jambes seules a-t-il un sens lors d’un entrainement, à tout âge ?
Peut-il avoir un objectif pour développer le système cardio et/ou musculaire ?
Pour ma part je pense de plus en plus qu’il s’agit d’une perte de temps considérable sachant que les jambes ont une fonction équilibratrice (sauf en brasse) et qu’elles sont subordonnées et dépendantes des membres supérieurs.
Merci pour votre réponse.
Cordialement.
FC entraineur
Cher Collègue,
Je vous remercie de prolonger l’échange, ce qui en dehors des arguments réfutés, interroge sur au moins deux aspects de la préparation à l’activité performante.
Quand on évoque la coordination (en l’occurrence celle des membres supérieurs) on doit se référer au domaine neuro physiologique. Les connaissances en la matière ne sont pas familières à la grosse majorité des entraineurs et il convient donc d’interroger les savants qui ont étudié ce domaine.
Une observation plus fine de l’activité des nageurs montre que ce qu’il convient d’appeler « coordination » : les relations spatiotemporelles de l’entrée en jeu des trains l’un par rapport à l’autre ou des membres d’un même train ne sont pas fixes.
Elles varient essentiellement en fonction de la vitesse de déplacement. Voir par exemple le passage du pas au trot, du trot au galop chez l’animal.
On peut dire que la coordination est subordonnée à la vitesse et non l’inverse.
Tenter de modifier ou d’imposer la coordination indépendamment de la vitesse est une absurdité.
L’argument physiologique le confirme en nous apprenant que les coordinations dépendent du cervelet et que celui-ci ne donne pas d’image consciente. Ce que déclenche le cervelet échappe donc à la volonté (celle du nageur ou celle de l’entraineur) !
L’autre argument du développement cardio pulmonaire lié à un travail consommant beaucoup d’énergie (celui des membres inférieurs) ne peut a priori être rejeté. Mais il convient aussi de prendre en compte le temps consacré au détriment de celui, de la nage ou des nages. On ne peut pas à la fois se plaindre de disposer de peu de temps de piscine et le gaspiller lorsqu’on sait que le même effet peut être obtenu par le footing se déroulant à l’extérieur dans un espace préférable à l’atmosphère de la piscine.
Ces considérations nous montrent combien il est important de confronter nos pratiques à leurs fondements. Combien la référence à l’esprit rationnel est assez peu partagée dans le monde de la natation et celui des entraîneurs.
Cordialement
raymond
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Un pour tous, tous pour un !
Notre ami N.K. tente d'introduire dans son pays une approche nouvelle de la natation, de la formation des nageurs et de l'entraînement.
Tout ce qui s'inscrit à contre courant des pratiques et des modes de pensée perturbe, est considéré comme suspect.
Nous proposons à nos lecteurs et visiteurs de réagir et si possible aider notre ami.
"Je m'occupe depuis plusieurs mois d'un homme de 48 ans qui nage pour réaliser des triathlons. À ses débuts il nageaient 27 coups de bras par 25 mètres et nageait 2000 m par séance seul en continu.
Il a débuté et appris par lui même l'année passée.
Il a plusieurs problèmes musculo-squelettique (épaules, cervicales), anxiété, problème de gestion respiratoire en nageant.
À force de patience de persévérance et d'investissement nous en sommes arrivés entre 15 et 17 coups de bras par 25 m sans temps d'arrêt et avec une bonne organisation respiratoire.
Il nage 2 fois semaines en plus de son vélo et autres sports. Nous avons rarement dépassé les 1500 m.
Il a amélioré ses 2 triathlons de 10 minutes à chaque fois sur un 1500 et 2000. Sa transformation s'est déclenchée essentiellement et grâce au plongeon.
Actuellement lorsque je lui demande de nager à la plus grande vitesse possible sur un 50 mètres par exemple, il se désorganise. Ses bras "tournent dans le vide" et surtout il va moins vite que si il nageait 15 -17 coups de bras.
J'ai l'impression que son coude se retire entre autre. Il s’appuie moins sur l'eau, mais par contre "les bras tournent et tournent", il passe à travers...
Comment est-ce que je peux aborder le sujet, le transformer ? J'ai tenté de faire des séquences en progressif. Par quoi, où et comment commencer ? Par quel bout commencer, réfléchir, construire ?
