Hommage à Raymond Catteau par la Ministre des Sports
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Le témoignage de la Ministre des Sports Roxana Maracineanu en hommage à Raymond Catteau lors de ses obsèques.
Raymond était un visionnaire. Toute sa vie, il a mis sa réflexion et son expérience au service du plus grand nombre pour faire progresser l’enseignement de la natation et l’accompagnement de l’individu dans l’eau.
Mais pas que dans l’eau ! Dans la vie aussi. Sans le savoir sûrement ni jamais s’en attribuer la prérogative.
Moi, j’ai entendu parler de Raymond par Lionel Horter, inspiré par Marc Begotti, lui-même formé par Raymond.
Je l’ai rencontré pour la 1ère fois à l’occasion d’une réception au Ministère des sports quand il a été primé pour son livre devenu culte « La natation de demain ».
Je l’ai croisé à nouveau lors d’un stage à Châtillon sur Indre par l’entremise de Jonathan qui avait connu Katia qui avait connu Patrick, qui avait connu David qui avait connu Mauro qui avait connu Raymond.
Raymond est aux origines. A l’origine du sens qu’on a choisi de donner à nos vies. On aurait tous pu choisir une vie consacrée à autre chose qu’à la passion de Raymond.
Mais on a tous été inspirés par la cause qu’il portait et surtout par sa manière d’être. Sans concession et convaincu. Il nous a légué cette furieuse envie de transmettre. Ce besoin d’agir pour pouvoir comprendre, cette nécessité de déconstruire pour mieux construire ensuite, et faire progresser l’individu.
L’eau, cet élément qu’il a tant aimé, n’est que la loupe de ce qu’il cherchait au fond : créer une communauté d’esprit.
Cette communauté, nous l’incarnons et elle va bien au-delà de ce cercle de personnes présentes aujourd’hui. Je m’engage à l’animer et la faire vivre avec vous. Elle doit prendre tout son sens et occuper enfin le rôle qu’elle mérite : celui d’émanciper l’individu en l’aidant à surmonter ses peurs innées face à un milieu inconnu : celui de l’eau. C’est dans cet esprit de découverte que sa démarche pédagogique sera le levier central pour la lutte contre les noyades que j’ai engagée au plan national.
A peine arrivée au Ministère des Sports, j’ai suggéré un nom, un seul, celui de Raymond pour obtenir une décoration. Il est normal que l’Etat reconnaisse cet homme à la hauteur de son engagement au service des autres.
Mais comme il l’a toujours fait, Raymond a préféré partir avant d’être dans la lumière. A vous, ses proches, j’assure que son inspiration participe à chacune de mes décisions. Je mets un point d’honneur à demeurer pleine, entière et convaincue comme lui l’a toujours été.
C’est pourquoi, je suis honorée, au nom du Président de la République, de lui remettre aujourd’hui l’Insigne de Chevalier de l’Ordre National du Mérite.
Raymond CATTEAU : LA NATATION DE DEMAIN - Nouvelle édition revue et augmentée
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Raymond CATTEAU
LA NATATION DE DEMAIN - Une pédagogie de l'action
Nouvelle édition revue et augmentée
La seconde édition ne se caractérise pas seulement par un changement de couverture. Elle se présente comme une œuvre plus aboutie et plus accessible que la première.
La structure de l’ouvrage comporte de nouveaux chapitres et de nouvelles annexes qui viennent agrémenter et compléter l’ensemble.
Sept années après la première édition de « la natation de demain », cette seconde édition revue et corrigée s’enrichit d’une importante iconographie et d’un chapitre inédit sur la connaissance des nages. On sait que les conceptions relatives aux apprentissages, à l’enseignement, aux techniques sont interdépendantes. En cohérence avec une pédagogie de l’action se trouve ici développée une analyse fonctionnelle des techniques de nage qui devrait intéresser tous les intervenants dans le domaine de la natation. L’utilisation d’un référentiel prenant en compte les actions du nageur dans l’eau en même temps que son propre déplacement permet de lire et interpréter autrement les nages. Voici un nouvel outil pour mieux observer les nageurs et intervenir plus efficacement pour les faire progresser.
Le nouveau contenu et les annexes, particulièrement « l'incursion dans le cadre de référence », devraient inciter et aider le formateur et l’entraîneur à expérimenter le plus souvent avec le sentiment de dépasser l’exercice ou la recette.
