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NAGER VITE !

Un OBJECTIF SPECIFIQUE CONTESTABLE

Nous avons apprécié qu’un collègue praticien nous apporte un point de vue correspondant vraisemblablement à une option. Il semblerait qu’entre nager vite et nager loin ce soit le nager vite qui organise sa séance de natation.

Il importe de nous poser la question de savoir si cette « distinction », correspond à une réalité, a un sens ou s’il s’agit d’un concept creux ?

Si l’Education nationale a emprunté à l’Université, cette pseudo « connaissance » il convient de remonter à la source de sa conception.

Lorsque le débutant aborde la locomotion dans l’eau, l’ébauche du corps propulseur se manifeste par une rotation des membres supérieurs ; leur extrémité décrivant pour chacun, un arc au dessus de la surface (retour aérien) et un arc sous la surface (phase aquatique).

L’amplitude mesure l’écart entre les points extrêmes de l’arc.

On peut alors distinguer des paramètres cinématiques de ces trajectoires que sont : l’amplitude et la fréquence. On est dans le domaine de la description.

Dans la pratique, on constate que les progrès se manifestent à travers le nombre croissant de coups de bras que le nageur est en mesure d’atteindre et de maintenir entre ses tentatives.

Les premiers essais se réalisent en l’absence d’échanges ventilatoires.

Un repère concret pour l’élève se situe dans l’espace à travers la distance parcourue. La vitesse n’est pas significative pour lui, émotionnellement (Cf. : B. Jeu) et intellectuellement.

Des progrès significatifs dans la construction de la nage seront atteints à travers l’intégration des échanges ventilatoires. Ces derniers vont la structurer.

L’attention permanente du formateur est requise pour obtenir l’amplitude gestuelle. Mais sa réalisation suppose, de la part de l’élève, une représentation et de son espace corporel dans l’eau et de son espace d’action.

On favorise la construction de ces représentations sans lesquelles il n’y a pas d’adaptation possible aux objets et buts de l’activité (Wallon), en faisant parcourir aux membres supérieurs des passages dans les plans horizontal (surface de l’eau), sagittal vertical et frontal vertical (perpendiculaire aux précédents). Ces déplacements se réalisent, simultanément, extrêmement lentement et dans le sens inverse de celui de la nage.

Les amplitudes requises pour accroître le rendement de la nage concernent aussi bien les retours (projection de l’épaule vers l’avant) que les phases aquatiques.

La fréquence étant une réaction spontanée n’est jamais à solliciter.

Les collègues entraineurs avertis connaissent les mésaventures des nageurs qui ont « volontairement » mis en œuvre la fréquence pour redouter cette attitude. Cette vision erronée est inséparable de la représentation de la propulsion du nageur impliquant l’entrée en jeu de deux moteurs.

Si cela était le cas, quel serait le subordonnant ? Est-ce parce que le nageur augmente la puissance de ses membres supérieurs que les battements entrent en jeu ? Ou est-ce que le déclenchement des battements plus intenses se répercutera sur la puissance des membres supérieurs ? Nous avons évoqué plus haut les conséquences du « mauvais choix » !

En ce qui concerne la pertinence de l’option, l’éducateur se doit d’interroger les pratiques et la logique. Dans la locomotion terrienne peut-on imaginer le bébé à qui on ne laisserait que la possibilité de la course ? Commencer par la course améliorerait-il ses compétences locomotrices ? Peut-on en envisager les conséquences sur les plans de la santé et de son développement ?

Il faut enfin citer le texte d’un authentique chercheur F. Tochon (recherche et formation INRP n° 5 P./ 25 à 38) « L‘inadéquation des logiques de formation professionnelle, tient à l’absence d’une réflexion contextualisée, en situation, et au pouvoir de l’université de dénaturer les pratiques. La réflexion sur la pratique n’a rien d’un savoir universitaire.

L’observation des mouvements du nageur à vitesse optimale ou à vitesse maximale fait apparaitre des différences de trajectoires des extrémités. A vitesse maximale le trajet s’éloigne de plan vertical contenant l’axe de déplacement (grand dorsal) tandis qu’à vitesse optimale, le même nageur fera passer son propulseur dans ce plan vertical.

Il s’agit d’une adaptation et non d’une modalité différente.

Si l’on envisage la possibilité de porter secours, ou de se tirer soi-même de difficulté, pouvoir se rendre loin du bord et en revenir est certainement plus important qu’aller vite mais pas loin !

Le débat reste ouvert.

 

raymond

 

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Commentaires   

#1 theyves 21-02-2018 11:21
Bonjour Raymond,

1:Est-ce parce que le nageur augmente la puissance de ses membres supérieurs que les battements entrent en jeu ? Il suffit de regarder un nageur de 1500 et un nageur de 50 pour voir la différence de l'action.
2:Ou est-ce que le déclenchement des battements plus intenses se répercutera sur la puissance des membres supérieurs ? Sur la puissance non mais surement sur la durée de l'amplitude oui.

Pardon, vous n'avez pas le droit pour l'instant.