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« Réussir pour comprendre ».

Nous postulons que c’est seulement après avoir réussi à obtenir une transformation significative avec ses élèves qu’un enseignant de natation pourra comprendre les fondements didactiques sur lesquels repose cette réussite.

C’est pourquoi nous proposons à tous les enseignants "une fiche de construction du corps flottant" pour éviter les noyades.

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Fiche de construction

 

Pour éviter les noyades

8 séquences pour passer

d’un corps « pesant » au « corps flottant »

 

 

 

Le cheminement proposé permettra aux élèves de construire* « le corps flottant » et à l’enseignant de s’approprier par l’action des contenus d’enseignement essentiels à l’efficacité éprouvée.

 

* La notion de « construction » vient se substituer à celle d’apprentissage car elle intègre une transformation du fonctionnement de terrien.

 

Plusieurs séquences peuvent être réalisées au cours d’une même séance de 45 minutes. Une seule séquence peut aussi faire l’objet de plusieurs séances de 45 minutes.

Le passage à la séquence suivante ne doit s’opérer, et ne peut s’opérer, que lorsque le but de la séquence précédente a été atteint à de nombreuses reprises par tous les élèves.

 

Séquence n° 1

 

But à atteindre : une nouvelle locomotion en grande profondeur

 

Les élèves entrent dans l’eau en grande profondeur pour remonter à l’autre extrémité du bassin. (Ils peuvent utiliser l’échelle pour descendre dans l’eau où pas)

 

Le déplacement s’effectue à l’aide des bras, le buste est rigidifié verticalement, les pieds et d’autres parties du corps sont en contact avec le mur vertical. Les élèves prennent appui sur la goulotte leurs épaules sont immergées. L’espace d’action (là où on se déplace) et l’espace de vision sont distincts.

Les élèves confrontés à la grande profondeur découvrent une nouvelle locomotion. Le corps est perçu différent.

 

 

Séquence n° 2 

 

But à atteindre : une locomotion avec le corps en suspension

 

Les élèves multiplient les déplacements d’un point à un autre en utilisant la goulotte 

1) déplacement libre,

2) avec les épaules sous l’eau,

3) déplacement avec une grande amplitude entre 2 appuis,

4) déplacement plus rapides

5) déplacement en fermant les yeux,

6) déplacement en se retournant dos au mur face au mur.

 

Les épaules s’enfoncent dans l’eau, le corps est perçu de moins en moins « pesant ». Les pieds ne sont plus toujours en contact avec le mur vertical. Ils participent à la préservation de l’orientation du corps. Les élèves lors des déplacements de plus en plus rapides préservent l’équilibre vertical par une action de jambes s’apparentant au schème de la course.

Les élèves passent de l’appui à la suspension.

 

 

Séquence n°3 

 

But à atteindre : une immersion de plus de 10 secondes .

 

 

Les élèves s’immergent totalement en apnée, accrochés à la goulotte.

Et le font sur des déplacements toujours plus longs

 

Ils Immergent la face, bouche ouverte visage orienté vers le fond, yeux ouverts.

 

Les élèves immergent la tête le plus longtemps possible (nombre croissant d’ancrages et/ou durée accrue).

 

Les élèves réalisent une apnée de plus de 10’’ corps immergé avec les mains comme seul contact avec le monde solide.

 

Les élèves se déplacent à la goulotte sur la plus grande distance possible en immergeant la tête.

 

Les élèves quittent le contact avec le bord pour le reprendre très rapidement.

Les élèves se déplacent sans contact avec le mur vertical de la piscine le long d’une perche, d’une ligne d’eau

 

La tête immergée le corps commence à être perçu comme flottant. La peur du remplissage disparait. Les jambes remontent en surface. L’espace d’action et l’espace de vision sont confondus. Les jambes assurent la fonction équilibratrice.

 

 

 

Séquence n° 4 

 

But à atteindre : toucher le fond, profondeur 2 mètres environ

 

Les élèves descendent le long d’une perche ou le long du corps d’un camarade accroché à la goulotte et touchent le fond avec les pieds puis ouvrent les mains avant de remonter sans impulsion au fond.