Veuillez consulter le site Internet de ATLANTICA Editions. Vous y trouverez les indications pour acheter le livre.
Pédagogie et didactique dans la pédagogie de l'action.
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«Pédagogie et didactique» dans la pédagogie de l'action.
Notre visiteur P. J. souhaite que soient clarifiées les notions de didactique et de pédagogie qui ont des fonctions importantes et complémentaires dans la pédagogie de l'action. Il est vrai que s'il se reporte aux dictionnaires classiques, il se trouvera assez loin des définitions que les spécialistes proposent actuellement :
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pédagogie : "théorie et science de l'éducation"
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didactique : "théories et méthodes de l'enseignement"
Nous tenterons de préciser comment fonctionne le pédagogue et pourquoi une didactique de sa discipline se révèle incontournable dès lors qu'il s'inscrit dans le courant des méthodes actives.
PÉDAGOGIE
A la fois art dans la pratique et science dans ses fondements théoriques, la pédagogie se propose de stimuler, favoriser, guider les apprentissages. Elle se trouve ainsi tributaire des relations avec les enseignés et de ce fait requiert connaissances psychologiques et celles des lois de l’apprentissage. La connaissance des contenus à enseigner constitue une exigence fondamentale, ce qui la lie à la didactique. Cette connaissance, lorsqu’il s’agit de savoir-faire, se présente sous deux aspects foncièrement opposés et caractérise deux formes de pédagogie. La pédagogie traditionnelle se réfère aux aspects visibles de l’activité considérée et tente à travers de nombreuses répétitions de les faire reproduire par les apprenants. La pédagogie active se doit de prendre en compte le fonctionnement d’ensemble (structuré par la coordination des fonctions impliquées dans la réalisation des actons).
C’est à travers une activité déployée que les apprenants font l’acquisition de savoirs et/ou de savoir-faire. La présence active de l’enseignant devrait permettre des acquisitions plus solides (plus durables), plus nombreuses (plus riches), plus rapides que si l’enseigné se trouvait abandonné à ses propres initiatives ou « au hasard des rencontres avec le milieu ».
Par nature, les apprentissages ne sont jamais « achevés ». Ils supposent une distribution dans le temps et le respect des lois auxquelles ils obéissent.
DIDACTIQUE
L’idée selon laquelle le pédagogue doit avoir de la matière ou discipline qu’il enseigne une connaissance approfondie a peu de chances d’être contestée. Dans le sens qui lui est de plus en plus attribué, la didactique tente d’identifier, de définir, de cerner et structurer ces connaissances ou savoir-faire et, partant, comment le contenu de l’enseignement se trouvera « distribué », réparti dans le temps ce qui doit être assimilé, acquis par l’apprenant. La didactique de la natation se réfère à la connaissance d’un savoir-faire dont les formes les plus élaborées apparaissent dans la pratique sportive compétitive.
Un long et lourd héritage pédagogique met l’accent sur les aspects visibles, repérables de l’action de nager et de l’ensemble des nages. Les mouvements des différents segments et de l’ensemble du corps se trouvent ainsi valorisés et particulièrement les plus mobiles (extrémités des membres) comme référent didactique dans la majorité des descriptions. L’essentiel se réalise sous la surface et n’est pas directement accessible aux regards de l’observateur. Les prises de vues (cinéma ou vidéo) sont venues en partie combler ce handicap, mais rendre compte de l’ensemble coordonné de l’ensemble des mouvements dans un cycle relève du défi. De ce fait, les descriptions procèdent d’une analyse , d’un découpage (découplage) de ce que réalisent les différentes parties du corps pour les exposer successivement. Cette opération indispensable à la compréhension se transpose dans l’enseignement et l’on voit apparaître ce découpage dans la pédagogie traditionnelle. La position du corps, le travail des membres supérieurs et inférieurs, la ventilation et leur coordination constituent l’essentiel de la didactique traditionnelle.
La didactique de la pédagogie de l’action procède d’une tout autre démarche : elle pose le problème de la nature de l’activité. Elle considère la natation comme une locomotion dans l’eau soumise aux contraintes spécifiques des forces externes au sujet. L’acquisition des nages devient donc le passage d’une locomotion, le plus souvent, déjà construite sur terre avec des contraintes différentes. C’est le fonctionnement élaboré du nageur qui devient le référentiel à partir duquel l’enseignant construira les déstructurations (terriennes) et structurations (aquatiques) comme passages obligés de la construction du nageur.
