En grande profondeur et sans matériel de flottaison
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En grande profondeur et sans matériel de flottaison
( réponse à Adrien )
A propos de la construction du corps flottant Adrien nous écrit : « Des enseignants arrivent aux mêmes résultats avec une didactique basée sur la diminution progressive du matériel de flottaison au cours des séances. Aussi chaque enfant est bien différent. Si la méthode sans matériel est très bien pour certains, peut être que pour d'autres c'est celle avec matériel qui sera la plus efficace »
La construction du « Corps flottant » , capacité de laisser passivement l’eau agir sur son corps et de lui donner la forme qui convient en fonction de l’orientation souhaitée, ne sera obtenue que si l’élève intègre par son activité les propriétés du nouveau milieu, de ses actions dans ce milieu, de son corps dans ce nouveau milieu pour mieux se percevoir et mieux agir dans ce nouveau milieu. Equiper l’élève de flotteur c’est lui donner de fausses informations de son corps dans le milieu, aménager le milieu c’est lui donner de fausses informations sur le milieu.
L’immersion, la remontée passive sont des passages obligés pour construire le « Corps flottant », comment s’immerger avec des flotteurs ?
L’utilisation de matériel de flottaison produit « des nageurs de surface » ( Lire l’article sur le site : « Nageur de surface » ). Les résultats obtenus en grande profondeur et sans matériel de flottaison ne sont pas de même nature que ceux obtenus avec du matériel.
Adrien affirme aussi que chaque élève est différent. Pense-t-il que l’action combinée de la pesanteur et de la poussée d’Archimède sur le corps soit différente d’un élève à l’autre ? Non, et le processus qui permettra de passer d’un équilibre instable (sur terre) à un équilibre stable dans l’eau est le même pour tous les élèves.
Marc,
4/10/2020
NAGEURS DE SURFACE
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NAGEURS DE SURFACE
Le 11ième séminaire de DINARD qui vient de se terminer a regroupé des stagiaires français et étrangers venus plus nombreux, certains mieux armés, et les internes au terme de leur « scolarité », souhaitant s’inspirer d’une conception novatrice de formation de nageurs.
Tous se donnaient pour ambition d’identifier les problèmes posés par la pratique biquotidienne d’animation de séances en piscine afin de leur apporter des solutions fondées sur des connaissances scientifiques, mises en œuvre en respectant les principes des méthodes actives.
Les élèves se répartissaient en un éventail d’âges important. Des maternelles Moyenne Section et Grande Section au Cours Préparatoire, Cours Elémentaire 1, Cours Elémentaire 2, au Cours Moyen 1 et Cours Moyen 2.
Chaque élève entrait dans cette opportunité de formation à partir d’un vécu « terrien » et parfois « aquatique » spécifique, constituant ses préludes.
Certains parents, bien intentionnés, avaient déjà par anticipation, confié leur(s) enfant(s) à des MNS traditionnels. Leur initiation consistant à obtenir, à travers une mécanisation des mouvements simultanés des membres supérieurs et inférieurs, la réalisation d’un déplacement à la surface de l’eau, tête constamment émergée.
Intégrer ces enfants dans des groupes relativement homogènes présente des difficultés si l’on veut respecter un plan de construction, validé par l’expérience, selon lequel le « corps flottant » précède et conditionne l’abord du « corps projectile-propulseur ». Chez nos nageurs de surface, une certaine propulsion s’est construite en ignorant l’immersion et la rendant en outre redoutable. Entrer dans l’eau par un simple saut vertical de face et a fortiori de dos, pose à ces « barboteurs » un problème insoluble.
Si barboter signifie bien (Le Petit Robert) s’agiter remuer dans l’eau, nos nageurs de surface se révèlent incapables d’inhiber l’agitation de leurs membres dès qu’ils quittent les ancrages à la goulotte.
Parallèlement, dès les premières séances, les novices ayant commencé par développer des capacités d’immersion et d’apnée, se montrent progressivement capables d’aller toucher le fond et de remonter en laissant l’eau agir. Une motricité spontanée leur permet de s’éloigner provisoirement du bord et de le regagner sereinement. Les bascules du corps en avant et en arrière sans impulsion contribuent à leur donner une représentation plus précise de l’espace de leur corps dans l’espace d’action.
En choisissant la forme adaptée, ils deviennent capables de ne rien faire dans l’eau, tête sous les bras immergés dans le prolongement du tronc, jambes en extension et talons en surface, le temps de leur apnée. Sur le dos, oreilles immergées et bassin en surface, bouche grande ouverte pour assurer les échanges ventilatoires, ils flottent aussi longtemps qu’ils le souhaitent. En un mot, ils vivent les effets de l’action de l’eau sur leur corps et en prennent conscience.
Pour envisager un progrès des nageurs de surface, il devient indispensable de « disloquer le bloc fonctionnel » subordonné et conditionné par le maintien de la tête en surface.