Ils touchent le fond avec les genoux, la main, avec d’autres parties du corps.

 

Descendre au fond est perçu comme une difficulté, la durée de la remontée est plus courte que la durée de la descente. Toucher le fond permet de délimiter l’espace d’action.

Les élèves perçoivent qu’ils remontent en surface facilement et rapidement. La peur de l’engloutissement disparaît.

 

 

 

Séquence n°5 

 

But à atteindre : rester au fond 5 secondes.

 

Les élèves multiplient les déplacements à la verticale, ils tentent de rester au fond quelques instants puis remontent sans s’aider du corps du camarade.

 

Rester au fond est impossible pour la majorité des élèves, cela n’en demeure pas moins un objectif de tâche.

Attention ! C’est une absurdité pédagogique de demander aux élève de vider leurs poumons pour rester au fond.

C’est l’impossibilité de réussir la tâche qui transformera « la peur de rester au fond ».

La différence de densité entraîne la remontée du corps. Le corps est perçu comme flottant.

Contradiction entre les faits et les représentations !

 

 

Séquence n°6 

 

But à atteindre : laisser passivement l’eau agir sur son corps.

 

Les élèves descendent au fond et remontent passivement, arrivés à la surface ils gardent la tête immergée jusqu’à ce que l’eau les stabilise puis ouvrent la bouche.

L’extension de la tête puis le déplacement des membres supérieurs vers l’avant ou vers l’arrière modifient l’orientation du corps vers l’obliquité ou l’horizontalité.

 

Les élèves s’allongent sur le ventre bras dans le prolongement du corps pendant 10’’ sans bouger avant de se redresser, (en amenant les genoux aux épaules) idem sur le dos beaucoup plus longtemps (le temps de plusieurs échanges respiratoires).

 

Les élèves changent de forme et laissent l’eau agir sur leur corps passivement. Les élèves sont capables de choisir une forme en fonction de l’orientation souhaitée.

Les élèves ont construit le corps flottant.

 

 

Séquence n°7

 

But à atteindre : Sauter dans l’eau et se rendre indéformable pour « passer à travers » l’eau pour toucher le fond avec les pieds en grande profondeur.  

 

Les élèves sautent dans l’eau du bord par les pieds en restant bien vertical et en conservant le regard à l’horizontal.

Bras le long du corps puis bras dans le prolongement du corps.

Dans l’espace avant, puis dans l’espace arrière.

Les élèves exécutent des demi-tours à droite, à gauche.

A chaque saut ils touchent le fond avec les pieds.

 

Séquence n°8 

 

But à atteindre : Accepter le déséquilibre et le changement de direction

 

Les élèves basculent du bord et entrent dans l’eau sans pousser pour que le premier contact avec l’eau se fasse par la nuque

Les élèves basculent du bord dos à la surface sans pousser pour que le premier contact avec l’eau se fasse par les fesses, corps en »V »

 

Les réussites successives des élèves leur ont permis de construire le « corps flottant », la noyade n’est plus possible.

 

Les élèves ont réussi à franchir des obstacles psychologiques et physiques pour passer d’un monde hétérogène indéformable et solide ou l’équilibre vertical est instable à un monde liquide, déformable homogène ou l’équilibre est stable.

 

Les élèves ont inhibé leurs peurs en franchissant des obstacles psychologiques : le risque de disparaître, l’engloutissement, le remplissage.

 

La construction du corps flottant est « le premier niveau de construction du nageur » qui en compte six, c’est le pré requis à la construction du « corps projectile » puis du « corps propulseur ».

 

 

 

Conditions pour permettre à des élèves débutants de construire « le corps flottant » :

De 5 à 10 séances de 45 à 60 minutes par groupe de 10 élèves suffisent (la notion de groupe est très importante pour se construire rapidement).

Disposer d’une piscine dont la profondeur ne permette pas aux élèves de mettre leurs pieds au fond (la perte des appuis plantaires est indispensable).