J'aurais du mal à produire une vidéo car je n'ai pas le droit de filmer pendant les bains libre. Je vais tenter de demander à la coach local. "
Nous attendons VOS COMMENTAIRES.
raymond
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DES BILLES POUR LA RENTRÉE
Ou quelques tâches particulièrement efficaces pour (trans)former les nageurs
Nombreux seront les enseignants ou les entraîneurs qui se consacreront partiellement ou à temps complet à la formation ou perfectionnement de nageurs.
À leur intention, je vais évoquer des transformations spectaculaires obtenues rapidement lors de séances consacrées à une famille, quelques jours avant la rentrée scolaire.
Nous vivions ces journées en des circonstances particulières de canicule et la piscine de 25 m., mais à profondeur limitée à un peu plus d’un mètre, constituait un refuge apprécié. Les parents ont la quarantaine et leurs trois filles sont âgées de 8, 6 et 4 ans. Le père sportif a déjà réalisé plusieurs marathons et pratique aussi le VTT. La mère nage depuis son enfance mais n’a jamais pratiqué en club. Elle a réalisé des triathlons sans jamais avoir parcouru la distance nagée en crawl exclusivement. Pour leur part les filles ont beaucoup joué en piscine familiale (10 à 12 m 3 ) ; elles s’immergent, réalisent des « acrobaties » dans l’eau et sont capable de réaliser plusieurs mètres sans reprendre pieds. Si l’on pose la question à la majorité des personnes les ayant vues : « Savent-elles nager ? » ; à l’exception de la plus jeune qui s’immerge mais n’a pas construit les déplacements, la réponse est positive !!!
Considérant les progrès possibles et souhaitables, j’ai demandé à mes invités s’ils souhaitaient améliorer leur nage et la réponse fut affirmative. J’ai donc pris en charge la famille à l’exception de la plus jeune à qui je me suis contenté de faire réussir l’absence de réaction aussi bien sur le ventre que sur le dos et le retour à la station verticale.
Pour la clarté de l’exposé je vais résumer successivement l’évolution de chacun bien que souvent ils se soient exercés dans le même temps avec des tâches spécifiques. Nous commençons avec le père.
Observation : lorsqu’il se met à nager, partant de la station verticale, l’eau à hauteur du bas du thorax, on constate qu’il bascule vers l’avant, un bras dans le prolongement du tronc, lequel s’enfonce dans l’eau avant la tête ; l’autre bras se met en opposition. La tête ne s’immerge jamais complètement et le regard se porte en oblique vers l’avant et le bas. Un battement de jambes, relativement ample voit à chaque coup les talons et les orteils sortir de l’eau pour redescendre en « temps fort ». C’est le battement qui subordonne l’entrée en jeu des membres supérieurs (M.S.), les épaules restant en surface. Le passage alternatif des bras dans l’eau se réalise à l’écart du plan vertical sagittal de chaque épaule. La rotation des M.S. est uniforme sans accélération dans l’eau. Les retours se réalisent latéralement et un bloc « tête épaules » caractérise l’organisation générale.
Interprétation : la manière de se mettre à nager observée démontre l’absence d’une organisation posturale pertinente, normalement élaborée par la construction du plongeon de départ. (Tête non immergée avant les bras et tête en dessus des bras). Le battement de jambes donnant le tempo à l’ensemble de la locomotion fait obstacle à sa coordination spontanée ; il convient de le supprimer pour qu’elle puisse se subordonner à l’action des bras. Il faudra ensuite disloquer le bloc tète épaules afin de mobiliser ces dernières en vue d’accroître l’amplitude et le passage des M.S. en dessous du corps et non à l’écart.
Mise en œuvre : en préalable, la posture du nageur ; le lieu n’étant pas propice à la construction du plongeon de départ, j’opte pour l’alignement et l’immersion en situation ventrale en partant du « déjà vécu ».
- Se mettre à plat dans l’eau, la tête s’immergeant avant que les deux M.S. s’alignent ensemble au dessus de la tête.
- L’alignement du corps immergé amène les talons en surface.
Plusieurs essais réussis et cette façon de se mettre à nager devient la seule possible et admise. J’en profite pour faire constater que cette manière de procéder provoque un déplacement de 5 m. environ sans impulsion initiale.
Ensuite, sur ce qui vient d’être acquis on greffe une impulsion des deux membres inférieurs (M.I.) et l’on gagne économiquement quelques mètres.
