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Regard INDISCRET

( une nouvelle aventure pour l’observateur impertinent )

On pourrait croire le folklore pédagogique suffisamment complet en accumulant des situations ou des exercices ne présentant aucune utilité, voire néfastes pour les apprenants sans qu’il soit nécessaire de l’encombrer de formes inédites. La suite nous prouvera que non !

Les premières heures de l’après-midi sont réservées à la natation scolaire dispensée par les MNS. Dès 16 heures c’est l’ouverture au public et la fréquentation est compatible avec la réservation de 2 lignes d’eau pour les étudiants guidés par un professeur d’APS.

Une nouvelle jeune enseignante anime ce groupe dont l’effectif ne dépasse pas les 20 garçons et filles. Si l’on excepte un cas de nageur confirmé, l’ensemble pourrait être assimilé à des débutants et certains plus novices vivent leurs premiers contacts avec la piscine.

Tandis que j’effectue des allers-retours dans la ligne d’eau voisine, par déformation professionnelle je ne puis m’empêcher d’imaginer ce que je proposerais comme tâches si je me trouvais dans la situation de ma jeune collègue. A la limite d’envisager la séance adéquate.

Manifestement la natation n’a pas été son option prioritaire ou ce serait à désespérer de la formation en STAPS. Alors, comment s’y prend-elle ?

Elle fait parcourir à ses élèves une distance sans la moindre consigne ! Lors de la dernière séance observée : partir de la grande profondeur et remonter à l’extrémité pour revenir par le bord en marchant. Les entrées à l’eau se font par les pieds en sautant ou se laissant glisser le long du bassin ou en plongeant tête au dessus des bras à l’entrée à l’eau.

Les rares séquences de nage sur le dos voient l’arrêt prononcé des mains aux cuisses et la tête sortie de l’eau entrainant l’enfoncement du bassin.

La nage ventrale alternée se caractérise par la rotation du bloc tête-épaules tandis que le respect de la consigne de la fixation de la tête immergée entraînerait, si elle était donnée et respectée, un progrès décisif dans la construction de la nage de ces débutants.

Le souci des élèves de maintenir la tête hors de l’eau a pour inévitable conséquence l’enfoncement du bassin et des poussées des avant-bras en profondeur. D’où un rendement déplorable.

Je n’ai ni vu ni entendu de consignes ventilatoires.

L’utilisation du matériel donne lieu à des situations pour le moins originales. Si j’ai bien observé la démonstration à sec : la jeune collègue maintenait la planche entre les cuisses en exécutant des rotations du bassin selon le grand axe du corps. Pour les élèves ayant la tête hors de l’eau, faire pivoter cette planche se révélait particulièrement complexe et pour beaucoup irréalisable.

Il serait fastidieux de détailler les « curiosités » de cette séance, mais je ne puis omettre de vous dire l’exercice le plus original.

Chaque élève disposait de sa planche à battements tenue à l’horizontale. Sur chacune notre collègue a déposé l’extrémité antérieure un gobelet en carton. L’exercice consistait pour les étudiants à pousser la planche par maintien alternatif de l’extrémité d’un membre supérieur en nage ventrale sans que le gobelet ne bascule. Je ne vous donne pas le, pourcentage de réussite!

Les MNS, témoins comme moi de cette « trouvaille » étaient sidérés.

Il n’y a pas d’enseignement sans contenu. La méconnaissance des fondements des disciplines entraine les déviations pédagogiques. Comment l’enseignant va-t-il combler ce VIDE ?

Il ira chercher dans son environnement quotidien, n’importe où, n’importe comment, l’illusion d’exercices qu’il suffirait de faire exécuter pour que l’élève progresse.

Ou alors, fera place à l’imaginaire !

raymond

 

 

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Commentaires   

#1 TTA 23-11-2017 09:28
Bonjour monsieur Catteau, qu'entendez vous par déviation pédagogique? Une autre méthodologie que la vôtre est elle possible pour vous? Combien de temps avez vous passé dans l'eau et dans quelles conditions? Dans une piscine uniquement?
#2 raymond 23-11-2017 09:30
Déviation

Un lecteur fort probablement occasionnel du site réagit, je pense, au dernier article de l’observateur indiscret. Sa demande mérite réponse.
Naïvement il questionne l’expression « déviation pédagogique » employée pour caractériser le fatras d’exercices sans liens entre eux et dont on se demande bien ce qu’ils peuvent apporter aux étudiants sollicités.
Il y a « déviation » lorsque l’on sort de la voie normale, lorsqu’on est dévié de sa direction.
Effectivement le terme n’est pas le plus pertinent en l’absence de but, de direction repérable de la séance.
Notre lecteur demande en outre s’il y a d’autres « méthodologies » que celle que nous préconisons et à laquelle nous avons accédé au prix d’une rupture avec les pratiques dominantes. Ces dernières sont encore largement majoritaires en notre pays et dans la Monde et le resteront aussi longtemps que les entraineurs et MNS n’auront pas été formés à la pédagogie de l’action et à la pensée rationnelle.
Peu informé, l’auteur en vient à se demander si celui qui a écrit ces lignes est ou a été nageur et s’il a enseigné. S’il s’était aventuré dans Wikipedia ou avait ouvert les pages 17 à 20 de « La natation de Demain » il aurait été comblé. Pour lui éviter cette lecture et le rassurer, je puis lui dire qu’une grande partie de mon enfance et de mon adolescence s’est passée dans l’eau, que j’ai enseigné en piscine, en bords de mer et de rivière, et que j’ai eu l’opportunité d’exposer en France et à l’étranger une conception originale de la pédagogie de la natation et de sa didactique. Le privilège m’a été accordé de jouer plus de dis fois en équipe de France de water-polo.
Nous souhaitons qu’il poursuive sa quête d’informations et il y en a beaucoup sur le site.
#3 theyves 25-02-2018 12:09
Bonjour TTA. Pour enseigner la natation il est certain qu'il eût été préférable d'avoir pratiqué la natation et de connaitre les sensations des mouvements et déplacement des membres du corps dans l'eau. On demande pas forcement d'avoir nagé moins de 50 secondes au 100 lol, Un prof qui a nagé 1'30 au 100 crawl peut très bien être un bon prof, tant qu'il a compris ce qu'est le file rouge de la séance. Pour la non connaissance du Nom Catteau ou même garoff peut être que vous n'avez pas eu la chance d'avoir été guidé dans la bonne direction. S'en doute dû a une déviation pédagogique de votre cursus scolaire. La différence principale ente l'imaginaire et la réalité des choses. C 'est que la réalité des choses sont uniquement dans le vécu. YC
#4 Guillaume 25-02-2018 15:16
Bonjour, je pense qu'il n'a surtout pas compris que entre l'expérience personnelle dans un sport et les connaissances théoriques ( physiologiques, psychologiques ) sont elles complémentaires et nécessaires.

Pardon, vous n'avez pas le droit pour l'instant.