Rester en grande profondeur devient pour eux, incompatible avec la mise en œuvre de tâches visant l’immersion complète de la tête. En conservant les pieds au sol on élimine l’idée d’un engloutissement possible et l’on aborde plus sereinement la crainte du remplissage.
Marcher, bouche grande ouverte avec la tête immergée développe le temps d’apnée et marque le prélude à l’expiration complète.
L’étape suivante consiste à leur apporter des solutions au retour à la verticale lorsque l’on s’allonge tête sous les bras immergés dans le prolongement du tronc, par le seul rapprochement des genoux jusqu’au contact des épaules.
En leur apportant ensuite des solutions équivalentes lorsque l’on flotte en orientation dorsale, il semble que l’on puisse alors, et alors seulement, les réintégrer aux autres groupes.
raymond
Equilibre stable et pédagogie du corps flottant
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Equilibre stable et pédagogie du corps flottant
Notre ami Marc relance cette question de Yoann qui date de 2011 et Raymond en profite pour nous donner une réponse fondatrice !
Bonjour ,
Bien que lecteur attentif du site je découvre ce texte qui date de 2011.
Après avoir développé sa vision de ce que l'on pourrait appeler "équilibre" dans la nage, Yoann nous demande : "êtes vous tous d'accord avec ces quelques notions ?"
L'absence d'échange autour de cette question qui me semble importante signifie t-il que tout le monde partage la vision de Yoann ?
Marc
Equilibre
Si l'on jette un corps inerte dans l'eau, en fonction de sa densité, il flottera ou s'enfoncera. Si un corps humain se confie à l'action de l'eau un résultat comparable sera observé. On le suppose en apnée.
Si non faut-il considérer le degré d'inspiration ou expiration comme "activité" ???
Dans la pratique je prétends qu'il est en équilibre stable pour fonder la pédagogie du corps flottant.
raymond
Suite au commentaire postée par Yoann: A l'inverse du terrien qui est constamment en train de lutter contre le déséquilibre, le nageur à la possibilité de jouir d'un équilibre stable. Cela est rendu possible par l'alignement des forces gravitationnelle et de poussée. Mais cela n'est vrais que dans une situation statique. Lors du déplacement le nageur se trouve à nouveau en situation de déséquilibre car il adopte une forme lui permettant de limiter ses résistances à l'avancement. Il lutte contre ce déséquilibre. Il y a différents niveaux d'organisation. Alors que certains essayent de faire remonter les hanches au moyen d'un battement de jambe important, d'autres préfères appuyer de l'autre coté de la balance et immergent la tête. Il y a une autre forme de déséquilibre dans les nages alternés. ils s'agit de celui occasionné par la mobilisation des épaules en vue d'une propulsion en profondeur. Le fait de passer en partie sur le coté dans la nage implique également de légers transferts de masses. Il convient d'apprendre à maîtriser cette autre forme de de déséquilibre. Un bon maintient postural peut s'avérer suffisant. Etes vous tous d'accord avec ces quelques notions? Yoann "Sommes nous tous d'accord?” - nous demande Yoann. Peut-on, sans plus, partager son point de vue ??? Faut-il creuser un peu plus la notion d'équilibre et distinguer ce qui concerne les corps solides des organismes vivants ? Les définitions impliquent l'entrée en jeu de forces dans leurs effets. On dit qu'il y a équilibre lorsque leur somme (algébrique) est nulle. En conséquence, le corps occupe une "position" stable et demeure dans le même état de repos ou de mouvement (par rapport à un référentiel). La station droite de l'homme debout ne correspond en rien à une immobilité comparable à celle d'un objet : soumis à la pesanteur, il est en "équilibre instable". Cela veut dire que de manière involontaire et inconsciente, il déploie une activité pour maintenir la verticale de son centre de gravité à l'intérieur du polygone de sustentation. C'est à ce propos que les termes d'informations plantaires à l'origine des stimulations que doit traiter en permanence le cervelet ont été employées. La préservation de l'équilibre terrien est donc activité et non passivité. Se mettre en marche, suppose de réaliser un déséquilibre dans un sens choisi avec une amplitude telle qu'il sera loisible de l'annuler par un retour rapide de l'un des membres inférieurs ayant quitté l'appui (posé). Il me semble que pour bien comprendre ce que l'on pourrait appeler "équilibre" dans la nage, il nous faut en faire une analyse comparable, sachant que ce sera, non plus sur un solide, mais dans un fluide. Merci à Yoann d'avoir lancé l'échange. raymond
PLAIDOYER POUR LE CORPS FLOTTANT
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PLAIDOYER POUR LE CORPS FLOTTANT
Dans notre conception de la construction du nageur, le « corps flottant » est considéré comme un passage obligé. En d’autres termes, ne pas l’avoir enseigné risque d’handicaper le niveau de performance possible pour l’élève.
En effet, le changement de substrat suppose une organisation posturale spécifique que l’apprenant doit s’approprier. Sur terre comme dans l’eau, nous sommes soumis à une force externe, dirigée de haut en bas, à laquelle nous ne pouvons échapper : « la pesanteur ». Pour stationner ou se déplacer dans son environnement solide, l’être humain, en réaction, s’est aligné selon la verticale mais orientée en sens contraire.