On peut maintenant aborder la locomotion. La première tâche consiste à faire « tourner » les M.S. en supprimant toute intention de faire fonctionner les M.I. Il ne faut pas bloquer mais libérer ces derniers.
En fait, la consigne passe bien pour pouvoir nous lancer dans l’ébauche du corps propulseur. A deux ou trois reprises il est rappelé la nécessité de « mettre la nuque en avant » (et non les yeux) tout en se guidant sur la ligne de fond.
A ce niveau de reconstruction nous passons de l’absence d’échanges ventilatoires à l’expiration continue sur 5 puis 7 coups de bras.
Peu à peu, le renversement s’établit et les actions des M.I. viennent su subordonner à celle des M.S.
La dislocation du bloc tête épaules s’impose : debout, pieds au sol, je maintiens fixe la tête et demande de projeter alternativement les épaules en avant pour permettre des passages de bras sous le corps et non à l’extérieur.
Des progrès sensibles apparaissent qui ne pourront se stabiliser qu’en parcourant des distances toujours plus longues sans omettre le respect des consignes. Quelques exercices ventilatoires ont complété ces séances.
Evaluation : la personne s’est déclarée satisfaite de se sentir mieux et d’avoir l’impression de se fatiguer beaucoup moins.
Si ce thème déclenche l’intérêt de nos visiteurs, la suite décrira les interventions spécifiques. auprès de là maman et des filles.
N’hésitez pas à réagir (même anonymement).
Bonne rentrée à tous !
Raymond
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Sauter dans l’eau !
Suite à la question de A. :
Bonjour Monsieur CATTEAU,
Je suis un MNS. J'ai trouvé votre email sur votre site et je me permets de vous poser une question en pédagogie scolaire.
Je suis en apprentissage avec un groupe d'enfants qui sont capable d'effectuer la descente au fond du bassin en utilisant la perche et de se laisser remonter sans rien bouger ( RP ).
Afin de bien maîtriser cette remontée, avant de sauter du bord pour toucher le fond, je propose des sauts verticaux ( 2 jambes unies et bien positionné la tête ) avec la perche. Qu'en pensez vous?
Dans l'attente de votre réponse, veuillez agréer monsieur l'expression de mes respectueuses salutations.
Très Cordialement,
A.
Sauter dans l’eau !
Dans la logique de la construction du nageur l’étape du corps flottant ouvre l’accès à la construction du corps projectile (apprendre à passer à travers l’eau).
Lorsque le débutant a touché le fond à diverses profondeurs et constate que « l’eau le fait remonter », il se doit de construire les moyens de se mettre à plat en adoptant la forme voulue.
Il dispose naturellement de 10 secondes d’apnée pour accepter les changements d’orientation de son corps en ayant éventuellement la tête immergée.
L’idée de demander de conserver l’indéformabilité et l’alignement du corps à la verticale semble paradoxale dans la mesure où dans l’eau, le fait de flotter ou de remonter passivement en surface n’est pas nécessaire. Mais il est important d’explorer toutes les variations de forme pour en vivre et repérer les conséquences sur l’orientation donnée par l’action combinée de la pesanteur et de la poussée d’Archimède.
Lorsque l’on aborde les sauts on prend appui sur un corps flottant construit dont le critère de réussite est la capacité de ne rien faire dans l’eau le temps de plusieurs échanges ventilatoires soit au moins 30 secondes ou plus, car nombreux sont ceux qui se laissent griser par cette sensation nouvelle d’apesanteur. Accepter et comprendre les effets de l’eau sur le corps. Cela commence à la verticale avec la tête en totale extension ayant pour effet de redresser la colonne dorsale et de ce fait d’accroître le volume thoracique.
Cependant l’enseignant averti sait que l’alignement et l’indéformabilité lui seront utiles pour les étapes suivantes. C’est donc un investissement utile. Beaucoup de collègues oublient que ces sauts doivent également être réussis avec les bras dans le prolongement du tronc avec départ non seulement face à l’eau mais également de dos. On peut également à ce stade partir de face et arriver de dos et inversement. Cela contribue à donner une représentation de ce que nous appelons l’espace d’action (celui où il réalise son activité).
Normalement l’utilisation de la perche n’est plus d’aucune utilité à ce stade. Et on peut même s’en dispenser pour aller toucher le fond si on utilise le corps d’un camarade agrippé au bord.
raymond