On constate donc que c’est l’option pédagogique (enseigner des mouvements) ou (construire la nageur) qui détermine la nature descriptive ou structurelle du contenu natation à enseigner.
raymond
Alain Catteau - Faire du vélo et nager
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Alain Catteau - Faire du vélo et nager
- à faire de la bicyclette sans roulette,
- à nager sans bouée.
Pour celui qui enseigne la natation, quel intérêt y a-t-il à étudier cette vidéo relatant une expérience d’apprentissage de vélo inversé ?
Rappelons la succession des différentes séquences de cette vidéo :
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Par rapport à un vélo ordinaire, un soudeur opère un changement sur la commande de direction de la roue avant. Un engrenage inverse la commande si bien que lorsque le guidon est tourné à droite, la roue tourne à gauche et inversement le guidon tourné à droite, la roue tourne à gauche.
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Un adulte ingénieur de 31 ans à qui est présenté ce vélo et qui a connaissance des transformations opérées pense pouvoir réussir à rouler sur ce vélo bien particulier. Cet adulte est habile, il sait depuis longtemps faire du vélo ordinaire et pourtant dès les premiers essais, il ne réussit pas à parcourir ne serait-ce que quelques mètres.
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Plutôt que d’abandonner l’affaire et passer à autre chose, il se lance un défi à lui-même et se prend au jeu : réussir à faire du « vélo inversé »
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Il décide donc de s’entraîner sur ce vélo bien particulier à raison d’une séance journalière.
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Sa période d’apprentissage de 5 minutes par jour durera 8 mois. (7 jours x 33 semaines = 231 séances x 5min = 1155 minutes soit 19 h et 15 minutes.
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Enfin du jour au lendemain, une sorte de déclic s’opère et une première réussite est là.
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Mais cette réussite est fragile et peut être mise à mal par manque d’attention, une distraction. Alors c’est l’ancien schéma qui réapparaît, le vieil algorithme de contrôle, celui éprouvé depuis longtemps sur le vélo ordinaire et qui conduit à la chute sur le vélo inversé.
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L’apprentissage est vraiment stabilisé lorsque le vélo inversé est conduit à différentes vitesses et sans à coup.
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L’ingénieur réalise des conférences dans diverses universités et propose systématiquement à une personne du public de venir sur scène pour réussir à faire du vélo inversé, c’est-à-dire parcourir 3 m sans mettre pied à terre en conservant les pieds sur les pédales. Beaucoup pensent qu’ayant compris intellectuellement le fonctionnement de ce vélo, ils pourront en faire, la compréhension et la volonté devraient suffire. Aucune n’y parvient.
Le fils de l’ingénieur qui a entre 5 et 6 ans, sait faire du vélo ordinaire depuis 3 ans ce qui représente plus de la moitié de sa vie. Avec la promesse de l’emmener avec lui en Australie, il engage son fils à apprendre à faire du vélo inversé. Une question l’anime : Combien de temps mettra son fils de 5ans pour apprendre à faire du vélo inversé ?
Au bout de trois à quatre semaines son fils réussit à faire du vélo inversé.
Une troisième partie du document poursuit l’expérience d’apprentissage de l’ingénieur : maintenant que l’apprentissage du vélo inversé est stabilisé, lui est-il possible de refaire du vélo normal ?
Dans un premier temps et de manière spectaculaire la réponse est non, il ne sait plus faire de vélo normal. On le voit essayer, ne pas y parvenir, tâtonner et enfin au bout de 20 minutes d’essais, il peut à nouveau réussir à faire du vélo normal.
J’éprouve de l’intérêt pour cette narration, elle me permet de mieux comprendre le processus d’apprentissage et la nature des apprentissages à réaliser. Je mets en relation cette narration avec mon expérience d’enseignement de la natation.
Faire du vélo est une activité locomotrice complexe qui met en système le cycliste (le pilote) et le vélo (engin) dans un environnement physique. Toute modification apportée à un élément du système a un impact sur le fonctionnement de l’ensemble.