Son passage dans l’élément liquide va la soumettre à une nouvelle force, verticale également, générée par le fait qu’il s’immerge en occupant un volume homogène.
Chacune des forces se manifeste à partir d’un « point d’application ». Pour le corps humain, par nature hétérogène (fait de parties plus ou moins denses), le « centre de gravité » de la pesanteur se situera en un point différent du « milieu géométrique ». Tandis que pour la « Poussée d’Archimède » (P.A.), son point d’application se situera au « milieu géométrique » du volume immergé.
L’action combinée de ces deux forces, en s’exerçant en des points différents, ne se stabilisera que lorsque ces points seront alignés sur une même verticale. En fonction de la forme du corps adoptée ces points d’application se déplacent. Leur alignement déterminera une « direction » du corps dans l’eau.
De très nombreux entraineurs ou initiateurs proposent à leurs nageurs des exercices contreproductifs parce qu’ils ne tiennent pas compte des lois physiques auxquelles l’entrée en jeu de force est soumise. N’oublions pas la définition de la notion de « force » : ce qui accélère une masse. Au décollage d’une fusée qui atteindra des vitesses prodigieuses le passage de l’immobilité au mouvement se fait « lentement ». Tous les corps, en raison de leur masse possèdent une inertie qui fait qu’ils ne changent pas de forme, de direction, de vitesse.
Cette faible variation initiale de vitesse fait, par exemple, qu’un retour de bras lancé n’aura pratiquement pas le temps d’enfoncer le corps. Il n’est pour s’en convaincre que de passer des bras le long du corps aux bras dans le prolongement du tronc en « conduisant le mouvement » ou en « lançant » le bras relâché pour que, selon le cas le corps s’immerge ou non. Nous avions déjà signalé l’absurdité d’un exercice appelé « essuie glace » pour ces raisons.
Il est illusoire de vouloir volontairement modifier des coordinations, quelles qu’elles soient parce que c’est le cervelet (et non le cerveau) qui les met en jeu dans nos actions.
La didactique de la natation nous permet de comprendre le fonctionnement du nageur à travers la coordination des fonctions, toujours à l’œuvre. Ces fonctions sont assurées par les différents segments de notre corps en action. Celle de direction, celle d’alignement, celle de ventilation, et celle de propulsion soumises aux caractéristiques du substrat qui implique l’utilisation de forces en intensité croissante. L’activité des entraineurs et formateurs est trop rarement guidée par ces principes.
Nos lecteurs apprécieront de lire la surprise de Marc au cours d’un stage de formation d’entraineurs, car il y a des faits qui nous en apprennent plus qu’un long discours.
raymond
Deux exemples pour illustrer les propos de Raymond :
A l’occasion d’un stage des nageurs réalisent sous la conduite de l’entraîneur en formation un exercice trop connu, appelé « l’essuie glace », qui consiste en se déplaçant en battements avec une planche à bout de bras et de faire un grand arc de cercle au dessus de la surface de l’eau d’avant vers l’arrière puis d’arrière vers l’avant avec un bras puis l’autre.
Je m’approche et demande à cet entraîneur ce qu’il vise avec cet exercice, il me répond : « le but recherché est d’entraîner les nageurs à bien s’équilibrer pendant les retours de bras en crawl »
Second exemple, il y a quelques jours avec des entraîneurs nous nous trouvons en présence d’un nageur qui paraît « lutter contre un déséquilibre » en crawl et nous faisons l’hypothèse que ce nageur n’a pas construit le « corps flottant ». En quelques minutes nous lui permettons de passer d’un corps pesant au corps flottant, avec un grand sourire il nous dira « je flotte ».
Nous sommes presque surpris de constater qu’immédiatement après, ce nageur de déjà 16 ans nage le crawl de manière plus relâchée, il nage aussi avec une plus grande amplitude et nous constatons que le rythme de son battement a aussi changé.
marc
« Enfant et baignade - Vigilance » pour la prévention et la lutte contre les noyades
Jean Michel M. CTS, attire notre attention sur ce clip " Enfant et baignade - Vigilance " réalisé par la ligue Ile de France de natation.
Il y a un an aujourd'hui, Raymond Catteau nous a quitté.
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Il y a un an aujourd'hui, Raymond Catteau nous a quitté.
‟ Je parlais vivant à un peuple de morts.
Mort je refuse le laurier et réclame l'oubli. ”
Umberto Saba
( Traduit de l’italien par Philippe Renard et Bernard Simeone )
NATATION : ACCELERATION et COORDINATION
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NATATION : ACCELERATION et COORDINATION
Marc Begotti nous propose ce texte, qui s’appuie sur les travaux de Raymond, et qui se propose de mettre en garde les entraîneurs sur les conséquences pédagogiques qu’une certaine présentation des accélérations et des coordinations en natation pourrait entraîner.