Ne pas équiper les élèves de prothèses : flotteurs, frites, planches etc. …

Ne pas « aménager » le milieu ou l’encombrer d’accessoires, il s’agit d’entrer dans un monde qui se caractérise par son homogénéité.

Mettre les élèves en action à partir du but à atteindre en suivant le cheminement proposé.

Ne pas masquer le sens de la tâche (par exemple : toucher le fond ce n’est pas ramasser un objet au fond).

 

Septembre 2018

Marc, Raymond

 

 

 

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Commentaires   

#11 manoury 25-01-2019 00:26
Bonjour,
merci pour le partage de votre démarche et de vos travaux !
Serait il possible de récupérer la synthèse du colloque du 13 octobre dernier à l'INSEP dont le thème ?
Merci de votre réponse
#12 Mauro Antonini 28-01-2019 12:25
Si vous faites référence au colloque organisé par La Ligue Ile-de-France et l’ERFAN Ile-de-France, voici deux liens avec les vidéos des conférences :

https://www.youtube.com/channel/UCc5MDq_hNNLpE7Fjn1rxS5Q/videos

https://www.dailymotion.com/IDFnatation
#13 manoury 28-01-2019 20:51
Merci beaucoup pour votre réponse !
#14 Gérard 06-02-2019 09:38
Ce n’est pas « le chemin est difficile », c’est « difficile est le chemin ».

DISRUPTIF, DISRUPTION.
"L'acte de la découverte a un aspect disruptif et un aspect constructif. Il faut qu'il brise les structures de l'organisation mentale afin d'agencer une synthèse nouvelle."
Arthur Koestler - 1905-1983 - Le cri d'Archimède, 1964

"La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n'est aux faits eux-mêmes ; parce que, pour elle se soumettre, ce serait cesser d'exister."
Henri Poincaré - 1854-1912 - Fêtes du 75e anniversaire de l'ULB, 21 novembre 1909
Site https://philipefrossard.com
#15 marc 07-02-2019 17:26
La fiche de construction « 8 séquences pour passer d’un corps pesant au corps flottant » a été expérimenté par une professeure des écoles (pas spécialiste de natation) avec 10 élèves de 6 à 9 ans et a fait l’objet d’un film de 18 minutes. Les prises de vue sont exclusivement centrées sur les élèves en action, l'idée était de montrer le processus de transformation et de concevoir un instrument pour les enseignants.

Les images des élèves qui construisent rapidement « le corps flottant » suscitent l’adhésion de tous les spectateurs.

En revanche la trame sonore du film, qui centre l'attention du spectateur sur les déstructurations – restructurations qui s’opèrent et qui explicite quelques fondements didactiques qui permettent d’obtenir ces transformations, bouscule et dérange certains formateurs au point qu'ils refusent de les entendre alors même qu’ils sont témoins, grâce à l'image, de la réussite des élèves ...
#16 Gaëtan 11-02-2019 10:22
bonjour Marc,

où peut-on voir cette vidéo, je suis très intéressé. merci.
#17 marc 12-02-2019 05:59
Bonjour Gaëtan,
Ce film a été financé par la D.R Auvergne Rhône Alpes et la ligue natation, nous devons attendre le feu vert de ces institutions pour le diffuser.
#18 Adrien 29-09-2020 21:44
Ne pas équiper les élèves de prothèses : flotteurs, frites, planches etc. …

Je trouve cela un peu dogmatique...Ok si cela concercne cette séquence bien spécifique de 8 séances. Mais je trouve qu'il faut garder les idées plus ouvertes. Des enseignants arrivent aux mêmes résultats avec une didactique basée sur la diminution progressive du matériel de flottaison au cours des séances.

Aussi chaque enfant est bien différent. Si la méthode sans matériel est très bien pour certains, peut être que pour d'autres c'est celle avec matériel qui sera la plus efficace

Cordialement

Adrien
#19 marc 02-10-2020 11:45
"Une didactique basée sur la diminution progressive du matériel de flottaison"......
A lire :
https://raymondcatteau.com/ref-2/annexes/512-assises-pedagogiques-nantaise-2018

Pardon, vous n'avez pas le droit pour l'instant.