A propos du vélo inversé il importe de bien comprendre l’impact des modifications opérées. A première vue, elles paraissent minimes, le guidon est l’organe mécanique du vélo qui permet de changer de direction, mais en fait sa fonction est double directionnelle et équilibratrice. A notre insu et sans que cela soit réalisé de manière volontaire, nous maintenons notre équilibre sur le vélo en agissant sur le guidon. Cette fonction est particulièrement mise en évidence quand nous tentons de rester en équilibre les pieds sur les pédales à l’arrêt. Nous sommes alors capables d’observer nos actions sur le guidon mais nous ne les commandons pas de manière volontaire.
Nager est une activité locomotrice complexe qui met en système le nageur et le milieu dans lequel s’exerce son activité. Apprendre à nager est une expérience dans laquelle il va falloir passer d’une locomotion terrienne autonome (la marche ou la course) à une locomotion dans l’eau. Pour comparaison, l’inversion de la commande directionnelle du guidon de vélo qui a un impact sur la capacité à s’équilibre à vélo éclaire la nature des transformations à opérer lorsque l’on passe de la terre à l’eau. La fonction équilibratrice habituelle terrienne n’est plus efficace et inadaptée dans l’eau. Construire une fonction posturale nouvelle dans l’eau suppose de prendre en compte toutes les forces externes environnementales agissant sur le corps et de solliciter de manière ajustée les groupes musculaires du sujet pour prendre ou maintenir une posture adéquate. L’apprentissage du vélo inversé prend beaucoup de temps parce qu’il nécessite d’une part la déconstruction des schémas d’équilibre acquis antérieurement dans l’apprentissage du vélo normal, et d’autre part la construction, lors de perceptions de déséquilibres, d’actions et réactions pertinentes, inverses de celles acquises antérieurement. Autrement dit, il faut désapprendre à faire du vélo pour faire du vélo inversé. Les régulations de l’équilibre se font au niveau du cervelet et sont automatisées, les circuits neuronaux sont courts car le temps de réaction à un déséquilibre doit être le plus court possible pour éviter les chutes. Nous avons souvent une vision statique de l’équilibre, son apparente stabilité pour un regard extérieur masque toute la dynamique des perceptions des déséquilibres et des réactions motrices qui s’en suivent au niveau des muscles dits posturaux.
La vidéo montre que parfois l’ingénieur et son fils portent un casque. Ce casque ne modifie en rien l’apprentissage à réaliser. Ils auraient pu aussi s’équiper de coudières ou de genouillères, le statut de ces équipements n’est pas de supprimer le risque de chute mais de protéger le corps en cas de chute. Dans l’apprentissage de la nage, l’utilisation d’artifices tels ceintures planches ou brassards n’a pas du tout le même statut car tous ces artifices modifient les conditions physiques qui s’exercent sur le corps. L’apprentissage de l’équilibration dans l’eau est nécessaire et essentiel, il doit se réaliser sans aucun équipement. De même cette relation a l’eau doit se réaliser dans l’eau qui est un volume homogène, qui n’est pas encombré d’objets divers et variés, dans un milieu qui ne doit pas être un gymnase aquatique comme on le voit trop souvent. L’efficacité pédagogique requiert d’aller à l’essentiel. Imaginons un instant ce que deviendrait la vidéo du vélo inversé si des petites roulettes stabilisatrices étaient ajoutées au vélo ! Quel apprentissage serait réalisé ? Et pourtant beaucoup d’intervenants en natation ne sont pas choqués par l’utilisation des artifices en piscine ou de l’encombrement de l’espace aquatique par divers agrès sous prétexte « d’aménager le milieu ». La construction du corps flottant se fait dans l’eau, toute l’eau, mais que l’eau. C’est une étape décisive de la construction du nageur car si sur terre il est possible de tomber, une fois dans l’eau on ne peut pas chuter.
Dans l’apprentissage du vélo inversé, il est évident que la compréhension des mécanismes en jeu ne permet pas la réussite en action. Compréhension et action se situent sur deux plans différents. Piaget dans ses deux ouvrages « Réussir et comprendre » et « La prise de conscience » travaille à la compréhension des relations entre ces deux plans. Ainsi l’action est la clé pour obtenir des réussites en action. Contrairement à ce que l’on voit couramment au bord des bassins, il ne sert à rien d’expliquer pour que l’élève comprenne en vue d’une réussite hypothétique. Non, l’enseignant doit proposer aux élèves des tâches ajustées aux buts définis dans lesquels ils peuvent s’engager et qui leur permettent de réussir et de construire de nouvelles capacités d’agir.
Enfin la comparaison du temps d’apprentissage du vélo inversé pour le père et pour le fils montre que le système neuronal est plastique, c’est-à-dire qu’il est susceptible de construire de nouveaux circuits à tout âge, mais il faut reconnaître que la plasticité de ce système semble décroître avec l’âge, le jeune enfant semble en mesure d’apprendre plus vite que ses aînés.
Alain Catteau le 3 Mai 2019.
Pour éviter les noyades - 8 séquences pour passer d’un corps « pesant » au « corps flottant »
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« Réussir pour comprendre ».
Nous postulons que c’est seulement après avoir réussi à obtenir une transformation significative avec ses élèves qu’un enseignant de natation pourra comprendre les fondements didactiques sur lesquels repose cette réussite.
C’est pourquoi nous proposons à tous les enseignants "une fiche de construction du corps flottant" pour éviter les noyades.
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Fiche de construction
Pour éviter les noyades
8 séquences pour passer
d’un corps « pesant » au « corps flottant »
Le cheminement proposé permettra aux élèves de construire* « le corps flottant » et à l’enseignant de s’approprier par l’action des contenus d’enseignement essentiels à l’efficacité éprouvée.
* La notion de « construction » vient se substituer à celle d’apprentissage car elle intègre une transformation du fonctionnement de terrien.
Plusieurs séquences peuvent être réalisées au cours d’une même séance de 45 minutes. Une seule séquence peut aussi faire l’objet de plusieurs séances de 45 minutes.
Le passage à la séquence suivante ne doit s’opérer, et ne peut s’opérer, que lorsque le but de la séquence précédente a été atteint à de nombreuses reprises par tous les élèves.
Séquence n° 1
But à atteindre : une nouvelle locomotion en grande profondeur
Les élèves entrent dans l’eau en grande profondeur pour remonter à l’autre extrémité du bassin. (Ils peuvent utiliser l’échelle pour descendre dans l’eau où pas)
Le déplacement s’effectue à l’aide des bras, le buste est rigidifié verticalement, les pieds et d’autres parties du corps sont en contact avec le mur vertical. Les élèves prennent appui sur la goulotte leurs épaules sont immergées. L’espace d’action (là où on se déplace) et l’espace de vision sont distincts.
Les élèves confrontés à la grande profondeur découvrent une nouvelle locomotion. Le corps est perçu différent.
Séquence n° 2
But à atteindre : une locomotion avec le corps en suspension
Les élèves multiplient les déplacements d’un point à un autre en utilisant la goulotte
1) déplacement libre,
2) avec les épaules sous l’eau,
3) déplacement avec une grande amplitude entre 2 appuis,
4) déplacement plus rapides
5) déplacement en fermant les yeux,
6) déplacement en se retournant dos au mur face au mur.
Les épaules s’enfoncent dans l’eau, le corps est perçu de moins en moins « pesant ». Les pieds ne sont plus toujours en contact avec le mur vertical. Ils participent à la préservation de l’orientation du corps. Les élèves lors des déplacements de plus en plus rapides préservent l’équilibre vertical par une action de jambes s’apparentant au schème de la course.
Les élèves passent de l’appui à la suspension.
Séquence n°3
But à atteindre : une immersion de plus de 10 secondes .
Les élèves s’immergent totalement en apnée, accrochés à la goulotte.
Et le font sur des déplacements toujours plus longs
Ils Immergent la face, bouche ouverte visage orienté vers le fond, yeux ouverts.
Les élèves immergent la tête le plus longtemps possible (nombre croissant d’ancrages et/ou durée accrue).
Les élèves réalisent une apnée de plus de 10’’ corps immergé avec les mains comme seul contact avec le monde solide.
Les élèves se déplacent à la goulotte sur la plus grande distance possible en immergeant la tête.
Les élèves quittent le contact avec le bord pour le reprendre très rapidement.
Les élèves se déplacent sans contact avec le mur vertical de la piscine le long d’une perche, d’une ligne d’eau
La tête immergée le corps commence à être perçu comme flottant. La peur du remplissage disparait. Les jambes remontent en surface. L’espace d’action et l’espace de vision sont confondus. Les jambes assurent la fonction équilibratrice.
Séquence n° 4
But à atteindre : toucher le fond, profondeur 2 mètres environ
Les élèves descendent le long d’une perche ou le long du corps d’un camarade accroché à la goulotte et touchent le fond avec les pieds puis ouvrent les mains avant de remonter sans impulsion au fond.
Ils touchent le fond avec les genoux, la main, avec d’autres parties du corps.
Descendre au fond est perçu comme une difficulté, la durée de la remontée est plus courte que la durée de la descente. Toucher le fond permet de délimiter l’espace d’action.
Les élèves perçoivent qu’ils remontent en surface facilement et rapidement. La peur de l’engloutissement disparaît.
Séquence n°5
But à atteindre : rester au fond 5 secondes.
Les élèves multiplient les déplacements à la verticale, ils tentent de rester au fond quelques instants puis remontent sans s’aider du corps du camarade.
Rester au fond est impossible pour la majorité des élèves, cela n’en demeure pas moins un objectif de tâche.
Attention ! C’est une absurdité pédagogique de demander aux élève de vider leurs poumons pour rester au fond.
C’est l’impossibilité de réussir la tâche qui transformera « la peur de rester au fond ».
La différence de densité entraîne la remontée du corps. Le corps est perçu comme flottant.
Contradiction entre les faits et les représentations !
Séquence n°6
But à atteindre : laisser passivement l’eau agir sur son corps.
Les élèves descendent au fond et remontent passivement, arrivés à la surface ils gardent la tête immergée jusqu’à ce que l’eau les stabilise puis ouvrent la bouche.
L’extension de la tête puis le déplacement des membres supérieurs vers l’avant ou vers l’arrière modifient l’orientation du corps vers l’obliquité ou l’horizontalité.
Les élèves s’allongent sur le ventre bras dans le prolongement du corps pendant 10’’ sans bouger avant de se redresser, (en amenant les genoux aux épaules) idem sur le dos beaucoup plus longtemps (le temps de plusieurs échanges respiratoires).
Les élèves changent de forme et laissent l’eau agir sur leur corps passivement. Les élèves sont capables de choisir une forme en fonction de l’orientation souhaitée.
Les élèves ont construit le corps flottant.
Séquence n°7
But à atteindre : Sauter dans l’eau et se rendre indéformable pour « passer à travers » l’eau pour toucher le fond avec les pieds en grande profondeur.
Les élèves sautent dans l’eau du bord par les pieds en restant bien vertical et en conservant le regard à l’horizontal.
Bras le long du corps puis bras dans le prolongement du corps.
Dans l’espace avant, puis dans l’espace arrière.
Les élèves exécutent des demi-tours à droite, à gauche.
A chaque saut ils touchent le fond avec les pieds.
Séquence n°8
But à atteindre : Accepter le déséquilibre et le changement de direction
Les élèves basculent du bord et entrent dans l’eau sans pousser pour que le premier contact avec l’eau se fasse par la nuque
Les élèves basculent du bord dos à la surface sans pousser pour que le premier contact avec l’eau se fasse par les fesses, corps en »V »
Les réussites successives des élèves leur ont permis de construire le « corps flottant », la noyade n’est plus possible.
Les élèves ont réussi à franchir des obstacles psychologiques et physiques pour passer d’un monde hétérogène indéformable et solide ou l’équilibre vertical est instable à un monde liquide, déformable homogène ou l’équilibre est stable.
Les élèves ont inhibé leurs peurs en franchissant des obstacles psychologiques : le risque de disparaître, l’engloutissement, le remplissage.
La construction du corps flottant est « le premier niveau de construction du nageur » qui en compte six, c’est le pré requis à la construction du « corps projectile » puis du « corps propulseur ».
Conditions pour permettre à des élèves débutants de construire « le corps flottant » :
De 5 à 10 séances de 45 à 60 minutes par groupe de 10 élèves suffisent (la notion de groupe est très importante pour se construire rapidement).
Disposer d’une piscine dont la profondeur ne permette pas aux élèves de mettre leurs pieds au fond (la perte des appuis plantaires est indispensable).
Ne pas équiper les élèves de prothèses : flotteurs, frites, planches etc. …
Ne pas « aménager » le milieu ou l’encombrer d’accessoires, il s’agit d’entrer dans un monde qui se caractérise par son homogénéité.
Mettre les élèves en action à partir du but à atteindre en suivant le cheminement proposé.
Ne pas masquer le sens de la tâche (par exemple : toucher le fond ce n’est pas ramasser un objet au fond).
Septembre 2018
Marc, Raymond
Pensée spéculative. Pensée rationnelle. C’est quoi ? Comment ça fonctionne ?
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PENSEE SPECULATIVE. PENSEE RATIONNELLE.
C’EST QUOI ? COMMENT ÇA FONCTIONNE ?
La réponse d’Aurélien FABRE
Il nous arrive souvent d’emprunter à Aurélien FABRE des citations ou des notions qui nous semblent incontournables pour orienter la pédagogie vers les principes, les préceptes et les règles des méthodes actives, tant notre discipline aurait à y gagner.
Le chapitre « L’expérimentation pédagogique : Empirisme – Expérience – Expérimentation » retrace toute l’histoire de la pédagogie et en indique les perspectives possibles et souhaitables.
Le passage qui suit, extrait de ce chapitre de "L'école active expérimentale" d'Aurélien Fabre, devrait inciter nos lecteurs à le lire attentivement l’ensemble de l’ouvrage.
Entre la pensée spéculative et la pensée rationnelle, c’est le combat sans merci et l’issue de la lutte ne peut être obtenue que par l’élimination de l’un des deux adversaires. II est généralement admis, sous la foi de l'idée vague de progrès, que l'esprit de l'homme contemporain est un esprit rationnel. Rien n'est moins exact pour la grande majorité des hommes. Les différences essentielles entre la pensée conceptuelle rationnelle et la pensée conceptuelle spéculative peuvent être posées d'emblée. La première (la pensée rationnelle) est faite de l'observation de trois conditions : a) une définition exacte des concepts qui représentent l'objet dans les opérations de l'esprit b) une correction rigoureuse dans l'énoncé du jugement et dans la conduite du raisonnement, c) l'administration de la preuve par l'expérimentation qui confronte la conclusion avec l'objet. La pensée spéculative ne satisfait à aucune de ces conditions. Elle se dispense d'abord de former des concepts justes par une analyse du réel et ne se soucie pas de la preuve. L'esprit délesté du réel, malgré qu'il prétende observer les règles formelles du jugement et du raisonnement, n'étreint jamais que lui-même. Le jugement et le raisonnement, au lieu de tenir de leur contenu la nécessité de leur mouvement, résultent de courts-circuits permanents qui s'instituent entre les instincts, les besoins, les états affectifs, les intérêts ou les désirs, et les actes qu'ils sollicitent. De là cette facilité de jeu de la pensée spéculative. De la aussi cette prétention du sujet à régler ses rapports avec l'objet sans se croire obligé de rendre compte de ses décisions et en se mettant à l'abri de toute exigence de justification et hors de portée de la pensée rationnelle.
Des deux adversaires qui s'affrontent, l’un, la pensée rationnelle, est bien connu ; mais l'autre, l'irrationnel, ne l’est pas.
Aurélien FABRE : l'école active expérimentale
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Aurélien FABRE : l'école active expérimentale
Pour qui veut situer les tendances et l’évolution de la pédagogie, comprendre les obstacles nombreux et permanents à l’émergence de la pédagogie active dont nous nous réclamons, ce livre constitue un document précieux.
Le lecteur y retrouvera un article paru dans la revue Enfance dans les années 50 dont le titre était : « l’expérimentation pédagogique : empirisme, expérience, expérimentation » lequel retrace toute l’évolution de la pensée pédagogique ( en ayant recours à une étude critique de l’évolution de l’école publique ).
La rénovation de l’enseignement passe avant tout par l’adoption d’une attitude expérimentale en pédagogie.
Extraits :
Si l’attitude expérimentale est difficile à prendre, c’est qu’elle trouve le terrain occupé par d’autres attitudes … issues de deux ordres d’activités naturelles à l’esprit humain.
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la première représente le jeu de l’intelligence pratique et s’exprime dans l’empirisme
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la seconde consiste dans le jeu de la pensée spéculative dont le produit, le réalisme conceptuel, exprime le penchant qu’a l’esprit de croire à la réalité de ses conceptions.
L’empirisme représente le jeu de l’intelligence pratique aux prises avec le réel pour définir l’action efficace.
L’empirisme est toujours menacé de tomber dans l’automatisme par défaut de vigilance, par retrait de l’esprit.
La position de l’individu est profondément modifiée par le fait social. Celui-ci pèse sur lui de deux manières: par la technique et par l’idéologie.